Une lecture de CLAUDE LE NOCHERÀ Bordeaux, Maya Lipman est flic et sourde. Elle admet être une privilégiée. Non seulement parce qu’elle habite en centre-ville. Surtout, pratiquant la lecture labiale, elle n’a pas de problème pour communiquer avec ses collègues. Dotés de téléphones portables, ils échangent régulièrement des SMS, autre facilité pour la jeune femme. Si Maya a vite intégré une équipe d’inspecteurs, c’est dû à une action sur le terrain. Trois mois après son engagement, elle est intervenue sur un cas de violence conjugale, arrêtant le coupable. Sévère prise de contact avec la réalité du métier, qui lui a valu de monter en grade. Aujourd’hui, l’équipe à laquelle Maya appartient s’occupe de deux affaires bien distinctes. Un courrier anonyme a été reçu par les policiers, un message avec des lettres découpées dans le journal. “Le prince ne mérite pas de vivre. Il doit payer. Je dois faire justice moi-même. La police ne fait rien.” Peut-être une sorte d’appel, plus qu’une menace. À part le papier, encore utilisé par les dessinateurs qui ne se servent pas d’ordinateurs et de palette graphique, pas d’indice. Maya se renseigne auprès de son indic, Tommy, habitué du bar Le Narval, toujours bien informé. Il connaît vaguement un type qui se fait appeler “Le Prince de la Nuit”, qui passe ses soirées entouré de très jeunes femmes au club The Cave. S’il est mêlé à un trafic, il peut avoir effectivement quelques ennemis. L’autre affaire du moment est traitée par deux collègues masculins de Maya. Il s’agit d’un cas de tapage nocturne dans un immeuble. La plainte émane de Mme Sipovitz, une voisine âgée. Son mari et elle sont souvent dérangés par le bruit chez leur voisin du dessus. Après onze heures du soir, la musique était forte chez cet homme, où on entend bien d’autres bruits dérangeants. Y compris les pleurs d’un garçon d’environ cinq ans. Pour les policiers, il est bien difficile de rencontrer cet habitant du cinquième étage. Quand le duo de flics aperçoit deux hommes près de l’appartement, on frôle la bavure entre services. Quant à Maya et son collègue Jimmy, ils se rendent au club The Cave. Ils vont pourchasser vainement “Le Prince de la Nuit”, qui a été prévenu car on les a repérés… Une enquête policière plutôt traditionnelle dans un contexte actuel, nous voilà donc dans un sujet classique du polar. L’héroïne de cette histoire reste atypique, puisque sourde. Bien adaptée à son métier, et même réactive, la jeune femme est sympathique. Elle s’offusque des lourdes plaisanteries de certains collègues, mais s’entend bien avec eux. Le dessin figuratif de Horne est très séduisant. Les images nous permettent en particulier de visiter Bordeaux. Quant au scénario, il apparaît correctement conçu. Sauf pour de noirs intermèdes énigmatiques, dont on ne comprend absolument pas le sens. De même, l’affaire est-elle close, puisque les faits ne sont pas établis et les coupables courent toujours ? Rien n’indiquant une suite à venir, c’est supposément une enquête de A à Z (avec une intrigue différente dans l’éventuel Tome 2). Non, le prochain épisode éclaircira peut-être, ou pas, ce début d'enquête...
CLAUDE LE NOCHER |
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