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AMY JO ALBANY

Low Down


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Le mercredi 16 Septembre 2015

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Amy jo ALBANY




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

S'il fut un virtuose, le pianiste de jazz Joe Albany a sûrement disparu depuis longtemps de la mémoire des amateurs de cette musique. Car s'il était accro au clavier d'un piano, Joe Albany le fut encore bien davantage à toutes sortes de stupéfiants. Né en 1924 dans une famille d'émigrés italiens installés sur la côte Est des États-Unis, il est mort en 1988 après avoir réussi à enregistrer quelques disques en Europe dans les années 1970. Il joua avec quelques grands noms du jazz, dont le mythique Charlie Parker. Pour l'essentiel, il dut se contenter de prestations assez peu prestigieuses dans des clubs ou des bars. Sinon, il ne fut que l'accompagnateur occasionnel de stars comme Charlie Mingus, pas un très bon souvenir pour lui. Même s'il chercha tant soit peu à décrocher, la spirale infernale de la drogue le minait toujours plus.

De l'héroïne aux amphètes, ce ne sont ni les séjours en cure de désintoxication, ni les programmes méthadone de substitution aux drogues dures qui l'aidèrent vraiment. L'ambiance dans laquelle il vivait ne risquait pas de le sauver, non plus. À Los Angeles, le minable St Francis Hotel sur Hollywood Boulevard où il habita, ainsi que les autres lieux qu'il fréquenta, n'étaient que des repaires de losers, de personnages infréquentables aussi chtarbés que lui à cause des stupéfiants. Quant aux femmes (et autres travelos) qui furent les compagnes de Joe Albany, c'étaient de junkies hurlantes et violentes, à virer à la première occasion : “Les femmes nous compliquaient toujours la vie, mais elles ne faisaient jamais long feu” écrit sa fille Amy Jo.

Celle qui resta le plus longtemps fidèle à Joe Albany, qui décela le vrai talent de l'artiste derrière sa terrible addiction, ce fut effectivement Amy Jo. Née en 1962 de la brève et relative union de Joe Albany avec une certaine Sheila, la gamine ne peut raconter aucun souvenir positif concernant sa mère fantôme. Irresponsable, shootée la plupart du temps, hospitalisée après des crises, Sheila se prit un temps pour l'égérie d’Allen Ginsberg, pape de la "beat generation". Elle fut seulement son ultime maîtresse, avant qu'il s'intéresse plutôt comme elle aux beaux mâles. Amy Jo bannit littéralement de sa vie cette mère dont elle n'avait nul besoin. Maladive, asthmatique, la fillette s'éleva toute seule auprès de ce père pianiste qu'elle vénérait. Joe adorait sa gamine, lui faisant entre autres rencontrer l'immense Louis Armstrong, se montrant aussi paternel que le permettait son état.

Ce n'est pas l'école qui aurait pu mettre Amy Jo dans le droit chemin. Un autre élève se moquait d'elle ? “Un jeudi je filai une raclée au déplaisant garçon. Je lui fit saigner le nez et lui fendis la lèvre. Quand on parvint à m'arracher à lui, je traitai la maîtresse, Mrs Stern, de hideuse vieille connasse et, à l'âge tendre de huit ans, je fus expulsée de l'école primaire Grant.” Amy Jo n'adhéra pas davantage aux religions. Un jour de messe, un prêtre s'exclame à son sujet : “Satan s'empare de la fille” et je songeai : Mon pote, si Satan devait se pointer maintenant, je serais heureuse de sauter dans ses bras brûlants pour échapper à ce cirque de piété.”

La vie d'Amy Jo ressemble plutôt à la magnifique chanson de Peggy Lee “Is that all there is ?” qu'au parcours rectiligne d'une enfant de son âge. En grande partie élevée chez sa grand-mère, également un sacré personnage en son genre, elle reste marquée par toutes les expériences vécues auprès de Joe Albany. Consciente de n'avoir que les atouts qu'elle a réussi à se forger, mais pas assez de talent artistique, Amy Jo se dirige fatalement vers une adolescence perturbée, et même suicidaire. Le dérapage vers les mêmes univers que connut son père, alors parti en Europe où il était plus apprécié, la guette mais elle saura en grande partie éviter le désastre personnel.

 C'est une suite de courtes scènes que raconte avec émotion et humour Amy Jo dans ce livre. Elle ne cache ni sa légitime rancœur envers sa mère, ni tous ces excès qui firent le quotidien des décennies 1960-70 pour son père et ses proches. On imagine cette enfant au milieu de ces marginaux, pas forcément antipathiques mais quand même glauques. Bon nombre disparurent un jour définitivement, d'ailleurs. "Petite princesse" évoluant dans un monde insolite, pas absolument insupportable, c'est la manière dont elle se voyait. Avec plus de "bas" que de "hauts", et une certaine noirceur, il faut l'avouer. Amy Jo Albany a adapté au cinéma “Low Down”, film avec John Hawkes et Elle Fanning dans les rôles principaux, qu'il serait bienvenu de diffuser en France. En attendant, ce livre apparaît comme un témoignage fort sur toute une époque. Excellent !

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