Critiques Polar-Jazz - JEAN-PAUL GRATIAS


Jazz Me Blues. Anthologie

JEAN-PAUL GRATIAS


Jazz Me Blues. Anthologie

Aux éditions EDITIONS MOISSON ROUGE

253

Lectures depuis
Le lundi 8 Novembre 2010
 
 

Une lecture de
PAUL MAUGENDRE


Sous la baguette du chef d’orchestre, compositeur et arrangeur Jean-Paul Gratias, accompagné au piano par Laurent de Wilde, à la contrebasse, à la guitare et au banjo par Bob Garcia, à la batterie par Bill Moody, avec comme choristes Charles Beaumont, Davis Grubb, John Harvey, Jake Lamar, James Sallis, Nathan Singer, Marc Villard et en tant que critique musical Michel Boujut, Jazz me blues est une œuvre laissant libre court à des interprètes de talent, dévoilant dans des solos improvisés et inédits leur conception du jazz et du blues.
Après une rapide intro du maestro, Davis Grubb entame le premier solo d’un concert dont chaque interprète joue son improvisation qui se fond dans une homogénéité éclectique (eh oui !). Auteur du célèbre La nuit du chasseur, Davis Grubb dans Un fruit encore plus étrange nous raconte l’histoire de Cyprio Africanus qui jouait de son instrument comme un dieu, s’entrainant en écoutant un disque. Des cajuns, eux aussi musiciens qui ont ressenti attirance et colère en écoutant un vinyle de Lady Day, lui offrent un instrument de marque mythique et un voyage à New-York afin de l’aider à se faire un nom. Est-ce bien sûr ? Dans la foulée Charles Beaumont entame le deuxième chant, Night Ride, dans lequel un jeune pianiste, David Green, joue bien, très bien même, mais comme avec une rage rentrée. Max l’engage dans son groupe constitué de musiciens qui ont tous un problème contre lequel ils se battent comme ils peuvent. Et afin de les stimuler, Max n’hésite pas à remuer parfois le couteau dans la plaie. Le troisième morceau est interprété par Nathan Singer. Dog thunder blues, l’histoire d’un jeune guitariste qui joue de son instrument avec un tuyau de cuivre de huit centimètres à l’annulaire et un goulot de bouteille au majeur. Pas pour la galerie, mais parce que sa main a rencontré lorsqu’il avait sept ans un talon de chaussure. Depuis il est handicapé, mais il s’est juré de retrouver un jour non seulement le responsable de cet accident mais d’un autre beaucoup plus grave. Charles Beaumont et Davis Grubb reviennent sur le devant de la scène, entonnent chacun un nouveau titre, Black Country et Tous les chemins que j’ai parcouru et laissent la place à Bill Moody pour son interprétation à la batterie de Child’s Play. Moody balaie avec souplesse l’histoire de Wilson, jeune saxophoniste prometteur, qui aurait pu jouer avec Miles, mais les événements en ont décidé autrement. Un soir il se fait arrêter alors qu’il est en compagnie de Quincy. Les policiers découvrent un petit sachet et un pistolet dans leur voiture et Quincy prend tout sur lui. Quincy s’est volatilisé et vingt ans plus tard Wilson apprend en lisant un journal que Quincy est toujours vivant. James Sallis s’improvise joueur de ukulélé dans Le Ukulélé et le chagrin du monde pour quelques notes puis laisse rapidement la place à Michel Boujut. Notre critique entame un Requiem pour Eddie dans lequel nous retrouvons un personnage qui devrait nous être familier, presque. Il s’appelle Marlowe, mais ce n’est que le petit frère de Philip. Il se prénomme Will et occupe le bureau de son frère parti se ressourcer à Cuba. C’est ainsi que Will reçoit la visite d’une jeune femme qui lui demande de retrouver son ex, Eddie, pianiste de jazz dont elle n’a pas de nouvelle depuis une dizaine de jours. Il le localise quelques jours après, mais trop tard. L’homme a été étranglé dans sa loge. Voulant se retirer discrètement Will sent sous son pied une clé gisant sur le parquet. Ce que l’on appelle une clé de sol et qui lui donnera peut-être la solution. John Harvey prend la relève avec Batteur inconnu, une sombre histoire avec héroïne qui démange les bras d’un batteur entraîné à son corps défendant aux basques d’un flic pourri. Du moins c’est que lui affirme Ethel, une jeune prostituée qui le prend en amitié. Mais un flic pourri possède les moyens de pourrir la vie des gens. Après sa prestation John Harvey propose un second opus, Minor Key avant de laisser sa place à Jake Lamar qui susurre Le cadeau de Dieter. Dieter Kruger, est un virtuose allemand du clavier selon Ricky, jeune pianiste afro-américain qui joue dans une crêperie de Montmartre. Dieter se confie. Soutine, la fille de Bobby Soutine, célèbre musicien né à La Nouvelle-Orléans et décédé en 1961, et de Vicky, est la petite amie dans la vie et partenaire à la scène de Dieter mais pour une raison connue d’elle seule elle l’a pris en grippe. Depuis Dieter ne vit plus. Marc Villard, le Monsieur Jazz du roman noir français, prend la succession dans Piano Solo, avec sa virtuosité habituelle puis laisse sa place à Bob Garcia qui délicatement nous narre l’histoire de Little Sunflower, ainsi surnommée par son père, batteur de jazz qui végète. Son père aurait aimé qu’il devienne comptable comme lui, mais Charly croyait en ses capacités. Entre Valérie, sa femme, et lui rien ne va plus et il la soupçonne même d’avoir un amant. Alors Charlie rumine sa vengeance jusqu’au jour où la montre d’un barman lui donne une idée. Dernier intervenant à ce concert que l’on aurait souhaité durer plus longtemps, Laurent de Wilde qui nous entraîne avec Le Gig dans les pérégrinations d’une bande de branquignols devant jouer lors d’une noce dans les Vosges. D’abord leur véhicule tombe en panne sur l’autoroute à la hauteur de Melun et Charlie, le seul musicien noir de la bande, est prié de montrer ses papiers aux hommes de la maréchaussée qui au lieu de s’inquiéter de savoir comment ils vont se débrouiller le suspectent d’un quelconque délit. Mais leur périple continue, pas forcément dans la joie et la bonne humeur.
Un recueil auquel ne manque que le son, sous la forme d’un CD, par exemple une petite compilation des titres cités, interprétés par les musiciens qui évoluent tout au long de ces nouvelles concoctées avec amour. Amour de la musique, du jazz et du blues. Amour de la vie, même si de petits désagréments la perturbent, la brisent parfois. Un ouvrage digne de figurer dans toute bonne bibliothèque de l’amateur de Jazz et Polar. Et pourquoi ne pas envisager un second recueil ?
PAUL MAUGENDRE




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