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ALPHONSE ALLAIS |
Le Captain CapAux éditions 10/18Visitez leur site |
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Une lecture de |
Série Fins de Siècles. Collection 10/18 N°1692. Editions U.G.E. Parution mars 1985. 292 pages. ISBN : 978-2264006707 Voyage en Absurdie ! Connu pour ses traits d’humour et ses poèmes en vers holorimes, Alphonse Allais est un, pour ne pas dire le, maître des écrits loufoques, acerbes, humoristiques mais dont la verve est empreinte d’un sérieux proche de l’humour anglais. Un véritable pince-sans-rire dont le fils naturel littéraire pourrait se nommer Pierre Dac. Après une préface érudite, mais fallait-il en douter, d’Hubert Juin, à la lecture de laquelle quelques pendules sont remises à l’heure, par exemple la paternité de cette boutade : Les villes devraient être bâties à la campagne, l’air y est plus pur, qui souvent est attribuée à Alphonse Allais mais est due à Henri Monnier, nous entrons dans l’univers de ce fameux Captain Cap, qui se prétend aventurier des mers et du Far-West, ayant connu de multiples aventures à l’étranger, et se présente aux élections législatives dans le neuvième arrondissement de Paris et plus précisément dans la deuxième circonscription. Le Captain Cap devant le suffrage universel constitue la première partie de ce volume, avec d’abord un mot de présentation, la profession de foi du Captain Cap, son programme et autres informations. Captain Cap affirme vouloir combattre la bureaucratie et être anti-européen. Et s’il part vers les Amériques, à l’âge de dix-huit ans, c’est parce qu’il est las de combattre en vain l’indécrottable esprit bureaucratique européen. Et il en fera son cheval de bataille, cheval de bataille qui aujourd’hui est entonné par bon nombre d’hommes politiques de tout bord, lesquels expriment leur vindicte envers les ronds-de-cuir, c’est-à-dire les fonctionnaires, soit la bureaucratie siégeant à Bruxelles et dont les décisions sont parfois contraires au bon sens. Mais ceci est une autre histoire et nous nous égarons du sujet qui est le Captain Cap. La deuxième partie est consacrée aux aventures et aux essais scientifiques, aux aspirations et aux inventions de cet homme créatif et probablement mégalomane, mythomane, mais si sympathique et cynique à la fois, et à ses observations de la nature. Ces historiettes, près d’une cinquantaine, sont narrées par Alphonse Allais lui-même, car les deux hommes sont proches, et lors de leurs rencontres, inopinées ou non, Captain Cap dévoile une des nombreuses péripéties qui ont jalonné sa vie aventureuse et le fruit de ses observations. La plupart du temps, ces épisodes sont relatés dans un café, en dégustant un ou plusieurs cocktails dont la composition est à chaque fois retranscrite en bas de page puis ces recettes sont rassemblées en fin de volume.
Quelques exemples de titres de chapitres devraient suffire pour cerner le personnage et son caractère souvent affabulateur. Chapitre Un : Apparente solidarité du boa et de la girafe au cours d’une laryngite chez ce quadrupède à qui la nature se plut à monter le cou. Afin de soigner la laryngite d’une girafe, un boa s’enroule au tour du cou de l’animal au cou si long. Ce qui lui permet ainsi d’être en hauteur, lui qui rampe, et ne peut voir à l’horizon ce qu’il se passe. Naturellement, il s’agit d’une amusante moquerie envers les femmes qui s’affublent de ce cache-col surnommé boa. Chapitre Deux : Où l’on apprend comment le Captain Cap acquitte ses dettes d’amour. Par dettes d’amour, il faut entendre la rémunération, ou non-rémunération dans ce cas, d’une respectueuse lorsqu’elle s’est acquitté de sa tâche. Chapitre neuf : Résumé trop succinct, hélas, d’une conférence du Captain Cap sur un projet de nouvelle division pour la France. Il est étonnant qu’une région bien déterminée de la France soit appelée le Midi alors que les autres terroirs ne reflètent pas leur position géographique en fonction du découpage horaire du Sud au Nord. Le narrateur de ces aimables chroniques n’est autre qu’Alphonse Allais qui se met en scène et parfois devient la cible du Captain Cap comme il est décrit dans le chapitre Vingt-deux : Dans lequel le Captain Cap se paye – et dans les grandes largeurs, encore ! – la tête de l’estimable M. Alphonse Allais.
Les fadaises du Captain Cap s’expriment dans tous les domaines avec un sérieux qui rend irréfutable toutes les assertions émises, même si elles n’entrent pas dans le domaine du bons sens. De L’illogisme porté au pinacle de la mauvaise foi édictée avec cette assurance qu’ont, dans leurs déclarations et leurs promesses, les hommes politiques, sans vouloir leur faire de tort. Et elles se lisent comme ces petites bandes-dessinées qui se déclinent en quatre ou cinq vignettes. Tout est dit en quelques pages, quatre ou cinq en général, ce qui ne permet aucun délayage et leur garde leur force d’imprégnation humoristique. A lire et à relire lorsque la morosité décide de vous demander en concubinage.
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