Critiques Polar-Jazz - MICHEL EMBARECK


Bob Dylan et le rôdeur de minuit

MICHEL EMBARECK


Bob Dylan Et Le Rôdeur De Minuit

Aux éditions DE L’ARCHIPEL

209

Lectures depuis
Le mercredi 21 Mars 2018
 
 

Une lecture de
PAUL MAUGENDRE


Parution le 7 février 2018. 256 pages. 18,00€.
Il est préférable de prononcer le nom du Prix Nobel de littérature 2016 à la française, Bob dit lent, plutôt qu’à l’américaine, Bob dit l’âne….
Les vieux, c’est comme les nourrissons, il faut préciser les mois en rabiot. A quatre-vingt cinq ans et huit mois, Walker Simmons, dit le Rôdeur de minuit, revient sur sa longue carrière d’animateur de radio de nuit. Trois soirs par semaine, six heures de rang à passer les disques (et pas n’importe lesquels), à recevoir les appels téléphoniques et converser avec les auditeurs, sans oublier de balancer les réclames gagne-pain de la station KCIJ/1050, la radio de Shreveport (Louisiane) qui drainait jusqu’à plus de deux cents milles à la ronde. Comme cela ne lui suffisait pas pour remplir sa gamelle, il était également taxi le jour. Mais la radio, c’était sa passion :
La radio, les radios, je pourrais en parler des heures, même si aujourd’hui tout le monde s’en tamponne le coquillard avec une patte d’alligator femelle. La radio nécessite concentration et imagination. La radio parle à l’oreille. La télé, elle, te gave par les yeux. Pas étonnant que tant de gamins deviennent obèses.

Walker Simmons en a connu des chanteurs, il les revoie même en rêve, de ceux qui ont fait les beaux jours du blues, de la country, du jazz, de la musique, de la vraie. Et quand la musique est bonne… Il se demande pourquoi il ressasse toutes ces vieilleries. Notamment Johnny Cash, qu’il a bien connu. Johnny Cash, le roi de la country, le chanteur adulé, après Hank Williams. Johnny Cash qui se souvient en permanence de son frère Jack, scié, non pas par le succès de son cadet, mais en débitant du bois.
Et c’est bien parce qu’il trouve en Bob Dylan, Robert Zimmerman de son vrai nom, une ressemblance avec Jack, qu’il va encourager, protéger, conseiller et aider le jeune chanteur qui va à contre-courant de la mode musicale. La folk musique n’est plus à l’ordre jour. L’imposant même malgré les réticences du directeur financier de la maison de disques. Exerçant une sorte de chantage.
Si la Columbia le vire, je reprendrai Talkin’ New York à ma façon, j’en ferai un numéro un et tout le Brill Building rigolera de la boîte. Ça leur apprendra à préférer les comptables aux saltimbanques.

Si le titre du livre met en avant Bob Dylan, le corps du roman-récit est consacré à Johnny Cash, l’ombre gigantesque et tutélaire du petit gars du Minnesota qui a découvert le folk grâce à Pete Seeger.
Et à travers ce récit, en suivant le parcours souvent chaotique de Johnny Cash et de Bob Dylan, familial, un peu, et professionnel, beaucoup, nous parcourons le temps de 1961 jusqu’à nos jours, et visitons les Etats-Unis d’Amérique dans ses travers politiques et scandaleux.
La robe de Marylin Monroe qui a tendance à péter des coutures, les assassinats de J.F.K. et de Martin Luther King, les implications dans des guerres asiatiques qui ne concernaient nullement les USA, sauf pour l’anticommunisme primaire qui agitait les esclavagistes et suprématistes, mais ils n’étaient pas les seuls, le racisme qui se lézardait en façade mais tenait bon, des événements qui se répercutaient sur l’Europe, car bien entendu tout se qui se passe Outre-Atlantique concerne aussi le Vieux Monde, puisque les migrants en furent originaires avant de s’imposer sur la terre natale des Indiens et d’exploiter les Noirs et les Chinois.
Mais à côté de ces épisodes pas toujours glorieux, les parcours des deux amis en compagnie d’autres personnages qui sont restés dans la mémoire de ceux qui ont connu cette époque, Merle Kilgore par exemple ou encore Kriss Kristofferson, leurs embrouilles maritales, le concert de Bob Dylan à Newport en 1965, une catastrophe évitée de jutesse, celui de Johnny Cash à la prison de Folsom en 1968, ou la virée chez les Moonshiners, les fabricants clandestin de whisky de contrebande, et bien d’autres péripéties. Comme la rencontre en 1982 de Bob Dylan en France, à Tours, avec Norbert d’Azay, de son véritable patronyme Norbert Pagé, plasticien reconnu, le chanteur s’adonnant lui-aussi à la peinture.

