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L'oscar Le Plus Zen De La Semaine |
5 4 3 2 1 0 x Les ricochets du Shaolin Visa d’exploitation: 234567345321232432 "J’croyais qu’on était venu voir Les ricochets du destin. - Moi aussi. I z’ont dû faire une bévue sur le programme." avec Lu Chang Fu et Deng Zao Li Directeur de la photographie Zu Han Caméra Zu Han Effets spéciaux Zu Han Prise de son Zu Han Eclairage Zu Han Maquillages Chi Peng Décors Lu Chang Fu Jr Costumes Chi Peng Casting Lu Chang Fu Musique composée et interprètée par Deng Zao Li Chef opérateur Lu Chang Fu Montage Lu Chang Fu Assistant technique Deng Zao Li Scénario Lu Chang Fu et Deng Zao Li Dialogues Lu Chang Fu Postsynchronisation Amélie Chang Fu Avec les voix de Patrick Donget Production Lu Chang Fu Un film de Lu Chang Fu "Plutôt zen comme générique !" Plan large et fixe : un lac. Soleil couchant. Sur la rive, un moine shaolin. Boule à zéro. Bure noire. Il médite dans la position dite du lotus. On entend le léger clapotis des vaguelettes sur les galets de la berge. Un héron traverse l’écran de droite à gauche. Un poisson jaillit à l’improviste. Mais l’oiseau vient de quitter le champ de la caméra. Quand le soleil embrase l’eau du lac, le moine se lève. On s’aperçoit alors qu’il est vieux. Il se baisse lentement pour ramasser un galet et le lance. La trajectoire est presque parallèle à la surface de l’eau. Le galet ricoche dans de fines gerbes argentées. Une fois, deux fois jusqu’à disparaître en direction du soleil. Coup de gong et le soleil coule. Le moine reste debout face au lac. Sa silhouette se détache avec netteté sur le ciel qui rosit. Une deuxième silhouette fait son apparition dans le cadre. C’est sans doute un autre moine. Plus jeune. Les oreilles décollées. Il s’approche de l’autre. "Maître, est-il vrai que..." L’autre ne lui laisse pas le temps de terminer et l’assomme d’un coup de manchette désinvolte. Coup de gong. Le jeune tombe raide. Ca fait flotch sur les galets. Fondu au noir. "Oh, la vache ! Pourquoi il a fait un truc pareil ? - J’en sais rien. Tu vas voir, c’est pas fini. Même plan : lever de soleil sur le lac. Le vieux moine médite dans la position dite du poirier. Sa bure retroussée révèle une paire de jambes maigrelettes. Le jeune disciple est étendu dans la position dite de la bûche. Il ne donne pas l’impression de méditer. Le vieux se remet sur pied, choisit un galet et effectue un superbe ricochet. Le jeune se réveille alors. Lorsqu’il se tourne vers l’objectif, la moitié de son visage apparaît fortement tuméfiée. Il se lève pour aller s’asperger le crâne avec l’eau du lac. Puis il revient vers le vieux qui regarde au loin. Il prend soin de rester hors de portée de la redoutable manchette du vieux. "Maître, est-il vrai que..." Avant qu’il n’ait eu le temps de terminer, le vieux a lancé vers le ciel un galet qui retombe illico sur le crâne de l’autre. Il s’effondre mollement en tournant de l’œil. Gros plan sur le galet tâché de sang. Fondu au noir. Coup de gong. "Tu crois qu’il est mort ? - Y a des chances. Lent panoramique sur le lac. De gauche à droite. Le soleil est sur son déclin. Deux silhouettes assises dos au public font face au lac. La caméra les dépasse. Elles sortent du champ. On entend alors quelques mots dans une langue orientale, probablement du mandarin, des papiers qu’on feuillette à la hâte. La caméra hésite, puis revient sur les deux silhouettes qui n’ont pas bougé. On reconnaît le jeune à cause de ses oreilles et d’une grosse bosse sur son occiput. Il ne se passe rien. Le soleil finit par aller se coucher. La nuit tombe. La lune s’est levée. Les deux crânes luisent. Sans tourner la tête, le vieux prend la parole : "Le moment est venu de poser ta question. - Maître, à présent, j’hésite. - Pourquoi hésiter ? Aurais-tu perdu l’envie de t’instruire ? - Non mais c’est que maintenant j’ai deux questions et un peu la frousse. - Je vais d’abord répondre à la première. Ensuite, si tu le juges nécessaire, tu poseras la seconde." Quelques minutes d’un silence lourd de sens s’écoulent. "Par deux fois, je t’ai frappé sournoisement. J’ai voulu te donner l’occasion de méditer car la cervelle d’oiseau est encombrée de questions futiles alors que l’esprit du sage est léger comme la fiante d’alouette. A présent, tu peux poser ta deuxième question. - Mais, Maître, vous venez d’y répondre. - Et la première ? - C’était au sujet du poids de la fiante d’alouette. - C’est bien. Demain, je t’enseignerai l’art de la pierre qui voyage sur l’eau." Travelling arrière. Une tache sombre traverse l’écran de haut en bas et vient s’écraser sur le crâne du plus jeune. Il porte sa main à sa tête et crie quelque chose qu’on n’a pas postsynchronisé. A côté de lui, le vieux est pris d’une crise de fou rire. Il se tourne vers la caméra et, avec ses deux mains, fait signe de couper. FIN "Ça nous change des films américains à gros budget. - C’est bien ce qui m’inquiète : rien qu’avec la recette de c’te séance, i z’ont de quoi en faire un autre de la même trempe." |
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