Les Enfants D'eden (conte Philosophique) une nouvelle de Jean-Claude Renoux


Les Enfants D'eden (conte Philosophique)

par

JEAN-CLAUDE RENOUX

(Mémoire de l’érudit Théophile de Nîmes, rédigé suite à l’ordonnance 2089 NZ 2113 du conseil suprême théocratique des Bergers de la Chrétienté sis à Rome, en date du 1er mars 2113, sur ce qu’il est convenu communément d’appeler les Enfants d’Eden.)

Nîmes le 8 juillet 2113

Très chers Pères et méritants confrères Bergers ;

À l’heure de rédiger le rapport que vous avez eu l’indulgence de me croire capable de composer, et tout en vous assurant de ma gratitude pour la confiance dont vous m’avez honoré, je ne puis vous cacher la grande perplexité qui m’habite, au moment de conclure mon mémoire, tant je suis impuissant à tirer des conclusions claires et immédiatement intelligibles, susceptibles d’être érigées en dogmes indiscutables, concernant le douloureux et consternant prodige dit des “ Enfants d’Eden ” auquel la Chrétienté et les autres empires théocratiques sont aujourd’hui confrontés. Je crains fort de vous décevoir, la question qui nous est posée appellant plus de questions que de réponses, ce qui, je l’avoue, et vous en conviendrez, à de quoi dérouter le théocrate dévoué, obéissant et convaincu que je suis. La mutation en cours ne peut être comparée à la précédente, celle des femelles. Je mesure tout le péril que fait courir le phénomène aux empires théocratiques qui ont tant œuvré pour la plus grande gloire de Dieu, et pour la paix entre les intégrismes de toutes obédiences. Il existe un risque de disparition de l’ordre théocratique nouveau, je ne vous le cacherai pas, et je sais que dans votre infinie sagesse vous en êtes vous-mêmes conscients. Avec toute l’humilité de l’érudit croyant que je suis, je crois être mieux inspiré en vous laissant le soin de tirer vous-mêmes les conclusions que la Foi vous dictera. Je ne doute pas un seul instant que Dieu vous fera la grâce, tôt ou tard, de vous éclairer de ses lumières comme il l’a toujours fait.
Dans un premier temps, j’exposerai ce qui à première vue vous apparaîtra comme des généralités sur l’histoire de notre société théocratique, dont on s’accorde, vous le savez tout aussi bien que moi, à dégager trois âges. Si je procède ainsi, c’est que j’espère que dans son infinie miséricorde Dieu nous accordera la transmission de ce mémoire aux générations futures de Bergers, pour qu’ils mesurent toute l’étendue de l’épreuve que les vrais croyants ont eu à affronter en ces temps de consternation. Après ce rappel sommaire, j’exposerai le prodige qui nous préoccupe tant, et les conclusions imparfaites auxquelles je suis parvenu, dans l’incapacité de soumettre à vos avis éclairés quelque solution que ce soit pour parer au péril.
Je vois bien le mal, je puis en décrire les symptômes, mais dans mon esprit point de remède qui s’y présentât !
Lorsque la rumeur parvint aux Bergers qu’un enfant bleu était né à Pékin le soir de Noël 2099 de l’ère chrétienne, puis un autre à Jérusalem, puis un autre à Marseille, et que le monde se peuplait d’enfants de la même couleur bleue, aux yeux jaunes en amande, aux oreilles réduits à des fentes, des enfants toujours souriants qui sifflaient des mélodies dès la naissance, l’information nous plongea d’abord dans un désarroi légitime et explicable. Certes Elus parmi les mâles consacrés, nous n’en demeurons pas moins des fétus dans la main de Dieu et, comme l’écrivit l’un des Pères de l’ancienne Eglise catholique, notre esprit est parfois confronté à un dessein si grand qu’il nous est en partie inconcevable.
(Certains Bergers, que je ne citerai pas mais que tous reconnaîtront, dont l’audace frôlerait décidément l’hérésie, virent dans le prodige qui retient toute notre attention le doigt de Dieu multipliant les Messies. Que notre Seigneur multipliât les pains et les poissons, nul n’en doute, puisque cela est attesté par les textes sacrés. Mais qu’il multipliât les Messies, c’est là trop d’impudence !
