Une lecture de PAUL MAUGENDRE Scénario de François Darnaudet et Elric. Dessin Elric. Couleurs Laure Durandelle et Elric. Parution le 27 septembre 2017. 48 pages. 10,00€. Quand le roi Cerf Thet se fait détrôner par son fils, le Cerf Arien… Il est bon parfois de retrouver de petits plaisirs de lecture qui nous ramènent à notre enfance tout en étant ancré dans notre quotidien. Par exemple ces bandes dessinées animalières dont le pionnier fut peut-être Benjamin Rabier puis Maurice Cuvillier qui créa les aventures de Sylvain et Sylvette, lesquelles aventures ont continué à sa mort avec Jean-Louis Pesch notamment. Sans oublier la charmante Chlorophylle puis Sibylline de Raymond Macherot, ou l’inspecteur Canardo de Sokal. Sans compter les romans dans lesquels les animaux sont les protagonistes principaux, tel Le Roman de Renart, puis les films d’animation dont Walt Disney fut, sinon le précurseur, celui qui porta le genre au pinacle. Tout ça pour ancrer la série de Witchazel dans le contexte d’un univers imaginaire mais fortement représentatif du monde dans lequel les humains évoluent. Et dès les premières planches les auteurs nous plongent directement dans une atmosphère et une ambiance délétères qui heureusement, même si elles sont comparables à ce que nous vivons, j’allais écrire nous subissons, sont traitées humoristiquement. A Anankor, Arien le Cerf vient de prendre la place de son père le roi Thet et harangue son peuple en ancien dialecte. Mais la résistance s’organise et Pasa le Condor ainsi que Dort écoutent les proférations et objurgations de l’imposteur. Ils sont pris à partie par la foule qui a entendu leurs propos séditieux. Tandis que Dort s’efforce de détourner l’attention, Pasa doit rejoindre la Lagune brune, cible de Cerf Arien. Or, vit dans la Lagune brune une jeune sorcière très puissante, Witchazel alias Hamamélis la Mulote. Jeune, elle l’est la gentille mulote, aussi pour être prise au sérieux et devenir crédible, elle est obligée de se travestir et de s’attifer en vieille femme. Seulement, elle ne se souvient jamais de quel côté elle plaque sur son visage une verrue lui conférant l’aspect d’une sorcière expérimentée. Et comme le dessinateur non plus ne se souvient jamais… Le Condor Pasa va l’emmener, ainsi que son ami le Chat Pristi qui désire l’accompagner, jusqu’à Anankor. Les armées du Cerf Arien sont prêtes à investir le site de Stonerolling, lequel possède un passage secret permettant de rejoindre la Lagune brune. C’est une succession de gags, de quiproquos, de jeux de mot, afin de dédramatiser le contexte qui nous renvoie à des heures sombres. Il s’agit donc d’une bande dessinée qui s’adresse aussi bien aux enfants, par le côté ludique qui s’en dégage, qu’aux adultes qui comprendront mieux le côté réaliste et historique. Mais ce n’est pas pour autant une bande dessinée engagée au sens propre du terme. Plutôt un signalement, un avertissement dotés d’une légèreté de ton et de graphisme qui permettent de relativiser le propos tout en le mettant quand même en avant. A ce propos, une séquence qui n’est pas innocente : l’histoire des trois voleurs qui se font plumer, déplumer puis remplumer avec des couleurs significatives.
PAUL MAUGENDRE |