L'honneur De La Traîtrise une nouvelle de Nadège Ango-Obiang


L'honneur De La Traîtrise

par

NADEGE ANGO-OBIANG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Honneur De La Traîtrise

Concours mensuel de nouvelle d’octobre 2007. Drame.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La pesanteur. C’est cela. Une sensation de pesanteur. Lourde, incontinente, sans grâce. J’avais mal. Si mal, sous ces chaînes que je ne portais plus. Mes rêves me saisissaient, mes rêves me trahissaient et m’offraient à des douleurs bien trop profondes pour un être humain. Et pourtant, nous étions des centaines, et peut-être des milliers dans ce cas. L’homme Blanc n’avait que faire de notre souffrance, d’un orgueil perdu, de la fierté d’appartenir à un peuple égal ou supposé être égale à un autre. J’appartiens au clan Mveign. Qui s’en souci ici où tous les nègres se confondent et sont confondu. Pourtant, dans une nuit qui me semblaient pareille à tant d’autres, des hommes robustes m’ont saisit sur ma couche et traîné pendant toute la nuit jusqu’au sous-sol noir et puant d’un bateau. Cette horreur qu’un jour mon père avait publiquement dénoncé. Les peuples de la côte en faisaient un commerce très lucratif. J’eu l’horrible douleur de découvrir, après plusieurs jours de traversée, qu’une de mes sœurs avait également été enlevée. Pour faire taire mon père, on lui avait enlevé deux de ses enfants. La colère ne servait à rien, mais impuissant je la sentais m’envahir et brûler mes veines sans qu’il soit possible de l’éteindre. Injures, violences, fouet. On était tous mort à l’arrivé. Je suivais les autres en vaincu. Ils m’avaient anéantis. Dans ma chair, mon esprit, des sensations que je ne connaissais pas. Par-dessus tout, j’avais en tête les rires d’un plaisir de profanateur que ces hommes à la peau en inflammation avaient et des pleurs de nos sœurs. On racontait dans les cales qu’elles n’avaient pas de répit. Les hommes se les passaient sans s’en lasser.

 

Les mois qui passaient n’avaient eut aucun effet sur ma conscience. Je fus surpris de voir que l’aspect d’un être humain déterminait sa supériorité absolue. Sur le grand marché aux esclaves je fus immédiatement retirer de l’estrade. Je compris bien assez vite que toute les personnes à la peau claire était retiré de l’estrade. Issu du peuple Fang, nous étions nombreux à avoir la peau jaunâtre. Mais ma petite sœur était née avec une peau d’ébène. Et voilà que je suis converti. Je dis mais, avant de désigner ma sœur. Voilà comment des enseignements barbares prennent du pouvoir. On la vendit, complètement nue. Et elle partit. Je vis bien qu’elle ne voulait pas me regarder. Et elle est partie. J’eus une femme. J’eus plutôt des femmes. A aimer, à ensemencer. Je préférais ne pas aimer. Les Blancs m’aimaient bien. Il trouvait ma présence moins insultante. En Caroline du Sud c’était un privilège. A l’occasion je surveillais d’autres esclaves dans les plantations, et à d’autres j’accompagnais certains maîtres dans des tâches « plus propres ». Je prenais de l’âge, mais j’étais mort il y’a longtemps. Je dû reprendre le bateau pour l’Afrique. Quand il me l’annonça, le maître me fit très clairement comprendre que je reviendrais avec eux. Je regardais les plantations de coton qui s’étendais à perte de vu avec l’espoir bien sûr stérile que je ne les reverrais plus. Les femmes éreintées portaient de gros ballots, avec entre leurs jambes des enfants, quelques fois des mulâtres. Ces créatures que certains hommes noirs avaient du mal à regarder en face. Il rappelait trop souvent la violence en plein champs, au détour d’une ruelle, dans une chambre à nettoyer, ou sur un ordre tout simplement.

 

Deux autres esclaves m’accompagnaient. Au début méfiant, nous avons fini par nous parler. Ils venaient tous les deux du Sénégal et n’avaient toujours pas réalisé qu’ils avaient été vendu par leur propre peuple. Sans chaîne au pied, sans fouet violent sur le dos, le voyage nous paru moins pénible. Mais notre arrivée fut des plus violents. Lorsque le bateau accosta sur les côte gabonaise. Une bonne dizaine de jeune filles nous attendaient, ou plutôt attendaient la descente des hommes Blancs. Ils furent accueillit de sourire et cadeaux. Les filles se faisaient aguicheuse au grand dam des deux autres esclaves qui avaient tout comme moi en mémoire les viols de ces hommes sur des femmes de leur race. Un homme avec des habits coutumiers s’avança, démarche inspiré de l’instruction des grand colons. Il se dégageait de cet individu un sentiment de noblesse. On les surnommait les rois, bien qu’il ne fut en réalité que chez coutumier. Je l’avais déjà vu, plus jeune. Il me regarda avec une sorte de ricanement.

 

- Le temps a passé, dit le chef coutumier dans un anglais qu’il voulait élégant. Ça va là bas ?