Que l’événement se produisît un soir de Noël ne pouvait être, certes, le fruit du hasard ! Est-il de hasard pour Dieu ? La réponse est non, bien entendu. Je vous rappelle cependant qu’on discuta longuement dans les conseils théocratiques, par acquis de conscience, et à cause de l’affectation certaine pour les palabres interminables qui nous caractérisent, nous autres Bergers, pour savoir si ces enfants étaient créatures de Dieu ou du diable. Le point de vue selon lequel seul Dieu est créateur l’emporta aisément dans tous les empires théocratiques. C’était la sagesse même. Vous prîtes donc la décision avisée d’attendre et de voir venir. Reconnaissons que les conseils théocratiques en ont vu d’autres en matière d’évolutions surprenantes, comme nous le verrons plus loin ! Le pouvoir théocratique en avait été jusque-là renforcé. (Je n’ose pas dire confirmé, car certains, prompts à se gausser de leurs méritants confrères Bergers, y verraient une confusion sacrilège avec la cérémonie d’admission des mâles consacrés au sein de la sainte caste !) Cette mutation des mâles entiers et des femelles n’est donc pas la première épreuve à laquelle les Bergers sont confrontés, depuis que la théocratie a remplacé les anciennes nations du globe. À bien y penser, ce fut la deuxième grande mutation en l’espace de vingt années !
Reprenons les choses à leur début, je veux dire au début de l’ère théocratique. Lorsqu’une succession de catastrophes naturelles anéantit les anciennes civilisations, les intégristes du monde entier (que leurs souvenirs nous habitent pour les siècles des siècles), y ont vu fort justement le doigt de Dieu, et l’aube d’une ère nouvelle. Nous savons tous que le partage du globe en zones d’influences n’a pas posé de problèmes particuliers : la dévastation de l’ancienne civilisation et la crise généralisée des systèmes politiques laissaient champ libre aux théocrates. De gré ou de force, le monde entier se convertit à l’une ou l’autre religion monothéiste. Le désarroi fit le reste : les réticents et les nouveaux convertis ne furent pas les derniers, Dieu merci, à se trouver de bonnes raisons d’adhérer au nouveau cours des choses. Le confort moral a des vertus que la conviction n’a pas toujours, c’est un fait que nous connaissons depuis longtemps.
Les danses, les chants, la poésie furent à juste titre interdits comme émanations du diable. Pour les derniers récalcitrants, la science profane ancienne, loué soit le cheminement de Dieu, vint à notre secours : le laser permettait en effet, en un point précis du cerveau, situé entre les deux hémisphères, de supprimer toute capacité à rire et à rêver, sans avoir recours à aucune opération chirurgicale proprement dite. Il est vrai que mourut beaucoup de monde en ce temps-là, et que pour les survivants la durée de vie diminua de moitié ! Je ne vous apprendrai rien en vous rappelant que les desseins de Dieu sont impénétrables !
De cette castration de l’imaginaire découla sans doute quelque temps plus tard la première mutation des femelles, que j’évoquerai plus loin.
La mise au pas des esprits permit alors à la théocratie de généraliser l’organisation sociale, et la division des tâches que l’on connaît encore aujourd’hui. Les bienfaits en sont indiscutables en regard des errements passés. Les mots homme et femme disparurent du vocabulaire. Les mâles furent divisés en deux ordres distincts : les Destinés, qui sont appelés à rejoindre la caste des théocrates. Et les Ecartés, qui alimentent le troupeau des producteurs et des reproducteurs. Quant aux femmes, on ne les nomma plus autrement que Tombées.
Pour environ quarante-cinq pour cent des enfants mâles qui rejoignaient à sept ans les maisons de prières, la confirmation consistait en la castration réelle qui les séparait dès lors complètement de l’ordre des Ecartés et de leurs appétits sordides envers l’autre sexe. N’était-il pas dit dans les Ecritures “ certains se feront eunuques par la grâce du Père ? ” Leur vie, dès lors, serait vouée à l’étude des textes sacrés, à la prière, aux processions et aux chants consacrés. Ils apprendraient les vertus de l’abstinence, de la rhétorique théocratique, de l’obéissance aux Bergers et aux Pères de la Chrétienté, pour ce qui nous concerne, et aux préceptes des Saintes Ecritures. Il n’est de jouissance, c’est bien connu, que de l’esprit, encore faut-il être élu pour bénéficier de ses bienfaits.
Plus tard, beaucoup plus tard, certains seraient enfin admis à émettre au sein des conseils théocratiques des avis autorisés et accéderaient ainsi à la dignité de Berger.
