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ALEXIS AUBENQUE |
Aurore De SangAux éditions ROBERT LAFFONT |
1387Lectures depuisLe jeudi 24 Fevrier 2017
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Une lecture de |
Collection La Bête noire. Parution le 17 novembre 2016. 368 pages. 20,00€. Le jour se lève sur ma peine alors, le monde entier fait l'amour... ou la mort, c'est selon ! Dans quelques jours, Nimrod Russell pourra retirer sa plaque de détective privé et réintégrer le corps de police de White Forest. Une semaine à attendre et il fera à nouveau faire équipe avec Tracy Bradshaw. Ils s'entendaient bien ensemble, résolvant les affaires qui leur étaient confiées avec sérieux et compétence. Une complicité réduite uniquement à de l'amitié, c'est déjà beaucoup, pour ne pas dire le principal. Pendant ce temps Tracy confie à son amie Holly, qui cumule les fonctions de restauratrice et de maîtresse de Nimrod, qu'elle ne veut pas changer de coéquipier. Pourtant la place reviendrait tout naturellement à Nimrod, mais Scott, avec qui elle travaille depuis trois ans, même s'il n'est pas aussi futé que son prédécesseur, n'a pas démérité. Et ce serait lui faire injure que de l'écarter au profit d'un revenant. En parlant de revenant, justement l'ex-épouse de Nimrod débarque chez lui sans prévenir. Elle a besoin de lui. Si Nimrod et elle ont rompu, c'est parce qu'elle avait batifolé avec Paul Gibson et il n'avait pas apprécié ce coup de canif dans les draps. Depuis Judith s'est mariée avec le fameux Paul, ils ont eu un gamin, Adam, et puis ils ont divorcé. La logique des choses en quelque sorte. Sauf que Judith et Paul ont la garde partagée du petit Adam, et que Paul refuse de le restituer à sa mère et qu'il a disparu avec le gamin. Après un premier contact houleux, Nimrod accepte d'aider la jeune femme dans ses recherches. Afin de s'imprégner de l'atmosphère de cette recherche et de mieux cerner le profil des différents protagonistes, Paul et Adam, car il connait déjà le caractère versatile, bipolaire, naïf, impétueux de Judith, il se plonge dans la série de photos que la mère possède dans son ordinateur. Et l'une d'elle, que Judith rechigne à montrer, accapare son attention. Elle représente Judith et Paul vêtus comme des affiliés à une secte. Elle avoue avoir été membre de La Vérité Première, dont il n'a jamais entendu parler, mais s'en être détachée, tandis que Paul, qui l'avait entraînée, en fait toujours partie. Cette information ouvre des horizons à Nimrod dont il ne soupçonne pas les ravages auxquels il va être confronté.
Pendant ce temps Tracy est occupée avec Scott sur une scène de crime. Le corps d'un homme a été retrouvé dans les bois, à moitié déchiqueté par des bêtes. Le visage est méconnaissable et rien, pour le moment peut indiquer son identité. Après avoir effectué quelques prélèvements sur place et les avoir méticuleusement rangés dans des sachets plastiques, ils rentrent au commissariat. A environ un kilomètre de là vit dans une maison de maître un philanthrope. Il paraît que cela existe encore. Au dehors une manifestation d'écologistes se déroule avec en tête Sam Dafoe, le leader activiste quinquagénaire qui vitupère contre l'arrivée massive de touristes, arrivée favorisée par les compagnies maritimes, qui dégradent l'écosystème de cette région. En effet, nous sommes le 25 août, et dans deux jours, les aurores boréales seront impressionnantes. C'est dans cette ambiance de liesse et d'affrontements que Tracy et son coéquipier Scott d'une part, Nimrod d'autre part toujours accompagné de Judith qui loge chez lui, il n'a pu faire autrement, enquêtent chacun de leur côté. Jusqu'au moment où justement ces deux affaires se trouvent en interconnexion, et que Tracy, qui en premier lieu pense que Nimrod marche sur ses brisées, et l'ancien détective, réintégré plus tôt que prévu, vont être amenés à essayer de boucler les deux affaires conjointement. Ce n'est pas à un épilogue auquel le lecteur est confronté mais à des scènes que l'on pourrait qualifier de choc.
Alexis Aubenque est-il un manipulateur de lecteur ou, comme bon nombre de romanciers l'affirment, se laisse-t-il déborder par ses personnages, telle est la question qui se pose après avoir lu ce roman qui ouvre de nouvelles perspectives et offre une machination complexe. En joueur d'échecs, mais l'est-il ? Alexis Aubenque dispose sur l'échiquier de son récit les différents pions qui vont influer sur l'histoire. Il multiplie les combinaisons pour mieux contrer son adversaire, le lecteur en l'occurrence, et l'emmener dans des chemins qui paraissent balisés mais recèlent des pièges. Si l'intrigue est complexe à souhait, ce sont surtout les pions, enfin les personnages qui forgent la solidité de l'histoire. Et l'imbrication entre les proches de Tracy et Nimrod ressemble à une toile de Pénélope (celle d'Ulysse, pas l'autre) construite patiemment, avec solidité, et pourtant recélant quelques accrocs. Que ce soit pour Tracy ou Nimrod, la vie n'est pas toujours facile. Pourtant Tracy vit en famille avec un mari prévenant, Vernon, et un fils qui se rend chez la psychiatre de temps en temps. Nimrod est resté célibataire après le désastre de son couple, mais il est heureux en compagnie de Holly la restauratrice. Ils ne vivent pas en couple mais aiment se retrouver. Sauf quand des impondérables viennent perturber cette belle entente, comme l'inconstante Judith dont le jeu est particulièrement dangereux. Mais Nimrod possède son chemin de croix en la personne de son père Seth, violent et alcoolique, responsable d'une enfance douloureuse qu'il a tenu à gommer. D'autres protagonistes interfèrent dans ce récit, souvent néfastes et donc ne comptez pas sur moi pour dévoiler leurs noms, cela risquerait de déflorer l'histoire. Mais un mot quand même pour dire qu'Abigail, la mère de Nimrod, se permet de se glisser de temps à autre entre les chapitres. Et c'est ainsi qu'on découvre peu à peu cette enfance dont Nimrod aimerait pouvoir se débarrasser à tout jamais, et de son père par la même occasion.
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