Une lecture de PAUL MAUGENDRESérie Calvin et Hobbes. N°18. Petit prix, grand plaisir ! L’association Etre humain – Animal existe depuis toujours, même et surtout en bandes dessinées. Et il ne s’agit pas uniquement d’animaux ordinaires. Ils sont de compagnie, non apprivoisé ou d’origine sauvage, et ils parlent. Ou savent s’exprimer et se faire comprendre de leurs compagnons à deux pattes. Ainsi Alfred le Pingouin, dans la série Zig et Puce d’Alain Saint-Ogan. Puis Tintin et Milou d’Hergé. A ce propos il est amusant de constater que bon nombre de propriétaires de ces canidés appellent Tintin leur animal, pensant peut-être que Milou est le patronyme du jeune reporter. Le Marsupilami, animal imaginaire certes dont le nom est composé de marsupial, qui lui existe, et d’ami, dans la série Spirou et Fantasio crée par Franquin en 1952. Rantanplan, le chien quelque peu niais, simplet et godiche, et surtout Jolly Jumper, le fier destrier de Lucky Luke, des histoires dues à la plume de Morris dès 1947. Sans oublier Boule et Bill, Boule étant le petit garçon et Bill le cocker, on pourrait confondre, et leur tortue Caroline, dont le géniteur est Roba. Petit aparté, les trois dernières séries paraissaient ou paraissent toujours dans Spirou, le magazine qui fête cette année ses soixante-quinze ans d’existence. Ceci n’est qu’une piste d’étude et je me garderai bien d’établir un recensement complet et d’établir une liste exhaustive. Après ces prolégomènes didactiques qui vous auront éventuellement ennuyés, j’arrive gaillardement au sujet de cet article : Calvin, le gamin qui proteste tout le temps, d’où peut-être son nom. En effet Calvin, qui n’aime pas l’école, est un gamin râleur, bougon, frondeur, jamais satisfait, volontiers blagueur pour ne pas dire taquin, et qui trouve en Hobbes, sa peluche, un confident tout oreille. Hobbes est un tigre, câlin quand il le faut, mais railleur et moqueur parfois, n’hésitant pas à contrarier Calvin. Mais entre les deux, le petit d’homme et la peluche, c’est l’amitié qui prime et l’un devient le confident de l’autre. Calvin possède un atout inné : son sens de la rhétorique et de la dialectique imparable. D’ailleurs, son institutrice madame Wormwood, qui en a vu d’autres, craque devant son insolence : Madame Wormwood est au tableau noir. Calvin l’appelle : Madame Wormwood ? Oui, Calvin ? Vous pouvez toujours présenter vos informations, mais vous ne pouvez pas m’obliger à m’y intéresser. Peu après, Calvin est sur une balançoire, apparemment tout guilleret. La rumeur prétend qu’elle est passée à deux paquets par jour. Sans filtre. Ou alors elle a recours à une médicamentation propice à calmer les maux de tête. Peu de personnages figurent au générique des aventures de Calvin. Outre sa peluche Hobbes, on peut dénombrer ses parents bien évidemment, Madame Wormwood, déjà citée, monsieur Spittle le principal de l’école, Susie sa copine d’école plus quelques autres qui apparaissent de façon évanescente. Sa copine, c’est vite dit. Plutôt son souffre-douleur mais qui a du répondant, heureusement pour elle, et qui ne s’en laisse pas compter. Elle répond du tac au tac, à sa manière qui est plutôt musclée. Peu de personnages donc, ce qui fait que les historiettes qui sont décrites en trois ou quatre cases sur une ligne, parfois sur une page, sont ramassées et percutantes. Une bande par jour, une planche hebdomadaire en couleurs (couleurs qui ici ne sont pas reproduites), durant dix ans, de 1985 à 1995 ont fait de Calvin un phénomène mondial repris par plus de 2400 journaux. Pourtant le graphisme est simple, dépouillé, épuré mais non dénué de charme. C’est la vie au quotidien de Calvin, qui n’est en réalité qu’un gamin solitaire et inventif, dépourvu de frères et sœurs, à l’esprit vif et imaginatif ; qui en a fait le succès. Hobbes est un jouet, un tigre en peluche pour tout le monde, et seul Calvin lui donne vie. Il est son complément indispensable. Mais ce transfert n’est pas un cas unique : souvenez-vous quand vous étiez gamin ! Ou quand vous surprenez vos enfants, surtout les filles (désolé, ce n’est pas du machisme mais une simple constatation) qui jouent à la poupée. Celle-ci devient leur enfant et elles n’hésitent pas à la gronder pour des vétilles imaginaires. Le thème central de cet épisode est l'hiver, avec son lot de boules de neige, de bonhommes de neige, mais aussi avec un personnage incontournable : le Père Noël. Et le Père Noël n'a qu'à bien se tenir, déposer au pied du sapin des jouets intéressants et non pas des vêtements comme l'année précédente, sinon il risque de se voir sermonner épistolairement. Je ne connaissais Calvin et Hobbes que pour en avoir vu quelques planches ici ou là. Mais je crois que je commence à en devenir accro. Est-ce grave, docteur ? La traduction a été assurée par Laurent Duvault.
PAUL MAUGENDRE |
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