Avant d’évoquer la première mutation, il me faut rappeler la vie quotidienne des Ecartés et des Tombées au premier âge de l’ère théocratique. La castration du rêve, à ne pas confondre avec la castration réelle des Destinés, outre la forte mortalité et la diminution de l’espérance de vie dont j’ai déjà parlé, eut des effets infiniment bénéfiques sur la production. Les Ecartés et les Tombées travaillaient dorénavant pratiquement tout leur temps d’éveil, d’autant que le sommeil était lui-même diminué de moitié. Cette castration, que mon confrère Berger érudit Philippe de Budapest nomma castration imaginaire pour la distinguer de la confirmation des Destinés, eut aussi pour conséquence de réduire considérablement l’appétit que l’un et l’autre sexe éprouvaient jusqu’alors l’un envers l’autre. Cela nous inquiéta cependant fort, nous autres Bergers, qui voyions dans le commandement “ Croissez et multipliez dans le mariage ” une injonction divine nécessaire à la reproduction de l’ordre théocratique. Puis nous nous sommes réjouis quand nous avons constaté que cette inappétence ne supprimait pas complètement la fonction. Nous avons donc proclamé que la vertu l’emportait dorénavant sur le péché, le Bien sur le Mal. Nous louâmes Dieu de réaliser ainsi les desseins millénaires des théocrates qui nous avaient précédés dans la voie de la grâce et du royaume divin (que leurs saints noms soient vénérés dans les siècles des siècles). Les Ecartés et les Tombées continuèrent ainsi de produire et de se reproduire.
C’était merveille de voir les chasubles d’or et les bijoux produits dans les ateliers théocratiques, pour agrémenter les processions qu’organisaient les Bergers, pour la plus grande gloire de Dieu et l’édification des Ecartés et des Tombées. Il ne faudrait pas croire en effet que cette vie besogneuse fût sans distractions.
Une fois par mois, Bergers et Destinés processionnaient dans les villes. Il fallait voir alors Ecartés et Tombées à genoux (que le conseil me pardonne ce jeu de mot auquel je n’ai pu résister), massés sur le parcours, recueillis, les mains jointes, humant les effluves d’encens et écoutant les chants consacrés qu’il leur était interdit de reprendre.
L’émotion m’étreint encore le cœur à cette évocation !
Pour obéir au commandement “ tu ne te pollueras pas au contact d’une Tombée impure ”, au premier âge de notre société théocratique les Bergers créèrent les maisons de pénitence, où les femelles s’isolaient le temps de leurs menstrues. Ces maisons tombèrent en désuétude lorsque intervint la première mutation.
(Je dois préciser pour mémoire qu’avant même la perturbation des cycles des Tombées, ces dernières avaient perdu l’usage de la parole. Elles ne s’exprimaient plus que rarement, et par signes, alors que les Ecartés eux-mêmes n’utilisaient plus les vocables que lorsque la nécessité l’exigeait. Encore ne s’agissait-il que de grognements expressifs et d’un vocabulaire sommaire, ne dépassant pas une cinquantaine de mots selon l’érudit Marc de Berlin qui a étudié la question. Ce phénomène est bien connu aujourd’hui sous le nom d’aphrasie. Loin de nous alarmer, nous avons considéré l’événement comme une chose qui servait nos desseins.)
Hélas, hélas, trois fois hélas, il intervint ensuite une crise qui nous inquiéta fort, nous autres Bergers. Nous craignîmes, un moment, que le chaos s’instaura au sein de la bonne ordonnance théocratique. Que le désordre vînt des femelles n’était cependant pas pour nous étonner. Les Tombées avaient de moins en moins besoin de se recueillir dans les maisons de pénitence, puisque leurs menstrues étaient soumises à des périodes de latence de plus en plus longues, à un rythme que les érudits jugeaient anarchiques. La mutation achevée, les Bergers consternés observèrent que les Tombées n’avaient plus leurs règles qu’une fois dans l’année, toutes à la même période. Il y avait là de quoi désorienter les vrais croyants, d’autant que c’est précisément à cette période que Tombées et Ecartés retrouvaient goût les unes pour les autres, et inversement. Pour juger du désarroi qui régna alors chez nous autres Bergers, il me faut encore préciser, à ma grande confusion, que le besoin impératif de forniquer s’empara aussi des femmes non mariées, nombreuses, puisque j’ai pris soin de préciser, pour une bonne compréhension de ce qu’il advint dans les empires théocratiques, que quarante-cinq pour cent des mâles étaient Destinés.
