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Le Chat De L'empereur |
C’était en un temps où nul homme n’avait le droit de séjourner dans le palais de l’empereur à nuit tombée, hormis l’empereur lui-même, les eunuques, et les femmes, épouses, concubines, odalisques ou servantes… En ce temps-là il y avait un jeune étudiant nommé Thui qui vivait dans la capitale et cet étudiant préférait la débauche à l’étude. Un soir où Thui avait bu plus que d’ordinaire il jura qu’il passerait toute une nuit dans le palais de l’empereur, et la vantardise fit le tour de la ville, pour parvenir enfin aux oreilles de l’empereur qui éclata de rire et dit que si l’étudiant Thui parvenait à passer toute une nuit dans le palais, lui, l’empereur, promettait de se faire eunuque après lui avoir fait couper la tête. Or donc une nuit, Thui fut réveillé par un fantôme : Thui n’avait pas pensé que la rosée pourrait délaver la cendre ! Si bien qu’aux premières lueurs du jour on découvrit un homme nu errant dans les jardins. Quel émoi ! On courut appeler l’empereur qui était aussi blême que Thui : l’un se voyait perdre ses précieuses, et l’autre la tête ! C’est alors qu’une idée vint à Thui : il se mit à quatre pattes et se mit à miauler ! Aussitôt l’empereur dit : - C’est un chat ! Et comme personne n’osait contredire l’empereur, on acquiesça ! - Sais-tu que je pourrais te faire castrer, le chat ? Et Thui ronronna : - Sais-tu que je pourrais dire que je suis un homme et que tu le serais aussi, mon maître ? L’empereur se redressa vivement : - C’est bien un chat ! Voulant l’humilier tout en gardant ses précieuses, il ajouta aussitôt : - Qu’on lui donne du lait, du poisson cru, et des souris, et qu’on reconduise ce chat dans sa demeure. Et pour qu’il ne lui arrive rien en route j’ordonne que dix hommes d’armes ouvrent la marche et que dix autres marchent derrière.
Un héraut criait à tue–tête : Thui resta cloitré tout le restant de la journée, de crainte des tueurs que l'empereur ne manquerait pas de dépêcher pour qu'il ne parle point. À nuit tombée il s'enduisit de cendres et disparut. Quant à savoir s'il s'introduisit de nouveau de nuit dans le palais de l'empereur, aucune femme, concubine, odalisque, ni même la moindre servante ne s'en est jamais vanté ! |
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