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GEORGES-JEAN ARNAUD |
Les Jeudis De JulieAux éditions FLEUVE NOIRVisitez leur site |
2199Lectures depuisLe mercredi 31 Juillet 2013
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Une lecture de |
Sigean est une commune à une vingtaine de kilomètres au sud de Narbonne, près de Port-La-Nouvelle. Vers 1970, employée dans l'immobilier, Marie Lacaze habite une maison au bord de l'étang de la Berre, à l'écart du centre de Sigean, avec sa fille Julie. Noël, l'époux de Marie, est décédé cinq ans plus tôt. Puis, c'est leur aîné Simon qui est mort à l'âge de douze ans. Marie reste en contact avec Germaine Marty, la sœur de son mari. Divorcée, celle-ci élève seule sa fille Gilberte, étudiante dans le social. Une paire de malveillantes commères, Marie ne l'ignore pas. La jeune femme laisse une grande liberté à Julie, âgée de dix ans, qui aime flâner aux abords de l'étang. Le jeudi est encore le jour de repos des écoliers. C'est seulement à la rentrée de 1972 que ce sera déplacé au mercredi. Marie ne peut s'occuper de sa fille ces jeudis-là, ni pendant les actuelles vacances de Pâques. La gamine est suffisamment autonome, cela ne présente guère de risques. Julie parle à sa mère de plusieurs enfants, dont elle est devenue l'amie en son absence. Il y aurait un nommé Willy, puis un Boris Romanov, âgés de douze ans comme le défunt fils de Marie. La jeune veuve comprend qu'il s'agit d'amis imaginaires. Sa belle-sœur Germaine et sa nièce Gilberte s'en mêlent, estimant que ce n'est pas sain pour une fillette comme Julie. Marie évite d'évoquer devant elles un certain Gildas, qui serait âgé de plus de seize ans. Jouer à la dînette avec des mômes inventés, oui, mais cet adolescent serait plus inquiétant. Germaine dénonce Marie à Mme Cauteret, assistante sociale. Proche de sa belle-sœur, cette dame espionne la maison au bord de l'étang, en particulier chaque jeudi. Marie essaie de ne pas braquer sa fille, mais ces jours sans école restent problématiques. Julie et sa mère font en sorte de ne pas êtres prises en faute. Quitte à simuler l'absence de l'enfant, à mentir à l'assistante sociale si elle insiste. Marie s'interroge quand Julie rentre un jeudi soir tardivement, après une supposée balade en moto avec l'invisible Gildas. Germaine suggère à Marie de vendre cette maison. Elle soutient son amie Mme Cauteret, tout en complotant avec sa fille Gilberte. Les gendarmes débarquent un jour au bureau de Marie. Selon le chef Dobart, qui ne masque pas son hostilité accusatrice, Julie vient d'abattre chez elles sa tante. Marie rentre avec lui à son domicile sigeanais. Accompagnée de Mme Cauteret, Germaine Marty s'est introduite sans y être invitée dans la maison. Julie a utilisé la carabine de son défunt père, bien que les munitions soient dissimulées, pour tirer sur elle. Julie ne nie rien. “Tu n'as ouvert que lorsque nous [les gendarmes] sommes arrivés. Pourquoi ? „Ÿ J'avais peur que Mme Cauteret ne me batte. Je l'entendais qui criais que j'étais folle, que je venais de tuer cette pauvre femme. J'ai préféré rester enfermée dans ma chambre.” Dans les semaines suivantes, par décision judiciaire, Marie et sa fille sont séparées. Marie va vivre dans un appartement au centre de Sigean. En attendant de pouvoir retrouver sa fille pour quelques jours d'été, elle revient dans leur maison. Marie croise une famille qui vit en caravane, s'installant ponctuellement sur les rives de l'étang. S'amorce un début d'explication sur les amis imaginaires de Julie. À l'automne, Marie continue, aidée d'un voisin, à suivre des pistes. Quant aux circonstances du crime, elles restent à définir. La clé est sans doute dans “François le bossu” de la Comtesse de Ségur... Un enfant meurtrier, horrible hypothèse, même si celui-ci s'est senti en danger. C'est un des thèmes les plus difficiles à traiter dans le polar, il faut le souligner. Certes, présenter un gosse monstrueux, un psychopathe passant à l'acte dès son jeune âge, rien de bien original. Ce n'est pas le cas de Julie. L'antipathique assistance sociale évoque une névrose, une attitude de sauvageonne. En ces années 1970, les pédopsychiatres commencèrent à insister sur l'obligation de “sociabiliser” les enfants très tôt. Ce qui déclassait les mômes timides, rêveurs, solitaires, jugés tels des asociaux par ces prétendus spécialistes. Qu'un enfant se comporte comme tel ne leur venait pas à l'esprit. Jouer, imaginer, c'est aussi un apprentissage de la vie. L'essentiel restant la relation de confiance entre parent et enfant, à l'exemple de Julie qui parle à sa mère, et qui assume plutôt bien son autonomie. Vu le sujet abordé, il s'agit d'un véritable suspense sociétal, donc d'un roman noir. Inutile d'insister sur la psychologie finement dessinée des protagonistes. Les “méchantes” sont désignées, oui mais avec authenticité. Car l'atout-maître de la plupart des romans (polars) de G.J.Arnaud a toujours été de s'inscrire dans le quotidien, dans la réalité de son temps. Quant à l'intrigue, loin d'être mièvre, elle est pose diverses questions : Julie ment-elle sur ses jeunes copains ? Marie est-elle une bonne maman ? L'entourage et les services sociaux ne sont-ils les vrais responsables des faits ? Julie ayant avoué, est-elle l'assassin de sa tante ? L'enquête perso de Marie peut-elle répondre au mystère qui entoure ce crime ? “Les jeudis de Julie” est assurément un des suspenses les mieux maîtrisés de G.J.Arnaud. Ce roman a été transposé pour le téléfilm “Un soupçon d'innocence” d'Olivier Perray (2010 – diffusion France2) par Sylvie Granotier et Olivier Perray, avec Pascale Arbillot et Mélusine Mayance. |
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