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PASCAL ANQUETIL |
Portraits Légendaires Du JazzAux éditions TANA EDITIONS |
303Lectures depuisLe jeudi 13 Octobre 2011 |
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Une lecture de |
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Un célèbre dicton affirme qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. Personnellement je préfère l’inverse : il n’est jamais trop tôt pour bien faire. Par exemple, Noël se fêtera dans quelques semaines, pourtant il n’est pas interdit d’anticiper, de commencer une liste à soumettre à votre conjoint, à votre famille ou à vos amis. Une liste ne comportant qu’une seule ligne, ou si vous êtes gourmand, plusieurs lignes. Mais je vous conseille de mettre bien en évidence, en priorité absolue, ce livre qui ne ravira pas uniquement que les amateurs de jazz mais aussi tous ceux qui aiment les beaux ouvrages, à placer près de votre discothèque personnelle et à compulser régulièrement. Dans ce recensement de soixante-dix figures marquantes du jazz, seulement oserais-je écrire car il est bien connu que le lecteur avide n’est jamais satisfait, l’auteur de cette nouvelle Bible propose un classement original par genres. Huit genres qui se répartissent ainsi : Les Génies décisifs, Les Maîtres chanteurs (et chanteuses ! c’est moi qui ajoute l’élément féminin car ce sont bien elles qui ont enregistrées les plus belles plages musicales), Les Bâtisseurs de mondes, Les Virtuoses du bonheur, Les Anges déchus du lyrisme, Les Maîtres célibataires, Les Chefs de file et enfin les Musiciens intimes. Dans les Génies décisifs, génie étant un mot à prendre dans le sens d’aptitudes innées, de dispositions naturelles, et qui concerne les personnes qui possèdent ces aptitudes, sont recensés sans que l’on puisse contester ce choix : Duke Ellington, Louis Armstrong, Django Reinhardt, Thélonious Monk, Charlie Parker, Miles Davis, John Coltrane et Bill Evans. Tous ces interprètes ont en effet apporté et imposé leur souffle, leur doigté, leur sonorité, leur innovation, leur empreinte, leur conception du jazz. Ils sont aussi, chacun dans le genre qui les a rendus célèbres, des pères fondateurs, des références immuables du monde musical. Ils sont devenus des icônes, dont le nom est inscrit au firmament et dont l’étoile brillera longtemps. Mais ce sont d’autres figures légendaires, bien connues des amateurs de jazz mais pas forcément des profanes, de ceux qui ne possèdent qu’une approche approximative de ce type musical, qui ont retenu mon attention parce qu’elles méritent un détour appuyé. Jimmy Lunceford, par exemple, chef d’orchestre rigoureux dont on disait qu’il conduisait son ensemble d’une baguette de fer dans un gant de velours. Il concurrença même dans les années 30 Duke Ellington, débutant en 1934 avec le big band d’élèves d’une école de Memphis et investissant le célèbre Cotton Club. Le départ de Sy Oliver, trompettiste et arrangeur, sonna le glas de cette formation tout autant auditive que visuelle. Autre artiste atypique, multi-instrumentiste, homme orchestre et barde visionnaire malgré ou à cause de sa cécité, Roland Kirk pouvait jouer de plusieurs instruments à vent à la fois. Malheureusement ses prestations scéniques, alors qu’il était harnaché d’instruments de son invention, ont occulté son talent de musicien. Si j’ai cité deux cas typiques du jazz, j’aurais pu également parler de Michel Petrucciani, Jelly Roll Morton, Charlie Parker, Barney Wilen, Chet Baker, Billie Holiday, Clifford Brown, Fats Waller, Art Farmer, Lennie Tristano, Wes Montgomery, Albert Ayler, Horace Silver… Et parmi ceux-ci combien de destins brisés à la fleur de l’âge… Pascal Anquetil, amateur (dans le sens de connaisseur) éclairé du jazz si l’on en croit son Curriculum Vitae, président du jazz club de Dunkerque, membre de l’académie du jazz, administrateur de l’Orchestre national de jazz, collaborateur à Jazz Magazine-Jazzman, et autres casquettes tout aussi avouables, Pascal Anquetil aime le jazz et sait le faire aimer. Il écrit avec une plume trempée dans l’encrier du savoir et de la passion, du lyrisme et de l’affectif. Et n’étant qu’un modeste chroniqueur non appointé, je me garderai bien de gloser, comme certains des confrères de Pascal Anquetil, sur un style parfois emphatique, car tous ces musiciens le valent bien. Ce livre est un véritable plaisir des sens, à lire et à regarder, à offrir et à s’offrir. PAUL MAUGENDRE |