Une lecture de JULIEN VEDRENNELe Soleil n’est pas pour nous est la deuxième partie de cette fresque mélange de rose et de noir paru en 1949 qu’est "La Trilogie noire". Au milieu de tout ça, une violence sans nom, de celle qui fait la beauté du roman social, cru et noir. Comme les autres volets de la trilogie, celui-ci peut se lire de manière indépendante.
Milo et André, deux garnements aux portes de l’âge adulte se lient d’amitié alors qu’ils partagent le dur quotidien de la recherche d’un emploi aux Halles de Paris. Et puis Milo présente sa sœur, Gina, et c’est un véritable coup de foudre. L’idylle qui se noue entre les deux jeunes gens irradie leurs journées et est de celle qui remet sur le droit chemin. Mais la vie ne peut pas, d’un coup, être si belle. Au milieu des arnaques en tous genres (escroquerie à l’arrêt maladie…), l’inceste et le crime transparaissent. La jalousie de Mino, l’aigreur de leur mère les poussent à agir. Alors, c’est l’heure pour nos deux amoureux de la fuite à travers la campagne française. La nuit à la belle étoile et l’eau claire, malheureusement, ne suffisent pas. Les gendarmes sont sur leurs talons, Gina est enceinte, André aux anges, mais cela veut dire qu’il faut trouver de la nourriture consistante pour la future maman.
Youssef Daoudi continue la mise en dessin de la "Trilogie noire" avec brio. L’univers dépeint au début de la bande dessinée avec Paris et ses quartiers malfamés, avec la mère de Milo, femme obèse et alcoolique autant effrénée qu’invétérée, n’est pas sans rappeler le Londres du "Peter Pan" de Loisel. La mise en couleur de Damien Callixte Schmitz nous en éloigne quelque peu. Mais le travail de ces trois artistes aboutit à un petit bijou. Ils réussissent l’exploit de s’approprier le roman de Léo Malet tout en restant fidèles à son esprit et à sa trame.
Philippe Bonifay (scénario d’après un roman de Léo Malet), Youssef Daoudi (dessin), Damien Callixte Schmitz (mise en couleur), La Trilogie noire, tome 2 – Le Soleil n’est pas pour nous, Casterman coll. "Ligne Rouge", septembre 2006, 56 p. – 9,80 €.
JULIEN VEDRENNE |
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