Une lecture de JULIEN VEDRENNEParce qu’il a fait partie des Old Red Alligators, un groupe de blues, Marco Buratti, un privé italien, est surnommé L’Alligator. Entouré de deux compères, amis indéfectibles, Max-la-Menace et Beniamino Rossini, il doit débusquer une femme de 40 ans, Joanna. Sainas, son riche amant, est convaincu qu’une fois retrouvée, elle reviendra vers lui. La piste qui mène à Joanna est assez facile à suivre. Elle mène jusqu’à un cabaret où la chanteuse entre en scène chaque nuit. C’est une Joanna dépitée qui revient au bercail non sans avoir fait l’amour avec L’Alligator pour pouvoir le raconter à Sainas et le faire enrager. Joanna, toujours elle, refait surface dans la vie de Marco Buratti, à la mort de son amant. Elle souhaite qu’il découvre qui l’a tué, non par vengeance, mais parce que la police est convaincue qu’elle est la coupable. La mafia semble au cœur de l’imbroglio. D’autant que Sainas a doublé un ex-agent de la brigade financière et qu’un milliard de lires ont disparu.
Massimo Carlotto s’est imposé ces dernières années comme l’une des têtes de pont du roman noir italien. L’Alligator est un de ses personnages, qu’il met en scène, ici, dans un scénario inédit. Igort, dans un montage puzzle, réalise des planches en bichromie d’une splendeur telle qu’elles mettent en avant la poésie de la plume de Carlotto. Noir et bleu ciel prédominent dans ces pages où, des fois, le texte est totalement absent. L’onirisme se confond avec la réalité, et la noirceur des idées de Buratti, son funeste destin, sont d’autant plus mis en avant que le travail d’Igort esquisse ou peaufine son trait, selon ses humeurs.
Igort & Massimo Carlotto, L’Alligator – Dis-moi que tu ne veux pas mourir (trad. de l’italien par Laurent Lombard), Casterman coll. "Écritures", avril 2007, 144 p. – 12,95 €.
JULIEN VEDRENNE |

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