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MARIE-CAROLINE AUBERT |
Le Polar Pour Les NulsAux éditions FIRST ÉDITIONSVisitez leur site |
555Lectures depuisLe dimanche 7 Octobre 2018
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Une lecture de |
Un livre de Marie-Caroline Aubert et Natalie Beunat.
Au Commencement, Caïn tua Abel… Non, il n’est pas nécessaire de remonter si loin pour raconter l’histoire du crime, ni celle du polar – qui débute réellement au 19e siècle. Après le “Dictionnaire des Littératures Policières” de Claude Mesplède, voici un nouvel ouvrage de référence sur cet univers et sa vaste diversité. Traductrices et éditrices, Marie-Caroline Aubert et Natalie Beunat maîtrisent parfaitement leur sujet. Sans doute les lecteurs choisissent-ils des romans policiers pour leur mystère ou la promesse de péripéties, pour leur ambiance anxiogène ou leur climat réaliste, pour se divertir ou pour bien d’autres raisons. Chacun trouve son bonheur dans les multiples déclinaisons de ce genre littéraire. Sherlock Holmes, Arsène Lupin, Jules Maigret, Hercule Poirot et miss Marple, James Bond, Perry Mason, San-Antonio, etc. : le lecteur a l’embarras du choix, optant pour son ou ses héros préférés. Romans noirs ou d’énigme, polar rural ou urbain, thématiques historiques ou contemporaines – en phase avec l’actualité, scénarios humoristiques ou d’une noirceur absolue… la Littérature policière, c’est toute une histoire, depuis ses précurseurs jusqu’à nos jours. Les romanciers talentueux se comptent par dizaines, peut-être par centaines. Ni eux, ni leurs personnages ne doivent sombrer dans un oubli injuste. Marie-Caroline Aubert et Natalie Beunat ont raison d’inclure dans le "domaine policier" des auteurs tels Stephen King ou John Le Carré, car les romans d’horreur et d’espionnage (de géopolitique, aujourd’hui) appartiennent à la même famille littéraire. Elles explorent aussi, outre les Américains, Anglais et Français, les plus marquantes œuvres à travers le monde. Incontournable polar nordique depuis “Millenium”, Henning Mankell et quelques autres. Mais des Italiens, des Espagnols, des Israéliens, des auteurs de nombreuses nationalités méritent d’être mieux connus des lecteurs. Généralement, derrière la fiction, ils témoignent des réalités de leurs pays. Intrigue policière et sociologie vont souvent de pair. Si l’on est fasciné par le Mal, les pulsions meurtrières, les perversions ou les motivations des serial-killers, la psychologie masquée des protagonistes, le thriller (quand il est bien écrit) répond aux attentes des lecteurs. On frissonne et on s’interroge, ou on se contente de suivre la narration tant on est captivés. C’est un genre protéiforme à lui tout seul… Le grand Ed McBain fut le premier à nous faire partager l’ambiance des commissariats de police, à travers le travail des inspecteurs du 87e District d’Isola – série de romans maintes fois copiée par la production télévisée. Depuis quelques années, les véritables policiers se sont mis à écrire des polars, collant à leur expérience. Avec de bons résultats, parfois. S’ils sont percutants dans bien des cas, cherchant à ressembler aux séries-télé actuelles, il faut admettre que tous ne sont pas convaincants. Ce serait vrai également de certains "polars historiques" privilégiant trop la précision descriptive sur l’époque évoquée, au détriment d’intrigues faibles, limite insipides. Au-delà des best-sellers (on ne niera pas la qualité de quelques-uns d’entre eux), la Littérature policière est riche. Probablement parce qu’aucun sujet n’est tabou pour ses auteurs. L’homosexualité, le racisme, l’aspect socio-politique, l’ombre des mafias et celle des lobbies, tout est traité dans le polar – miroir des années où il a été écrit. D’Horace Mac Coy évoquant les victimes de la crise économique des années 1930 à Nicolas Mathieu dessinant le portrait de populations d’aujourd’hui oubliées après les fermetures dans l’industrie, le contexte importe autant que le côté criminel ou délictueux. Un temps, certains ont prétendu que le roman d’enquête, exercice intellectuel où il s’agit de trouver des preuves contre le coupable, c’était terminé. Bien au contraire, quantité de lecteurs apprécient encore et toujours cette version du polar. D’ailleurs, souvenons-nous que Raymond Chandler – un des plus grands noms du roman noir, créateur de Philip Marlowe – aimait les fictions d’investigation, qu’elles aient pour héros des détectives privés, des policiers ou des personnages ordinaires. Si la violence et la fatalité sont des éléments très présents dans la Littérature policière, la résolution d’affaires meurtrières ne manque pas de charme non plus. Et puis, Agatha Christie reste une des meilleures ventes de romans policiers dans le monde entier, pas de hasard. On pourra regretter que soient peu évoquées ici les collections françaises populaires de la seconde moitié du 20e siècle, comme le Fleuve Noir Spécial-Police et ses auteurs. Marie-Caroline Aubert et Natalie Beunat ne commettent pas l’erreur de se vouloir "pédagogiques". C’est sur une tonalité souple, souvent enjouée, qu’elles nous invitent à explorer cet univers du polar. Conscientes que c’est prioritairement le plaisir qui guide chaque lecteur, elles nous suggèrent d’aller plus loin dans la découverte – y compris en s’adressant aux bouquinistes, en se renseignant sur les blogs et les sites. Sans oublier, classés par dix, les romans incontournables, les collections majeures, les meilleurs films policiers ou d’espionnage, les séries-télé d’hier et d’aujourd’hui, etc. Un ouvrage à se procurer sans délai, pour (presque) tout savoir sur la galaxie polardeuse. |