Pour l’heure, revenons au grand rut qui nous affecta fort lorsqu’il se produisit pour la première fois. Durant cette semaine démoniaque, dont l’évocation me fait rougir, les Tombées feulèrent lamentablement en attendant d’être couvertes par le premier mâle venu. Ce n’était qu’orgies sommaires et répétées, Tombées et Ecartés étant capables de s’accoupler jusqu’à vingt fois par jour. Ils ne songeaient plus à se nourrir et ne dormaient plus. Les échos de cette bacchanale infernale parvenaient jusqu’aux maisons de prières, où Bergers et Destinés priaient jour et nuit. Enfin les feulements cessèrent progressivement. Tombées et Ecartés, amaigris, hébétés, pantelants, reprirent la voie de la raison théocratique, et s’en retournèrent à la production.
Le scandale perdura et se reproduisit chaque année.
Ce rut étant apparemment impératif, et puisqu’il s’avéra neuf mois plus tard que dorénavant les menstrues correspondaient à la période où les Tombées étaient fécondables, nous autres Bergers prîmes les mesures qui s’imposaient, et qui nous honorent, en décidant d’assumer le poids des péchés du monde. Durant le mois qui suivit cette débauche abjecte, et dès lors chaque année, on nous vit parcourir les rues des cités par groupe de trois, nous flagellant, pleurant pour le salut de l’âme des Ecartés. (Il y avait beau temps que nous avions enfin décrété que par définition les Tombées n’en avaient point, d’âme). C’est ainsi que s’instaura ce que mon méritant confrère Berger érudit Pierre de Dakar, sage parmi les sages des conseils théocratiques, appela le second âge de l’ère théocratique.
Après cet exposé succinct de l’historique des deux premiers âges de notre ère, je puis poursuivre la chronique dont le conseil suprême théocratique des Bergers de la Chrétienté me demanda de faire le récit, pour que, les Bergers qui nous suivront (peut-être) aient mémoire des événements qui agitent aujourd’hui les empires théocratiques.
Les enfants bleus grandirent.
On s’aperçut que les mutants des deux sexes avaient non seulement la capacité de siffler, mais que leur mélodie était audible, pour eux seuls, jusqu’à dix kilomètres à la ronde. Nous avons tous eu loisir d’observer un de ces petits êtres tourner la tête et écouter attentivement avant de siffler à son tour. Il est avéré maintenant que les messages ainsi transmis de proche en proche font le tour du globe. De là, nous avons déduit que ces enfants bleus parlent, ou tout au moins ont un langage commun !
Ce n’est pas là le seul prodige auquel nous assistâmes. (Cet aspect de leur capacité convient d’ailleurs d’être relativisé ; nous savons de sources sures que dans les anciennes civilisations, les hommes pouvaient déjà communiquer à l’aide d’ordinateurs d’un point à l’autre de la planète.)
Le plus surprenant, et ce qui leur valut le nom d’Enfants d’Eden, fut cette propriété, parvenus à l’âge de la puberté, de faire pousser alentour des fleurs et des arbres fruitiers, même au sein des cités. On vit ainsi des pêchers et des cerisiers se frayer un passage entre les pierres des chaussées ou fendre le glacis du meilleur des bétons.
Est-ce la mélodie ? Est-ce les fruits de ses arbres profanes ? Chaque enfant bleu devint en quelque sorte le centre vital des Ecartés et des Tombées des environs. Certains Destinés, de plus en plus nombreux, quittent les maisons de prière pour se mêler aux impurs. Il est à craindre que le sentiment qu’ils éprouvent pour les Enfants d’Eden ressemble par bien des aspects à ce que les anciennes populations nommaient Amour. J’ai conscience de la gravité de cette hypothèse. Nous savons tous que dans nos sociétés théocratiques il n’est d’Amour que de Dieu. Je m’en remets, très chers Pères et méritants confrères Bergers, à votre discernement. Puisque vous m’avez fait l’honneur de me désigner comme votre rapporteur, croyez que, quoi qu’il m’en coûte, j’entends ne rien taire au risque de vous alarmer et de vous peiner.
J’en viens à la conclusion et aux hypothèses qui affectent mon esprit perturbé.
