Une lecture de CLAUDE LE NOCHERDessinateur, Paul est marié à Lucie. Ils ont une petite fille, Rose. Ils vont devoir s’installer dans une maison plus spacieuse, avec le bricolage que ça suppose. Le 24 juin, c’est la Fête Nationale du Québec. En 1999, à l’occasion de ce week-end de la saint Jean-Baptiste, toute la famille de Lucie se réunit chez les parents de celle-ci. Roland et Lisette Beaulieu sont retraités. Le beau-père de Paul a eu des problèmes de santé, qui semblent résolus. Si Roland Beaulieu a fini sa carrière professionnelle comme vice-président d’une grosse compagnie, son parcours de self made man fut d’abord chaotique et industrieux. Avec son épouse Lisette, ils ont eu trois filles (Suzanne, Lucie, Monique), qui leur ont donné cinq petits-enfants, autant de “lapins” à choyer. Dans la belle-famille de Paul, l’ambiance est souriante, festive. À part ce jeu incompréhensible, “J’achète”, qui ne cesse de dérouter Paul. Les enfants Beaulieu ont espéré l’indépendance québécoise, mais n’y croient plus guère… Le temps passe. Les années 2000 débutent. L’informatique et Internet arrivent, casse-tête horripilant et coûteux pour Paul. L’état de santé de Roland Beaulieu se dégrade. Cancer, trois mois à vivre. Homme depuis toujours actif, il supporte mal cette déchéance annoncée. Lisette ne peut faire face seule. Bientôt, il a besoin de soins palliatifs. La Maison La Chênaie est plus agréable qu’un triste hôpital. Toute la famille se mobilise autour de Roland… C’est un témoignage drôle et touchant sur le quotidien d’une famille québécoise que nous présente Michel Rabagliati dans ce sixième album de la vie de Paul, personnage qu’il créa en 1999. Soulignons que quasiment toutes les BD de cet auteur ont obtenu diverses prestigieuses récompenses. Le graphisme apparaît simplifié, mais ne nous y trompons pas. Les séquences expriment, avec plus ou moins de détails décoratifs, le sens et l’importance des scènes. La mise au point entre le médecin et Roland à son arrivée à la Maison La Chênaie en est un bon exemple. La dame âgée quittant sa maison vendue, tout autant. Il s’agit donc de raconter les joies et les peines, les petits plaisirs et les douleurs d’un groupe de personnes, avec cette véracité qui rejoint nos propres souvenirs. Comment ne pas se sentir proche de cette famille ? Un histoire très attachante.
CLAUDE LE NOCHER |
|