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Interview De Ramon Lacheminais |
- Rayon Noir du Polar : Bonjour Ramon, je viens de lire votre premier polar « Le cadavre était dans le frigo », un polar glacial comme dit la quatrième de couverture … - Ils ne se sont pas foulés, frigo, glacial, même moi je n’aurais pas osé le faire, enfin, passons, l’éditeur devait être un peu fatigué sur ce coup, mais excusez-mo, je vous ai coupé la parole … - Oui, mais avant de parler de ce polar, parlez-nous de vos précédentes expériences, avant ce polar qu’avez-vous écrit ? - Comme beaucoup quand j’étais jeune, même si je ne suis pas très vieux, je veux dire quand j’allais au lycée j’ai commencé par écrire des poèmes, j’avais même écrit tout un recueil consacré aux coquelicots - Vous aimez les coquelicots ? - C’est ma fleur préférée, je me souviens de mon premier poème qui commençait ainsi : Coquelicot, coquelicot Fleur magique des champs - après je ne me souviens plus très bien mais je crois que coquelicot rimait avec cocorico, une rime riche … - En effet un coq dans un champ de coquelicot ça fait écho … - Oui j’avais casé aussi une rime avec haricot … - De plus en plus champêtre, mais ça nous éloigne de notre frigo - Tiens ça rime avec coquelicot, vous êtes poète vous aussi ! - Revenons à notre frigo … je crois qu’il était fermé de l’intérieur ? - Oui c’était un vieux modèle, on n’en fait plus. - Heureusement, c’était dangereux ! - Oui des gens se sont suicidés de cette façon, ils voulaient se transformer en glaçons … tiens, façon/glaçons ça rime encore ! - Je vois que vous aimez la poésie ? - Oui une fois qu’on est tombé dedans difficile d’en sortir. J’avais d’ailleurs commencé à écrire un polar en alexandrins, pour les deux premiers vers j’avais deux belles rimes : flingue et dingue, ça allait bien ensemble. - Oui, flingue, dingue, fringue, bringue … mais revenons à votre parcours, avant le polar et après vos coquelicots, est-ce que vous avez écrit autre chose ? - Comme tout le monde j’ai écrit un roman roman, je veux dire un truc sérieux, sur une écologiste qui voulait cultiver des coquelicots … - Des coquelicots encore ! - Oui je crois que c’est depuis que j’ai écouté la chanson de Mouloudji, comme un petit coquelicot … - Une chanson triste … - Un vrai roman noir, un amant jaloux qui troue la peau de sa bien aimée, c’est vraiment pas beau … - Et ? - Et quoi ? - Bien ce roman roman, quel était son titre au fait ? - La reine des coquelicots ! - Qu’est-il devenu ? - Refusé par des dizaines d’éditeurs, ils ne devaient pas aimer les coquelicots ! Alors le manuscrit j’en ai fait du compost pour mes coquelicots. - Ah parce que vous cultivez des coquelicots ? - Bien sûr ! C’est ma fleur préférée. - Oui vous l’avez déjà dit, et qu’est ce que ça a donné ? - Un très bon compost, mes coquelicots sont magnifiques. - Et après cette période blanche, vous êtes donc venu au polar ? - Non, pas tout de suite, je me suis lancé dans la SF, j’avais un sujet vraiment original … - Le futur des coquelicots ? Non je plaisante … - Tiens je n’y avais pas pensé, bonne idée, je la garde, mais non, là j’avais eu une idée géniale, j’avais imaginé un futur où les hommes avaient créé un paradis, un monde sans argent … - En effet l’idée semble originale. - Et alors que se passait-il dans ce roman ? - Rien, les gens s’emmerdaient comme des rats morts ! - En effet, il ne devait pas y avoir beaucoup d’action … - Aucune ! Les gens se levaient le matin pour aller travailler, le soir ils rentraient pour manger et après ils regardaient la télé et ils allaient se coucher. - Pas très passionnant, en effet. Et il faisait combien de pages ? - 1275, j’avais décidé de raconter la vie d’un village de 1275 âmes. - 1275, comme le roman de Raymond Ellroy ? - Non, James Chandler ! - Vous êtes sûr ? - Non, à moins que ce soit Nick Corey ? - Bon, là n’est pas le propos, alors ce roman de SF ? - Comme l’autre, il a servi de compost. - Pour les coquelicots ? - Exact, ce futur sans argent les a boostés, ils ont doublé de volume. - Et donc vous êtes venu au polar ? - Pas encore, j’ai essayé le porno. - Et ça a marché ? - Je pensais que ce n’était pas compliqué, qu’il suffisait d’écrire quelques scènes de cul et que c’était in ze pocket. - On peut en savoir plus ? Il parlait de quoi ce roman ? - J’avais trouvé un titre magnifique : Coco Licot la reine des suceuses. - Coquelicot ? Encore ! - Non, Coco Licot en deux mots, Coco comme Coco Chanel, et Licot comme Licot. - Ah oui j’ai compris, une sorte de jeu de mots bien trouvé … - N’est-ce pas ? J’étais assez content de moi ; voyez-vous cette gamine, qui s’appelait en fait Gertrude Grossaint … - Gros seins ! Un nom prédestiné ! - Le hasard ! Donc cette Gertrude avait été séduite par un voisin et qui l’avait culbutée dans un champ de coquelicots … - Comme par hasard ! - … Puis qui l’avait abandonnée et la pauvrette pour survivre avait eu l’idée de devenir actrice X - Comme c’est original ! - N’est-ce-pas ! Donc pour arriver à ses fins, elle s’était fait appeler Coco Licot en souvenir de sa première expérience au milieu des coquelicots. - Ça commence à devenir fumeux … Et qu’est ce qu’elle est devenue votre héroïne ? - Bin, elle est devenue écologiste et … - Laissez-moi deviner, elle s’est mise à cultiver des coquelicots comme l’héroïne de votre roman-roman ! - Bravo vous avez tout compris ! - Et ce roman, il a été publié ? - Non, au compost, comme les autres ! - Et vos coquelicots ont triplé de volume ? - Tout-à-fait ! - Pour en revenir à votre polar … - Désolé, mais c’est l’heure d’arroser mes coquelicots, revenez une autre fois ! - Chers lecteurs, c’était l’interview de Ramon Lacheminais, l’auteur de « le cadavre était dans le frigo » chez l’éditeur bien connu Le Rayon Noir du Polar !
FIN |
Depuis sa mise en ligne vous avez été 423 visiteurs à consulter cette page Vos commentairesJ'ai descendu dans mon jardin Pour y cueillir du romarin. Le vendredi 18 Mai 2018 Vos commentaires
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