Une lecture de CLAUDE LE NOCHERAlex et Anna, un jeune couple, sont en vacances en Grèce. Les beautés antiques d’Athènes ne passionnent guère Alex, qui avoue : “Les vieilles statues, ça me laisse de marbre.” Après la capitale, leur voyage organisé les entraînera vers les îles grecques. Un séjour en groupe, l’idée de “marcher dans la caillasse avec des gens qu’on a pas choisis”, ça rend Alex sceptique. D’autant que les Français à l’étranger sont quelquefois déplaisant. C’est le cas de Lucette, quinqua râleuse venant de Laval, qu’ils croisent sur les chemins de l’Acropole. De retour à l’hôtel, leur guide présente au couple le groupe sympa avec lequel ils doivent découvrir les Cyclades. À l’apéro, Alex raconte la rencontre avec ce “boulet” de Lucette. Le neveu de celle-ci, Noé, est présent. Il place Alex dans une situation gênante. Modification inopinée du programme : le jeune couple doit changer de groupe. Ce qui met en fureur Alex, déjà vexé par l’incident précédent. Ils n’ont pas vraiment le choix. Le lendemain, le guide Stavros leur présente le groupe avec lequel ils vont embarquer. Il y a Antoine, un grand crétin de Toulouse, avec sa femme Viviane et leurs trois mômes, dont deux ados rebelles. Ainsi qu’une famille ultra catho de Sarrebourg, en Lorraine, prônant vie saine et spiritualité. Avec enfin, ce faux-jeton de Noé et sa désagréable tante Lucette, le “boulet” de Laval. Pas de quoi jubiler pour Alex. D’autant qu’une première altercation avec Antoine, qui se prend pour un photographe, éclate sur le bateau. Alex y prend une baffe et y perd son appareil numérique. Ensuite, Anna et Alex doivent se farcir la famille d’Alsaciens cathos (Non, Lorrains, de Sarrebourg). Enfin, ils arrivent sur une île. L’hôtel Pandora n’est pas le must du confort, même pas de piscine, et la mer à vingt minutes à pieds. Puis le guide Stravros les amène dans une gargote où les spécialités locales n’excitent pas ces clients franchouillards. Ensuite sur la plage, l’imbécile toulousain se montre encore pénible, autant avec sa famille qu’envers Anna et Alex. De leur côté, les ados rebelles ont trouvé un moyen de s’amuser, en apprenant à Stavros des mots nouveaux. En randonnée, Alex fuit les chants patriotiques et catholiques des Lorrains. Dans une petite chapelle, il découvre de magnifiques icônes. Ce qui va lui causer de sévères ennuis… Il s’agit d’une très bonne bédé de forme traditionnelle. Si on n’y trouve pas de recherche graphique innovante (ce qui serait inutile), les décors grecs sont très bien rendus (avec une colorisation réussie). Certes, cette histoire ne relève pas du polar. Néanmoins, le scénario étant bien pensé, les mésaventures et autres bévues d’Alex sont fort agréables à suivre, alimentant un peu de suspense. Il a de quoi être déprimer, pester, soupirer, et même se mettre en colère, ce brave Alex. Car il vit là des vacances largement pourries par ses compagnons de voyage. Des personnes grincheuses prétendant tout savoir sur le pays, telle Lucette - des types nerveux trop sûrs d’eux-mêmes et de bien diriger leur famille, tel le Toulousain - bons exemples de touristes que chacun a pu côtoyer dans ces circonstances. Deux ou trois gags sont un peu plus obscurs, mais l’ensemble est parfaitement souriant. Une aventure agitée et sympathique, aux éditions Vents d'Ouest/Glénat.
CLAUDE LE NOCHER |
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