 

Il continua de ricaner. C’étaient les ennemis de mon père. Il était plus qu’évident qu’ils restaient à l’origine de ma déportation, de ma déshumanisation. En fidèle esclave, je restais de marbre. Le chef coutumier se mit à l’écart avec deux des hommes blancs et désignaient sans cesse les jeunes filles retourné s’asseoir sur le tronc des cocotiers. Il en désignait surtout une qui portaient le même pagne supposé princier que lui. Elle était chétive, et d’une peau noire absolument sans défaut. Les eux autres esclaves qui comprenaient par sous-entendu échangèrent brièvement un coup d’œil. La foule s’éloigna après que les quelques présents que nos maîtres aient été déballé. Le chef du bateau fit signe à ses matelots pour regagner le navire. Les dix jeunes filles entrèrent dans le bateau. Un immense pincement au cœur me saisit. J’avais honte. De quoi ? je ne sais pas. Mais j’avais honte, de ce que j’étais, de ce que les personnes de ma condition pensait être obligé de faire pour avoir une vie meilleur. La fille du chef coutumier entra en dernier. Dans un grand éclat de rire, le capitaine la happa au passage et la jeta grossièrement dans les bras d’un matelot surnommé Fish. Il avait un début de lèpre, et le message glissé dans la correspondance de la fille d’un chef vers ce matelot que tout le monde fuyait était éclatante.

 

- Attention, fit le capitaine en riant bruyamment, elle s’appelle N’tangani ! c’est la fille d’un grand chef de l’estuaire. Nous sommes leurs esclaves ! Ensemences là ! Sinon elle sera maudite !

 

Le capitaine, les huit autres membres de l’équipage, descendirent dans la cale du bateau avec les neuf autres filles. Chargés de surveiller le pont nous regardâmes éberlués, Fish arraché le pagne à N’tangani et la chevaucher à quatre pattes à même le parquet. Les rires du capitaines me vinrent dans les oreilles et je me dis qu’il avait raison de rire. Fish s’amusa avec la fille du chez une bonne demi-heure puis il la traîna comme ivre vers la cale. Nous n’échangeâmes aucun mot, ni regard. En Amérique, elle étaient forcés de coucher avec des hommes Blancs. Ici, sur les côtes Gabonaises, quelque chose nous dérangeait.

 

- Hé ! Vous trois, on a besoin de vous !

 

C’était le capitaine. Nous le suivîmes dans le sous-sol du bateau le plus vite possible. Toutes les filles étaient nus. N’tangani était déjà occupé avec deux autres matelots. Saurait-elle qui sera le père de son enfant, ou seule la couleur apporte la gloire ? Adossé, contre une des parois du bateau. Cinq des filles, plus tard, furent jetés sur le sol par leurs partenaires multiples et déjà lassés.

 

-  Allez-y, fut le chef en nous désignant les filles toutes humides du spermes de ses hommes. »

 

Des cris d’ effroi nous répondirent. Les cinq jeunes filles dont N’tangani nous regardèrent avec un dégoût qui me donna envie de disparaître.

 

- ah, non ! s’écria N’tangani. Pas de nègre ! On ne veut plus de ça chez nous !

  • C’est pas ce qui a été convenu avec nos familles.

  • Mais on veut s’amuser encore, dit le chef.

  • Notre clan ne l’acceptera jamais. Nous sommes jeunes, nous avons une coutume. Nos premiers enfants doivent être Blancs, sinon on sera comme banni.

 

Je ne connaissais pas cette coutume. Vu mes cheveux gris, je me dis qu’elle a toujours exister mais qu’elle s’est renforcée avec la consécration de l’esclavage du peuple noir. J’avais entendu dire que les habitant de la côte devenaient des assimilés à la culture occidentale. Mais de là à s’effacer soi-même….

 

- Moi, je n’accepte pas, repris N’tangani. Les nègres c’est des sauvages. Mon père m’a dit de me méfier de celui-là, continue t-elle en me pointant du doigt. Ces gens viennent du Nord il sont plus sauvages que les autres, de vrais envahisseurs. Un enfant de lui et on me tue ! mon enfant doit avoir un père blanc c’est obligé !

 

  • Un père, reprend la capitaine d’un air éberlué mais tu en as déjà eu six dans le cul, et ça va continuer.

 

La fille, comme les autres haussent les épaules avec désinvolture. Pas de nègre dans le clan. Du moins pour le moment. Les quatre autres matelots ayant fini leurs travaux avec les autres filles se saisissent de N’tangani et de ses compères. Et la tragédie reprend de plus belle sous mes yeux. Dans quelques jours des esclaves occuperont cet espace remplit de sperme, empreinte d’une féminité offerte et auto mutilée. Un autre outrage à notre martyr indéfini. Quelques heures plus tard du pont du bateau nous les regardâmes s’éloigner. Et dans ma douleur, une sentiment d’hilarité s’empara de moi comme face à une situation ridicule. Sur le tronc du cocotier, d’autres jeunes filles et même des femmes avaient pris la place des précédentes qui disparurent rapidement dans les ruelles de Libreville, gardant sûrement bien au chaud la bénédiction des nouveaux ancêtres. Sur signe du capitaine, les douze femmes quittèrent le tronc du cocotier et se dirigèrent vers le bateau. Quelques-unes unes nous jetèrent des regards de dégoût en traversant la passerelle. Les deux autres esclaves, comme ressentant mon dépassement de la situation éclatèrent de rire.

 

  • C’est fichu, dit l’un d’eux.

  • Elles viennent chercher les enfants Blancs, ironisa l’autre sans rire. Elles vont pouvoir commander le monde avec ça.

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