Une lecture de CLAUDE LE NOCHERJournaliste d'investigation pour un grand quotidien, Lazare est envoyé à Rennes pour couvrir le procès de Charles Tessier. Ce notable est accusé du meurtre de sa maîtresse, Mathilde Lejeune. Le côté chabrolien de cette affaire, perversité de la bourgeoisie provinciale, intéresse les médias. Tessier nie avoir assassiné Mathilde, et promet à Lazare de grosses révélations lors du procès. Mais, dès le lendemain, Tessier est retrouvé mort dans sa cellule. À cinquante-neuf ans, la crise cardiaque surprend peu. Pourtant, Lazare se remémore les paroles du notable : “On veut me détruire, mais je tiendrai bon…” Peu après, le reporter rencontre la policière Léa Sadberg, dont il devient l’amant. Une photographie datant de 1983 permettra à Lazare de poursuivre ses recherches. Doué en informatique, l’étudiant Tex va également apporter son aide à Lazare. Il identifie bientôt les jeunes femmes sur la photo. Par décision officielle, ces jeunes femmes ont changé de nom. Ainsi, Estelle Saunders devint Mathilde Lejeune. Une autre changea pour Françoise Humbert. Elle a été assassinée à Paris six mois plus tôt. Léa appelle Lazare lorsqu’un nouveau meurtre est commis au cœur de Rennes, place du Parlement de Bretagne. Cette Marine Duflot fit partie des filles figurant sur la photo. Beaujars, supérieur hiérarchique de Léa Sadberg, ne cache pas son hostilité envers Lazare. Grâce à une collègue qui enquêta en 1983, le journaliste obtient des infos sur un club jadis surnommé le Black Lady. C’était un lieu de plaisir fréquenté par des hommes très influents, les Loups Bleus. Ce manoir situé parc des tanneurs est aujourd’hui en ruine, suite à un incendie. Si une voisine refuse d’en dire trop, Lazare apprend qu’une des jeunes femmes eut un fils avec l’un de ces aristos. En outre, le reporter relève le nom de Louis Fergent parmi les habitués du club. Ce promoteur immobilier construisit et rénova bon nombre d’immeubles rennais. Beaujars a lancé ses policiers aux trousses de Lazare. Celui-ci garde une longueur d’avance. Grâce à Tex, le journaliste finit par identifier la dernière fille de la photo, Ophélie Merrieux devenue Sonia Derrien. Nul doute qu’elle soit autant en danger que les précédentes victimes. Léa Sadberg prend contact avec Ophélie-Sonia, prenant ainsi de gros risques car le meurtrier rôde autour d’elles… Cette “Danse macabre” en noir et blanc est une véritable bédé polar. Enquêtes journalistique et policière vont de pair, grâce au couple formé par Lazare et Léa. Mystérieuse affaire, qui trouve donc son origine plus de vingt ans auparavant. Un solide scénario d’Olivier Keraval, rennais originaire du Finistère, qui nous entraîne dans une histoire très sombre, jusque dans les sous-sols de la ville. Breton lui aussi, Luc Monnerais installe par son dessin un décor très crédible. Suggérés, les sites bien connus de Rennes (tels les jardins du Thabor ou la place du Parlement) sont aisés à reconnaître. Les ambiances d’intérieur ou nocturnes favorisent, bien sûr, un climat de dureté. Les cadrages des scènes sont bien pensés, par moment peut-être trop “changeants”. Néanmoins, entre scénario et images, l’ensemble est harmonieux à souhaits. Voilà une histoire (complète) que l’on peut conseiller à tous les amateurs de polars musclés.
CLAUDE LE NOCHER |
|