La situation est sérieuse, ne nous le cachons pas. Bien sûr, nous pourrions recouriaux bûchers, comme le firent les vrais croyants des temps anciens (que bénis soient leurs saints noms dans les siècles des siècles). Je vous rappellerai cependant que nous n’avons jusqu’à présent jamais eu recours à cette extrémité. Je redoute que les Destinés qui nous sont encore obéissants se rebellent contre ce manquement grave à nos nouvelles traditions. Il ne vous échappera pas non plus que, puisqu’il n’y a point d’autres enfants nouveaux que ces enfants bleus, nous ne soyons appelés nous-mêmes à disparaître. Nous sommes, nous Bergers, pécheurs dès la naissance, fruits coupables de l’accouplement grossier entre un Ecarté et une Tombée. Si Dieu le veut, qu’il en soit ainsi ! Nous pourrions pour sa plus grande gloire accepter l’éventualité d’une éradication de l’espèce humaine.
Mais comment s’assurer que telle est bien la volonté de Dieu ? Et qui donc le louerait si nous n’étions plus là ?
Le voudrions-nous d’ailleurs que nous ne pourrions pas détruire cette engeance. Je sais combien il est désagréable pour un théocrate de ne point se satisfaire des jeux de l’esprit, et de se confronter à la condition sordide de notre réalité humaine. La réalité, dans ce cas précis, demande cependant à être examinée avec tout le soin que mérite la situation. Dans tous les cas de figure, il en va de notre survie et de notre salut. Il nous faut considérer que les Tombées et les Ecartés se révolteraient si nous tentions d’éradiquer la race des Enfants d’Eden. Ils se montreraient bien plus radicaux que les Destinés. Nous risquerions fort de nous retrouver, nous autres Bergers, sur les bûchers affectés aux hérétiques. Pouvons-nous envisager un seul instant de laisser les Tombées et les Ecartés ainsi livrés à eux-mêmes ? Que deviendrait le troupeau sans Bergers ?
Ma pensée s’insurge devant une telle perspective. Je ne doute pas que vous ne partagiez mes réticences. Nous avons une responsabilité envers Dieu, et envers les Tombées et les Ecartés. Nous avons pu juger lors de la première mutation, dite des menstrues, leur capacité à s’écarter des voies sacrées de la raison théocratique. Je ne conçois pas que l’adversité à laquelle nous sommes confrontés puisse nous détourner de notre mission.
D’autres questions restent aussi sans réponses. Les Enfants d’Eden se reproduisent-ils ? Il est trop tôt pour le dire ! Nous n’avons pas encore d’exemple d’accouplement et de procréation chez cette engeance. Si oui, les mutants donneront-ils naissance à des êtres à leur ressemblance ? Ou bien les enfants retrouveront-ils leur couleur naturelle, blanche, jaune ou noire ? Quand bien même ces enfants renoueraient-ils par leur aspect avec leurs grands-parents, n’hériteront-ils pas de la même disposition à communiquer que leurs parents et, plus préoccupant, de cette aptitude à rêver des anciennes populations ?
Verrons-nous après l’Eden triompher Babel ?
Au regret de vous décevoir, et profondément chagriné à l’idée d’avoir failli à ma mission, de ne pas m’être montré digne de votre confiance, je tiens à vous assurer, bien chers Pères et méritants confrères Bergers, de toute mon affection et de ma soumission totale à l’ordre théocratique. Je vous supplie, très chers Pères et méritants confrères Bergers, de bien vouloir prier pour moi, pauvre Berger, et pour le salut de nos communes brebis.

Votre fils dévoué et obéissant, Théophile de Nîmes.
Depuis sa mise en ligne vous avez été
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Vos commentaires

Cette fois je reste sans voix! C'est dire!!!!
Mamsel
therese.gubeth@wanadoo.fr
Le samedi 30 Janvier 2005

Vos commentaires

Vous avez raté une vraie vocation d'expert près les Courts et Tribunaux... théocratiques! Plus que 100 ans à attendre avant de jeter l'ordi!
mary
maryalberthe@wanadoo.fr
Le dimanche 21 Fevrier 2005

Vos commentaires

Une lecture qui demande réflexion...
Maryalberthe
maryalberthe@wandoo.fr
Le dimanche 28 Fevrier 2005

Vos commentaires
peuvent sauver
Jean-Claude Renoux

(Mémoire de l’érudit Théophile de Nîmes, rédigé suite à l’ordonnance 2089 NZ 2113 du conseil suprême théocratique des Bergers de la Chrétienté sis à Rome, en date du 1er mars 2113, sur ce qu’il est convenu communément d’appeler les Enfants d’Eden.)
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