AGNEAU DE SISTERON

Ils mangèrent ensuite en silence. On entendait les secondes qu'égrenait le gros carillon en bois qui se manifestait encore plus bruyamment tous les quarts d'heure et qu'on était obligé la nuit de réduire au silence. La mère avait préparé une épaule d'agneau de Sisteron qu'elle avait fait macérer depuis la veille dans un mélange d'huile d'olive, de miel et d'aromates, surtout du thym. C'était tendre, parfumé, la puissance de l'ail dont elle avait piqué la viande était tempérée par la douceur du miel, la croûte grillée surtout était délicieuse. Les pommes de terre qui avaient été arrosées pendant toute la cuisson étaient quant à elles croustillantes, justes comme il fallait. Dehors, la misère grouillait, la peur et l'inquiétude rongeaient les cœurs. Cette misère, cette peur et cette inquiétude ne faisaient que donner du prix à son bonheur. Theodore se régalait.