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CLAUDE BOLLING JEAN-PIERRE DAU |
Bolling StoryAux éditions EDITIONS ALPHEE/JEAN-PAUL BERTRAND |
313Lectures depuisLe samedi 12 Decembre 2009 |
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Une lecture de |
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Le Magnifique, Borsalino & Co, Flic Story, Trois hommes à abattre, La ballade des Dalton, Les Brigades du Tigre, autant de musiques de film et dessins animés ou de séries télévisées qui trottinent dans les oreilles sans être pour autant cinéphile. Autant de morceaux composés et interprétés par Claude Bolling et qui sont indissociables des films précités, à se demander si ce sont les airs qui ont forgé les succès cinématographiques, ou le contraire. Né à Cannes le 10 avril 1930, son père y tenait un hôtel, le jeune Claude Bolling, son vrai nom, commença son éducation musicale à l’instigation de sa grand-mère maternelle. Pourtant il avait une prédisposition naturelle pour le dessin et l’assemblage de maquettes dont il construisait les pièces. A douze ans, le jeune Claude « infligeait à tous les claviers qui [lui] passaient sous la main, au grand étonnement des adultes devant le petit garçon qui jouait du jazz » son interprétation de Saint-Louis Blues, empruntée à un pianiste en vogue à l’époque, Charlie Kunz, grand pontife des pianos bar. Jusqu’au jour où l’un de ses proches lui dit : « Tu sais, le jazz ce n’est pas ça. Le VRAI jazz, c’est Fats Waller ». Pourtant, c’est entendant sur un phonographe à manivelle un 78 tours de Duke Ellington, Black and Tan Fantasy et Créole Love Call datant de 1927, qu’il ressentit ses premiers émois de futur musicien et compositeur. Duke Ellington qui après être un mythe devint son modèle et son maître. C’est en remarquant une affiche annonçant le Tournoi des amateurs du Hot Club de France que le destin va basculer. Il n’a que quatorze ans, compose un peu et dispose déjà de solides connaissances musicales. Charles Delaunay qui l’entend interpréter un morceau de sa composition, décide de le programmer, et c’est devant un public enthousiaste qu’il obtient un franc succès et les encouragements du jury. Comme il ne maîtrise pas complètement les subtilités des accords de septième, il est recalé au concours d’entrée à la SACEM. Claude travaille avec opiniâtreté et l’année d’après il remporte ce tournoi des amateurs du H.C.F. devant des candidats adultes dont Eddy Barclay, repasse le concours d’entré à la SACEM et en devient à quinze ans le plus jeune sociétaire. Mais, infatigable, il ne s’arrête pas là. Il participe à des jam-sessions avec les vedettes de l’époque, les frères Fol, Claude Abadie, Claude Luter et Boris Vian. Pendant un certain temps il fait partie du groupe de Claude Luter, mais bientôt leurs chemins se séparent, pour incompatibilité musicale, ce qui ne les a pas empêchés de conserver une solide amitié. Lorsque des pianistes prestigieux se produisent à Paris, Claude se renseigne auprès d’eux afin de s’imprégner de leurs techniques musicales. C’est ainsi qu’il s’améliore au contact de Errol Gardner, de Willy « the Lion » Smith et quelques autres, tout en gardant une préférence pour Duke Ellington. Tout s’enchaîne très vite. Disques qu’il enregistre dans différentes formations en trio ou en grand orchestre, accompagnant des musiciens renommés : Guy Lafitte, Albert Nicholas, Roy Elridge, Lionel Hampton, Bill Coleman, Cat Anderson et même Coleman Hawkins, composant de très nombreuses musiques de film, et la création d’un groupe devenu mythique de la fin des années 60 début 70, Les Parisiennes. Seulement comme Claude Bolling accompagne aussi des chanteurs de variété, dans des salles comme L’Alhambra, salle aujourd’hui disparue, Zizi Jeanmaire, Petula Clark, Gilbert Bécaud, Charles Aznavour, Dario Moreno, puis plus tard Brigitte Bardot, qu’il sacrifie à la mode en enregistrant des disques de Madison ou de Bossa Nova, du classique aussi avec le Jazz Gang Amadeus Mozart (l’Air de Chérubin extrait des Noces de Figaro ou le Rondo de la Marche Turque, La petite sonate de nuit…), en véritable touche-à-touche virtuose, il est rejeté par certains puristes du Jazz qui le considèrent en dehors du sérail. Je ne voudrais pas trop déflorer ce livre de souvenirs, vous laissant le plaisir de la découverte, mais je tiens toutefois à remarquer que Claude Bolling est l’un des rares musiciens qui garde sa sympathie à Milton « Mezz » Mezzrow, clarinettiste décrié par l’intelligentsia jazzistique, apportant un éclairage sur les quelques couacs lors de ses prestations en sa fin de carrière. Un livre intéressant à tous points de vue et qui mérite de figurer en bonne place près de vos disques favoris. PAUL MAUGENDRE |