Charlotte Amstrong est une très grande dame du roman d'intrigue ; le vrai, celui où l’on ne passe pas son temps à prendre le the dans un manoir anglais autour d’une table en bois massif, en discutant de théories criminelles. C’est, peut-être, ce qui explique qu’un roman de Charlotte Amstrong se déguste : Pendant sa lecture, car on est totalement pris au piège. Après l’avoir refermé, car on espère que vite, vite, une maison d'édition charitable rééditera une autre de ces petites merveilles.
Un personnage étrange que Luther Grandison qui exerce une excessive influence sur son entourage. Mais justement autour de lui, le taux de mortalité est nettement plus élevé qu'ailleurs. Et ces morts semblent lui profiter un peu trop directement. Heureusement que Francis, qui dans l'affaire a déjà perdu sa fiancée, se moque de la respectabilité et de la célébrité du personnage… Alors, avec Francis, on soupçonne de tout cœur le vieillard ambigu. Charlotte Amstrong sait dès les premières pages désigner un coupable possible, des mobiles puissants et organiser une progression telle de l’action que le lecteur est totalement captivé. Elle dit tout, ne perd pas son temps à semer des indices ou à entrainer le lecteur dans de fausses pistes. C'est tout simplement troublant, inquiétant et énigmatique, en un mot : fascinant.
Mai 1985
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