Une lecture de CLAUDE LE NOCHERDans les années 1950, Jacques Gipar est un reporter parisien du journal France Enquêtes. À bord de sa Simca Aronde, il se rend à Dijon pour assister au procès de l’ancien bagnard Henri Polinet. À proximité de la ville, le journaliste se heurte à des barrages de gendarmerie. On lui explique que Polinet s’est évadé. Alors que le fourgon arrivait au Palais de Justice, il a profité que la portière soit mal fermée pour s’enfuir. Jacques Gipar sait que Polinet est originaire d’un village de la région, près de Saulieu. C’est d’abord dans cette petite ville que le reporter s’installe à l’Hôtel de la Poste, établissement renommé. Puis il se renseigne à la gendarmerie locale. L’adjudant-chef Castelnau pense que Polinet est le chef d’un gang de voleurs s’attaquant aux automobilistes. Masqués, les membres de cette bande des capucins s’inspirent des brigands de grands chemins d’autrefois. Jacques Gipar prend ensuite la direction de Saint Martin du Vent. Polinet n’a plus de proches ici. Son ami d’enfance Georges Lemaitre ne l’a pas revu depuis une vingtaine d’années. Selon lui, c’était un brave type qui avait de mauvaises fréquentations et s’est retrouvé dans de sales histoires. Grâce à un intermédiaire anonyme, Jacques Gipar parvient à rencontrer le fuyard dans son refuge secret. L’ex-bagnard estime assez payé pour ses fautes, et nie avoir le moindre rapport avec la bande des capucins. Ceux-ci viennent d’agresser à joaillier parisien de passage, lui dérobant sa collection de bijoux. Plus grave encore, le gang attaque un convoi de la Banque de France, lors d’un transfert entre Lyon et Paris. Les motards et l’escorte sont mitraillés à l’arme lourde. Le commissaire Bornichard, de la Sûreté, ne tarde pas à arriver à Saulieu pour mener l’enquête. Le policier parisien arrête inutilement le reporter, avant de le relâcher. Il n’a rien à lui reprocher. Amis d’enfance de Polinet, le gendarme Ledru et Joseph Fillon se disent prêts à témoigner en faveur du fuyard, à condition qu’il se rende. Jacques Gipar fait part au commissaire de ses soupçons concernant l’adjudant-chef Castelnau. Bornichard n’y croit guère. Bientôt, les instigateurs de la bande des capucins vont chercher à supprimer Polinet et le journaliste. Le duo parvient à s’enfuir, mais il est pourchassé par les bandits qui utilisent leurs armes… L’originalité de cette bédé est probablement due à un retour au style classique. En effet, le graphisme rappelle celui de Maurice Tillieux, créateur des aventures de Gil Jourdan ou de Tif et Tondu, de Natacha ou de Marc Lebut. On peut aussi penser aux enquêtes journalistiques de Ric Hochet, d’A.P.Duchâteau dessinées par Tibet. La thématique automobile de cette collection permet de mettre en valeur des véhicules de l’époque, de la 203 Peugeot à l’Aronde, en passant par la Citroën 15CV, la Quatre-Chevaux Renault et les gros camions qui sillonnaient les routes, ainsi que les motos d’alors. Petite remarque : il n’est pas certain que, même sur la Nationale 6, la circulation au quotidien ait été aussi intense que dans cette histoire. Ce n’est qu’un détail. L’intrigue criminelle se situe dans ces années 1950, dont les ambiances sont ici fort bien restituées. La France est encore un pays largement rural, avec ses petites villes pittoresques. En régions, existe un banditisme pas moins violent que dans les grandes agglomérations. Il est assez facile de trouver un endroit isolé pour préparer des mauvais coups, où s’y planquer comme Polinet. Gendarmerie et police ne sont pas moins efficaces qu’à notre époque, peut-être moins réactives. Une enquête à suspense, mais également de l’action avec de belles poursuites entre divers véhicules. Une BD jouant quelque peu avec la nostalgie d’un autre temps, très plaisante à lire !
CLAUDE LE NOCHER |
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