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ALAIN GERBER |
Paul Desmond Et Le Côté Féminin Du MondeAux éditions LE LIVRE DE POCHE |
335Lectures depuisLe vendredi 12 Fevrier 2010 |
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Une lecture de |
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Né le 25 novembre 1924 à San Francisco, Paul Breitenfeld devint Paul Desmond pour ce qu’il considérait comme un handicap. « Appartenir à une minorité suspecte aux yeux de beaucoup ne me semblait ni plus ni moins périlleux que de traverser en dehors des clous à l’heure de pointe : certaines précautions étaient indispensables », et ce malgré que deux de ses premières idoles, Benny Goodman et Artie Shaw, étaient des musiciens de jazz blancs de confession israélite. Son père était organiste dans un cinéma, et lorsque le cinéma parlant succéda au cinéma muet, laissant sur le carreau bon nombre de personnes, le tout allié au Krach de 1929, il se recycla en écrivant des arrangements pour le music-hall. La mère de Paul était une obsédée de la propreté, de l’hygiène à outrance, traquant la moindre poussière, adepte de l’eau de javel en toutes occasions, tyrannisant la famille et plus particulièrement son fils qui lui ne pensait qu’à jouer et s’écorcher les genoux, se salir comme un gosse normal. Paul, sur les conseils de son père, et après un passage dans une pension pendant sept ans loin de San Francisco où il se distingua au carillon dans l’orchestre de l’établissement, abandonna l’idée de jouer du violon et se tourna vers la clarinette puis le saxophone alto. Mais qui était vraiment Paul Desmond surtout connu pour son association avec Dave Brubeck pour le fameux Dave Brubeck Quartet ? Sans oublier ses participations avec d’autres musiciens dont Gerry Mulligan et Chet Baker, et son propre quartet. « Tout ce qu’il fut – saxophoniste, star ou mal aimé, don Juan, homme sans femme, littérateur sans littérature, alcoolique, désespéré, solitaire, bon convive, nostalgique, désinvolte, faiseurs d’épigramme et de bons mots, amateur de calembours, raconteur d’histoires, et de bien d’autres choses encore - , tout ce qu’il fut, il ne le fut jamais vraiment ». Paul Desmond fut marié, très peu de temps, et trônait dans un cadre sur un piano la photo d’une femme. Pas la sienne mais celle d’un ami. Des femmes il en aura, mais ses plus fidèles compagnes seront les bouteilles de Whisky et les cigarettes. Et lorsqu’on lui annoncé qu’il avait un cancer du des poumons, dont il décèdera, il rétorqua qu’il était content d’avoir un foie en bonne santé. Il décèdera le 30 mai 1977. S’il ne fut pas un adepte de Charlie Parker, il se reconnaitra plus volontiers en Willie Smith, Benny Carter ou encore Johnny Hodges, mais il gardera sa propre identité, à contre courant. « Je me suis efforcé d’éviter (l’influence du Bird) tout particulièrement. A mes débuts, tous les saxophonistes, les altistes en particulier, et les musiciens en général, étaient tous chamboulés et ébahis par Charlie Parker… Je me suis pratiquement appliqué du coton dans les oreilles et des œillères pour éviter de me hasarder dans ces sables mouvants, car je savais que c’en serait fini pour moi ». Alain Gerber n’écrit pas le jazz, il le poétise. Il malaxe les mots, triture les phrases, devient partie prenante du récit comme s’il se mettait lui-même en scène, écrivant la partition et les arrangements. Mais sa mélodie devient parfois trop bouillonnante, et ses phrases se révèlent brouillonnes, absconses comme dans le premier chapitre. Toutefois, lorsqu’il invite son personnage à s’exprimer, alors cela devient lumineux, fluide, comme les morceaux interprétés par… Paul Desmond. PAUL MAUGENDRE |