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ROLAND AGRET |
Le SchbebAux éditions FLEUVE NOIRVisitez leur site |
939Lectures depuisLe jeudi 23 Septembre 2016
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Une lecture de |
Le quinquagénaire Joseph Pacone s’est imposé comme une figure du Milieu marseillais. Ce caïd s’est désormais installé à Paris, sous couvert d’une société d’import-export. Rackets, proxénétisme et trafics divers restent les bases de son activité. Il a besoin d’un pigeon afin de sortir un de ses proches de la prison des Baumettes, qui est accusé de meurtre. C’est à la prison de Muret qu’un complice incarcéré trouve le parfait naïf. Âgé de vingt-trois ans, Bruno Laval est un simplet qui s’est pris pour un truand. Très timide avec les femmes, il espérait passer pour un vrai dur en braquant une banque. Il s’est fait alpaguer sitôt après le hold-up, écopant de huit années derrière les barreaux. En prison, l’adjoint de Joseph Pacone ne tarde pas à l’amadouer. Carlo Topéda lui procure une "fiancée", Carole Durand. Âgée de vingt-et-un ans, cette séduisante prostituée appartient au réseau de Pacone. En échange, on demande à Bruno Laval d’endosser le meurtre commis par le cousin de Joseph Pacone. On lui promet que sa peine sera incluse dans son actuelle condamnation. Il s’acquitte de son rôle mais, malgré l’avocat fourni par Pacone, sa réclusion passe de huit à quinze ans. On va lui arranger le coup, pense-t-il. C’est exact, le caïd a prévu la suite, pas celle que le pauvre Bruno espérait. On va le retrouver pendu dans sa cellule, ses codétenus étant au service de Joseph Pacone. Un cas classé ? Pas pour Carole Durand qui, malgré le fric reçu, n’aime pas du tout la tournure de l’affaire. Christian Laval, frère aîné de Bruno, âgé de vingt-six ans, a pris contact avec la jeune femme. Selon Carole, s’il est puissant, le caïd Pacone est quand même vulnérable : il est donc possible de se venger. À Carry-le-Rouet, près de Marseille, ils prennent contact avec Jo-le-Libanais, patron de boîte de nuit. Celui-ci représente le Comité des grands mafieux de la région, qui ne seraient pas mécontent que Pacone perde de l’influence. Jo engage un de ses amis, Gaultier de Brissac, un aristocrate aventurier. Gaultier, Christian, Carole, rejoints par Anne, la sœur instit de Carole, s’installent dans une maison des environs de Paris pour lancer l’opération. Ils commencent par enlever et séquestrer un comparse du caïd, avant de piéger Pacone en l’attirant chez son avocat Maître Nabel, qui défendit si mal Bruno Laval. Nul doute que la réputation de Pacone prenne un sale coup, déclenchant la colère de l’intéressé. Quand ses fils et son cousin rappliquent à Paris, la suite vire au carnage. Toutefois, il arrive que des policiers soient assez inspirés pour coincer les malfaiteurs. Tous ceux qui prirent part au décès de Bruno Laval risquent fort de rencontrer une mort prématurée… (Extrait) “L’autre, recroquevillé, cherchait à reprendre son souffle dans des contorsions grotesques. Sans un mot, ils se retirèrent. La lourde grille se referma dans un grincement sinistre, peut-être plus encore que dans une prison. Carlo Topéda reprenait lentement ses esprits. Cette histoire touchait donc Bruno Laval, et alors, il avait exécuté les désirs de Joseph Pacone ! Qui pouvait ainsi s’attaquer à lui ? Le frère était un cave, alors qui était venu se placer derrière lui ? Une bande rivale qui saisissait l’occasion de faire un travail ? Et cette salope de Carole, qu’est-ce qu’elle foutait avec eux ? Elle avait balancé, pardi. La connasse ! Elle morflerait, elle ! Abidjan vite fait, sans billet de retour !” Hommage à Roland Agret, né le 2 août 1942, décédé le 18 septembre 2016. Victime d’une erreur judiciaire, il créa Action justice, une association visant à aider les personnes condamnées et clamant leur innocence. Roland Agret et Action Justice pesèrent sur des verdict contestés, obtenant quatre grâces présidentielles, une révision de procès aboutie, deux annulations de peines, et dix-huit acquittements. Roland Agret fut scénariste pour des fictions télévisées, et il intervenait ponctuellement dans les médias. En 1985, son roman “Pendaresse, ou sur un air d'opéra…” fut publié dans la coll.Engrenage (n°119) du Fleuve Noir. L’année suivante, “Le schbeb” parut dans la coll.Spécial Police (n°2010) du même éditeur. Le sens de ce titre, un mot issu de l’argot des prisons, nous est expliqué à la page 65 du livre. L’intrigue mise en place par Roland Agret s’appuie sur l’image du Milieu traditionnel. C’est du polar qui bouge, la narration directe ne se perd donc pas en fioritures inutiles. De longs portraits ou des détails sur les décors ne seraient pas indispensables : on situe aisément les uns comme les autres. Et on sait qu’une hécatombe se prépare dans l’entourage du caïd responsable de la situation. La tonalité est vive, percutante, destinée à parfois faire sourire les lecteurs, aussi. Car il s’agit bien de comédie policière. Un roman très agréable. |