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GERARD ALLE |
Il Faut Buter Les PatatesAux éditions LOCUS SOLUSVisitez leur site |
1640Lectures depuisLe samedi 14 Juin 2014
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Une lecture de |
Raymond Cloarec règne sur l’agroalimentaire dans l’Ouest : maire depuis trente ans, président de la Coopé, ami des notables influents, le mariage de son fils Tristan avec Karine Bourgeois lui permet de s’allier avec Gérard Bourgeois – le roi du poulet... Michel Le Provost, agriculteur de 32 ans, n’accepte pas les règles de la productiviste Coopé. Ceux-ci l’empêchent d’avoir la ferme d’Yves, vieux paysan voisin, qu’ils veulent attribuer au jeune Hervé. Ce dernier a finalement compris que le système dans lequel on veut l’inclure n’est pas aussi sain qu’il le croyait. Il s’associe à la rébellion de Michel, d’Yves, et de leur ami idéaliste Joël. Les choses se gâtent quand Hervé disparaît – emmené par des gros bras de la Coopé. Michel et Joël se cachent dans une communauté “babacoule”. Dans un délire, ils décident de créer le F.L.P. – Front de Libération du Ploukistan. Ronan (journaliste local) et Claire (en rupture avec la famille Cloarec) seront avec eux dès leur première action d’éclat : ils s’attaquent à un gros producteur porcin qui transgresse largement les règlements. Un ami de Cloarec, évidemment. Il faut s’attendre à une réaction de la Coopé. Pour encore mieux tout contrôler, Cloarec et Bourgeois inventent une crise agricole d’une énorme ampleur. Ce qui met en faillite les paysans modestes ou réticents, et fait perdre leur emploi aux ouvriers de l’agroalimentaire. Ils accusent Michel et Joël d’être responsable de la crise, parlent de complot. Le duo va faire les frais de cette manipulation. Mais sonnera l'heure de la revanche pour les “Paysans et fiers de l’être”... Publié en 2001 chez Baleine, ce roman est réédité début juin 2014 aux éditions Locus Solus, de même qu'un autre ancien titre de l'auteur, “Un air à faire pleurer la mariée”. Basé sur des réalités politico-économiques qui n'ont guère évolué depuis la première édition, sinon en pire, ce “polar fermier” reste d'actualité. La crise économique et la surproduction agricole n'ont, depuis, pas amélioré le sort des paysans, ni des salariés de l'agroalimentaire. La facette sombre décrite ici par Gérard Alle existe sans nul doute encore, avec ses magouilles, ses misères et ses combats. La sincère rébellion du Front de Libération du Ploukistan n'est pas vraiment celle de mouvements actuels. Gérard Alle n’oublie pas l’humour, la bonne caricature. Un roman mi-noir, mi-sourire, jamais décevant, dont la scène finale est réjouissante. Ce suspense entraînant est un régal.
(Première édition collection Ultimes N°3, éditions Baleine. 2001). Réédition éditions Locus Solus. Parution 20 mai 2014. 224 pages. 9,50€. Existe en version E. book à 3,99€. Un titre à double sens ! Dans ce coin de Bretagne voué à la culture mais surtout à l’élevage des porcs et des poules, Michel se bat pour garder le lopin de terre que cultivaient ses parents. Mais face au maire, Raymond Cloarec, propriétaire de la plus grosse ferme de la région, possédant le plus gros élevage de porcs du canton, directeur de la Coopé, le plus gros employeur du secteur, et ses amis, éleveur de volaille, député ou dirigeant de la Fédé, le Syndicat officiel des agriculteurs, ce n’est qu’un fétu de paille qui ne demande qu’à s’embraser. On ne va quand même pas lui confisquer impunément ses quelques lopins de terre pour engraisser le neveu du maire, surtout si des gros bras le tabasse. La guerre larvée va bientôt devenir guérilla avec l’aide de quelques amis réfractaires et de baba-cools nichés dans les marais. Le premier coup de pied dans la fourmilière sera donné lors du mariage entre les rejetons des deux éleveurs, le cochon et la poule roulés dans la farine (c'est une image mais elle était d'actualité à l'époque !). Le feu d’artifice éclatera lors d’un concert de rock ayant pour vedette une célèbre chanteuse canadienne.
Les personnages de ce roman sont solidement plantés sans manichéisme, et les lecteurs pourront reconnaître quelques figures célèbres, évoluant en tant qu’invités d’honneur, dans un contexte où les magouilles, les corruptions, les prévarications font florès. L’appropriation des parcelles de terre des petits pour continuer de prospérer à peu de frais n’est qu’une des faces de ce polar rural qui met aussi en évidence d’autres sujets d’actualité, tels que les farines animales, la douce fragrance du lisier, sans oublier le dur labeur des journalistes localiers qui ne peuvent enquêter sur les petites malversations cantonales sous prétexte que cela n’intéresse personne et qu’ils sont payés pour parler des repas du 3ème âge, des comices agricoles, des miss rurales, de la pluie et de beau temps, et surtout pas remuer le fumier. Un polar rural qui nous change un peu de la banlieue, nous montre, peut-être grossi à la loupe, ce que la France profonde vit quotidiennement. |
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