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DOMINIQUE ARLY |
Le Manuscrit MauditAux éditions FLEUVE NOIRVisitez leur site |
907Lectures depuisLe mercredi 18 Juillet 2018
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Une lecture de |
Bornéry est une sous-préfecture rurale, non loin de la rivière la Sorgue. Vincent Géraud y est provisoirement le rédacteur en chef d’un petit hebdo local. Parmi les contributeurs, on trouve un vieil auteur de romans-feuilletons, M.Delille. Sa spécialité, ce sont des histoires mortifères appartenant au genre Fantastique, le surnaturel avec des fantômes, des revenants, des jeteurs de sorts, des cas de maisons hantées ou de communication avec l’au-delà. Il prétend se baser sur d’anciens faits réels. Vincent est plutôt sceptique sur ce type de romans, mais ça plaît à un certain lectorat. Pas de raison de censurer la publication : le nouveau titre de M.Delille, “Le manoir de la mort”, sera donc publié par épisode dans son journal. Par ailleurs, Vincent fait la connaissance d’une touriste excitante, alors qu’elle se baigne nue, Marina. Avec son copain Jean-Jacques, elle fait du camping sauvage dans la région. Ces deux-là sont fauchés, des marginaux de la mouvance hippie de l’époque. Jean-Jacques est sujet à des hallucinations. La nuit, il délire, imaginant spectres et fantômes. Il croit rencontrer une sorcière nommée Clarisse. Or, c’est justement le prénom de celle qui hante la demeure du “Manoir de la mort” et persécute ses habitants. Pourtant, Jean-Jacques n’est pas censé connaître cette histoire en cours de publication… Vincent fait la connaissance d’Agnès, la petite-fille de M.Delille, jolie jeune fille aussi attirante que d’un comportement déconcertant. Tandis que Jean-Jacques a de nouveau rencontré la sorcière Clarisse, Marina tombe malade. Vincent la fait hospitaliser à la clinique locale. Elle est victime d’une sorte d’empoisonnement. Jean-Jacques ne va pas mieux dans sa tête. Grâce à Agnès, Vincent a lu l’intégralité du “Manoir de la mort”. Il reste trop cartésien pour penser que la sorcière Clarisse, si néfaste et destructrice dans le roman-feuilleton, serait de retour à Bornéry. Bien sûr, il y a les vieilles légendes maléfiques de la région. Certes, c’est troublant même pour un esprit lucide comme celui de Vincent. Mais il existe certainement une autre cause expliquant le parallèle entre la fiction (“Le manoir de la mort”) et les faits se déroulant actuellement à Bornéry… (Extrait) “Un rideau d’aulnes, après le virage. Je stoppe à proximité de la rive. Triste spectacle : de l’eau noirâtre qui charrie de l’écume glauque, des dépôts d’une mousse grumeleuse s’accrochent aux cailloux, aux herbes du bord. Je prends quelques photos, me remets au volant, roule vers l’amont. Quelques clichés encore. Je découvre plus haut les bâtiments riverains de la porcherie et de la laverie, responsables de la pollution. Je ne les photographie pas : si je les dénonçais publiquement, il est probable que La Gazette aurait des ennuis. Et moi aussi. Déplorer le pitoyable état de la Sorgue, ce sera déjà beaucoup.” Rappelons que la collection Angoisse fut publiée chez Fleuve Noir de 1954 à 1974. Paru en 1973, “Le manuscrit maudit” est (sauf erreur) le 18e titre que Dominique Arly (1915-2009) écrivit pour ladite collection. Cet auteur fut plus productif pour la collection Spécial-Police du Fleuve Noir, avec quarante-sept titres à son actif de 1966 à 1980. La tonalité des récits est claire, factuelle, chaque histoire étant teintée d’un érotisme léger. “Le manuscrit maudit” n’est pas destiné à effrayer, a exagérément stresser les lecteurs. Au contraire, le narrateur (Vincent, le rédacteur en chef) conserve une certaine réserve sur l’apparition de la sorcière Clarisse : Jean-Jacques n’est pas un témoin parfaitement fiable. Un roman solide, d’une lecture très agréable, plus polar que surnaturel, par un des piliers du Fleuve Noir de cette époque.
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