Véritable roman introspectif dans la culture musicale folk et rock des USA entre 1950 et 2003, axé surtout sur les années glorieuses qui vont de 1960 à 1980 environ, Michel Embareck nous propose un catalogue très documenté, très détaillé, allant de Hank Williams l’adulé, icone de la musique Country, décédé alors qu’il n’avait pas encore trente ans en 1953, jusqu’à ses descendants spirituels, jusqu’à Alice Cooper, l’ami du Rôdeur de minuit auquel il rend encore visite en 2016. Dans une ambiance très alcoolisée et sous la dépendance de différentes drogues.
Un roman ponctué par une correspondance entre Bob Dylan et Johnny Cash, comme des entractes, et qui, si elle est imaginaire, met toutefois en valeur l’amitié des deux hommes et surtout leur vision sur un monde en déliquescence mais qu’un rien pourrait sauver.
Il ne manque que le son !
Ce n’était pas mieux avant et les lendemains sont toujours pires que la veille.

Musique d’accompagnement :

Jimmy Rodgers : Waiting For A Train.
Bill Monroe : Blue Moon Of Kentucky.
Roy Acuff : Wabash Cannonball.
Bob Wills : Faded Love
Red Foley : Old Shep.
Frankie Laine : High Noon (Do Not Forsake Me)
Hank Williams : Move It On Over.
Merle Travis : Divorce Me C.O.D.
Hank Snow : I’m Movin’ On.
Frankie Laine : Rawhide.
Willie Nelson : Face Of A Fighter.
Jerry Lee Lewis : Will The Circle Be Unbroken ?
Hank Williams : Your Cheatin’ Heart.
Ed Bruce : King Of The Road.
Johnny Cash : I Walk The Line.

Charlie Rich : Behind Closed Doors.
Petti Page : Tennessee Waltz.
Kenny Rogers : For The Good Times.
Billie Jo Spears : Ease The Want In Me.
Faron Young : Sweet Dreams.
Johnny Cash : Oh, Lonesome Me.
Willie Nelson : The Sheltter Your Arms.
Waylon Jennings : Dream Baby.
Conway Twetty : Crazy Dreams.
Rita Remington : Would You Lay With Me.
Hank Williams : Hey, Good Lookin’.
Jerry Lee Lewis : Lovesick Blues.
Frankie Laine : Dream A Little Dream Of Me.
Slim Whitman : Indian Love Call.
Kenny Rogers : Ruby, Don’t Take Your Love To Town.
PAUL MAUGENDRE




Pour être informé des Mises à Jour, Abonnez-vous à l'Hebdo du RayonPolar
Indiquez votre Mail

Les réclames du RayonPolar

Pour votre publicité, contactez le site

Pub sur RayonPolar

Sur les 32200 pages du Site
chiffres Google Le jeudi 3 Novembre 2011







En accédant à ce site marchand par l'intermédiaire de ce lien vous soutenez financièrement le RayonPolar






Site dédié au Polar-Film-Série
Si vous entrez directement sur cette page,
Retrouvez ses nouvelles en ligne, ses critiques de polars, de films, de séries TV
Sa liste de revues et sa galerie de couvertures de polars anciens.
Visitez le Rayon Polar
Il y a trois sortes de mensonges : les mensonges, les gros mensonges et les statistiques.
- Benjamin Disraeli (1804-1881), homme politique britannique















Pinterest
(C) Les textes n'engagent que leurs signataires
RayonPolar
Certaines illustrations de ce site sont des reprises des couvertures de la collection Néo et sont signées
Jean-Claude Claeys.

Reproduit ici avec son aimable autorisation
Pour visiter son Site
Pour acheter des originaux
Cliquez sur l'image
RayonPolar