Une lecture de CLAUDE LE NOCHERVoleur professionnel, Parker arrive à New York pour se venger et récupérer le pactole qui lui est dû. Sur une affaire devant rapporter 90000 dollars, il s’est fait doubler par sa compagne Lynn, qui a cherché à l’abattre, et par son partenaire Mal Resnik. C’était une opération solide : des armes américaines avaient été convoyées par camion au Canada, d’où il était facile de les livrer par avion. Les clients étaient des rebelles Sud-Américains. Le rendez-vous avec eux était fixé sur l’île de Keeley’s. La livraison fut plus agitée que prévue, puis Lynn tenta de buter Parker. Blessé, il fut cueilli par la police, et passa cinq mois dans un pénitencier. Il s’arrangea pour savoir ce que devenaient Lynn et Mal. Plutôt que d’attendre encore deux mois sa sortie, Parker supprima un garde. Lynn ayant vidé leur compte, il traversa le pays comme il put, jusqu’à New York. Parker n’a aucune difficulté à retrouver Lynn. Ces courtes retrouvailles ne font pas baisser la fureur de Parker. Sa compagne n’avait plus qu’un lien indirect avec Mal Resnik. Toutefois, une piste permet à Parker de localiser un intermédiaire : Arthur Stegman, qui tient un garage sur Rockaway. Pas difficile d’impressionner ce bonhomme, mais il a peu d’informations à donner. Parker poursuit une enquête sinueuse, finissant par comprendre que c’est la Mafia qui détient son fric. Il rencontre Frederick Carter, chargé de leurs intérêts. Il réclame les 45000 dollars de sa part. Il est clair que l’Organisation n’acceptera jamais le requête de Parker. Le grand manitou de la Mafia new-yorkaise, Bronson, n’est pas prêt à négocier. Le Syndicat pense disposer d’assez d’employés armés pour contrer Parker. C’est mal connaître cet homme froid, rusé et tenace… Le dessinateur Darwyn Cooke a adapté les aventures de Parker, le héros de dix-huit romans noirs, créé à partir de 1962 par Richard Stark. Rappelons que c’était un pseudonyme du romancier Donald Westlake (1933-2008), grand nom du polar. Parker est considéré comme le personnage fétiche de son auteur. Il est vrai que ce solitaire sans états d’âme, ni haine ni amour, ne répond qu’à sa propre logique, ne considère que ses intérêts personnels. Ceux-ci s’opposent souvent à l’Organisation, bien que Parker ne veuille avoir aucun lien avec la Mafia. Son sang-froid à toute épreuve constitue le meilleur atout de Parker, qui ne se laisse impressionner par personne. Un marginal pur et dur, non pas cynique, mais auquel rien ni personne ne doit résister. La traduction de “Parker - Le chasseur”, paru en mars 2010 chez Dargaud, est assurée par l’écrivain Tonino Benacquista. Un gage de sérieux, car il respecte l’esprit de cette série romanesque… Traduisant les ambiances citadines et nocturnes, le graphisme de Darwyn Cooke correspond bien à la tension de ce scénario. Paysages urbains esquissés, gros plans sur des scènes fortes et précises, détails en texte et images relatant des points importants du parcours de Parker, tout est ici relaté avec soin. Les décors nous suggèrent l’Amérique des années 1960, plus qu’ils n’imposent cette vision. On ne cherche pas à rendre Parker sympathique, mais bien à le montrer tel qu’il est, avec son faciès déterminé et sa brutalité. Cette adaptation très convaincante avait reçu l’approbation de l’exigeant Donald Westlake, indice de qualité.
CLAUDE LE NOCHER |


|