Une lecture de CLAUDE LE NOCHERPropriétaire du Magasin général de Notre-Dames-des-Lacs, Marie est partie à Montréal avec sa protégée Jacinthe. Mais, leur séjour chez la tante Philomène s’éternise. Vie citadine et rencontres amoureuses font que Marie ne semble pas pressée de revenir chez elle. En son absence, c’est Serge qui s’occupe du commerce. Les produits commencent à manquer pour approvisionner le village. Faute de solution, la population est nerveuse. Les rancœurs contre Marie et les mauvais prétextes alimentent un pugilat général. Si les hommes regrettent la belle et serviable Marie, la jalousie des femmes est à son comble. Ce n’est pas le jeune curé qui peut calmer la situation. Serge doit d’abord faire l’inventaire, et tenter d’obtenir des marchandises à crédit auprès des fournisseurs de Saint-Siméon. Ceux-ci refusent, n’accordant leur confiance qu’à Marie. Serge va avancer l’argent, puisant dans ses économies pour acheter du stock. Juste les affaires indispensables à chacun, en attendant de pouvoir fonctionner correctement. Il prend avec ses amis Isaac et Alcide la route de Saint-Siméon. Un problème de taille entrave leur route : le pont a été détruit par les pluies. Tous les hommes du village s’unissent pour le réparer, tandis que les femmes doivent seules se charger des récoltes. Ce qui suscite encore d’amers commérages contre Marie. À Montréal, si le séjour convient encore à Marie, Jacinthe s’ennuie de plus en plus. Peut-être est-il temps qu’elles rentrent, accompagnées de la tante Philomène. Le pont est à peine remis en état, qu’une surprise attend au main la population de Notre-Dame-des-Lacs : la camionnette de Marie stationne devant le Magasin général. Très vite, un attroupement s’est formé devant le commerce. Jacinthe retrouve avec plaisir son ami Gaétan, l’employé simplet du Magasin général, ainsi que tous les autres. Marie redoute quelque peu ce retour, car elle s’est éloignée suite à des malentendus. Pourtant, tout se passe bien avec Serge, qui n’a d’yeux que pour elle. Et les habitants du village veulent qu’elle raconte tout ce qu’elle a vu à Montréal. C’est alors que surgit Ernest Latulippe, le vieux trappeur. Attaqué par un ours, son frère Mathurin est gravement touché. Une expédition s’organise pour aller le soigner et le ramener au village. Outre les images de la grande ville, Marie raconte à son amie Adèle ses aventures amoureuses à Montréal… Voici le sixième tome de cette fort agréable série de Régis Loisel et Jean-Louis Tripp, chronique d’une communauté rurale québécoise dans les années 1920. Il n’est sans doute pas indispensable d’avoir lu tous les précédents pour apprécier. Jeune veuve, unique commerçante locale, la prévenante Marie est au centre de la vie villageoise. Les réactions la concernant apparaissent très crédibles, comme il se doit dans une telle bourgade. Évidemment, l’adaptation des dialogues en québécois par Jimmy Beaulieu ajoute beaucoup de charme à l’histoire. Au risque de placer un peu trop de “pis”, de “ben correct” et d’icitte quand même. “Pis ta Lucienne, elle est-tu encore en sacrement ? — Elle rumine là-dessus. Elle est pas parlable.” Ça reste très sympa, bien sûr ! Le scénario largement souriant et le dessin sont parfaitement en harmonie. Un nouvel épisode très réussi.
CLAUDE LE NOCHER |
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