Une lecture de PAUL MAUGENDRE Les Bidochon 15. Editions Fluide Glacial. Parution 3 mai 1999. 52 pages. ISBN : 978-2858152261 C’est un cas, Binet… Parfois, l’on pense faire bien mais l’on ne sait pas qu’un petit geste peut déclencher une tornade familiale. Lorsque Raymonde Bidochon reçoit une lettre émanant d’une voisine de la mère de Robert, elle essaie de prendre toutes les précautions oratoires pour ne pas affoler son mari, béatement affalé dans le canapé. C’est le contraire qui se produit, car Robert est resté mentalement dans les jupes de Môman. Elle n’a pas grand-chose, Môman, elle s’est juste pincé un doigt dans la porte, mais tout de suite il grossit ce que Raymonde veut lui dire, il amplifie les dégâts, il exagère les conséquences. La gangrène, Môman a la gangrène ! Et, alors il faut tout de suite et immédiatement se rendre à son chevet. Raymonde, fait les valises ! Quelle n’est pas la stupéfaction de Robert et Raymonde, en arrivant chez Môman, de voir celle-ci couper des bûches à l’aide d’une hache maniée vigoureusement. Robert est rassuré, mais il fond devant Môman, le pauvre qui retournerait presque en enfance s’il le pouvait. Môman est despotique, dominatrice, odieuse, manipulatrice et autres qualités qui exaspèrent Raymonde. Seulement celle-ci est bien obligée de boire la coupe jusqu’à la lie et même l’hallali. Raymonde est rejetée tandis que Robert est pouponné, et il en profite. Bref tout pour être heureux. Raymonde est réveillée au son du clairon ce qui n’empêche pas Robert de dormir à poings fermés. Tout juste s’il ne suce pas son pouce. Ou alors le soir, Robert et Môman communiquent par de petits coups frappés sur la cloison qui sépare les deux chambres, une forme de télégraphe familial. Ils rendront visite aussi à des cousins cultivateurs joyeux et fiers de leurs productions maraîchères, énormes car engraissées à l’aide de produits non naturels qui transforment, par exemple, des radis en ballons de rugby qui pourraient nourrir une quinzaine de personnes. Au moins. Une suite de gags qui n’amusent pas Raymonde mais le lecteur, Binet grossissant le trait de la mère possessive et d’agriculteurs qui ne jurent que par les engrais chimiques. Môman en veut toujours au brave docteur qui avait administré un laxatif à Robert lorsqu’il était tout gamin parce qu’il avait avalé l’œil de son nounours. Quant aux agriculteurs, Binet dénonce leur credo : faire de la quantité, et pas de la qualité. C’est tellement vrai. Amusant et l’on s’habitue peu à peu au dessin qui change de la ligne claire, celle que je préfère, mais à chacun son style. Seulement, la fin m’a déçu quelque peu, comme si Binet ne savait de quelle façon clore son histoire. A moins que je n’ai pas compris le message. Une lecture distrayante mais, à cause des éloges que j’ai pu lire ici ou là, qui m’a laissé sur ma faim.
PAUL MAUGENDRE |