ONCORHYNCHUS

L’air de la salle de bain est opaque, saturé de vapeur — Shila m'a précédé dans la cabine, cheveux noirs collés à la nuque, peau mate offerte à la caresse liquide, fontaines ruisselantes, eau écumeuse descendant en cascade vers son sexe. Je colle mon corps au sien, elle m'entoure, m'absorbe, sa bouche grande ouverte gobe ma bouche, aspire ma langue dans les profondeurs de sa glotte. Je soulève sa cuisse, puis l'autre — incapable de résister plus longtemps, je l'ouvre d'un mouvement sec et m'enfonce en elle, rassemble mes forces pour supporter son poids, mords la pulpe tiède de ses seins. Je lui arrache un cri, elle glisse lentement le long de la faïence, je suis déjà à bout de souffle, ses doigts serrent douloureusement mes biceps, mais je tiens bon, j'écrase son ventre contre le mien, j'essaie d'atteindre des zones plus profondes de son corps, de ne pas chavirer — quelque chose me dit qu'elle résiste, elle aussi, qu'elle retient sa jouissance. Nous sommes deux poissons verticaux aux branchies asphyxiées et aux écailles glissantes, muscles tendus et douloureux, et chacun attend de l'autre d'être délivré.