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FRANCK MEDIONI |
Le Goût Du JazzAux éditions MERCURE DE FRANCE - COLLECTION LE PETIT MERCURE |
329Lectures depuisLe samedi 24 Octobre 2009 |
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Une lecture de |
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Le jazz, c’est d’abord une forme musicale, tout le monde est d’accord. Mais c’est également une littérature, une façon d’être, de penser, de vivre. Et il ne faut pas croire que seuls les musiciens peuvent exprimer leur(s) opinion(s) sur cette forme musicale qui n’est âgée que de guère plus d’un siècle. Franck Médioni en parfait connaisseur sait combien les mots possèdent leur importance, tout autant que les notes. C’est pourquoi il s’est tourné, démarche originale, vers des romanciers, des historiens, des poètes, des philosophes, afin de mieux comprendre comment cette musique avait été perçue, et l’est toujours, auprès des prosateurs, ce qu’ils aimaient, ce qu’ils appréciaient dans ce mode d’expression issu d’un art africain importé par des esclaves, amélioré par des artistes louisianais, exporté aux quatre coins ( !) des Etats-Unis et emmené dans les musettes des soldats partant pour l’Europe en remerciement à un nommé Lafayette, dont ils ne connaissaient que le patronyme. Bref une digression pour saluer la performance de Franck Médioni dans l’élaboration de ce petit ouvrage plein de charme. Au sommaire plus d’une vingtaine d’invités qui apportent chacun leur contribution, à leur image, à leur sensibilité. Si je souscris entièrement à cette profession de foi énoncée par Jean Echenoz « J’ai un peu le souci qu’il y ait un peu une musique de roman comme il y aurait une musique de film, mais qui ne soit pas uniquement de la sonorité de la phrase, quelque chose qui défile derrière. », si l’apport de Boris Vian avec un extrait de L’écume des jours est indéniable et nécessaire, je ne partage pas tout à fait l’opinion de Jean Paul Sartre qui déclarait « La musique de jazz, c’est comme les bananes, ça se consomme sur place ». Tout le monde n’a pas la possibilité de se rendre à New-York, dans les clubs de jazz, et puis il existe tant de diversité dans le jazz, tant de musiciens venus d’horizons divers, tant de festivals, qu’il est difficile de se démultiplier. Et écouter un disque assis au coin du feu en sirotant une gorgée de Wild Turkey ! Je m’égare. Jack Kerouac, Alain Gerber, Francis Marmande, Henry Miller, Jean Cocteau, Jacques Réda, fréquentent ou ont tous fréquenté l’univers du jazz, il ‘était donc indubitable de les retrouver ici. Mais il faut aussi saluer la performance de Georges Perec, même s’il est reconnu pour savoir jongler avec les mots. Des auteurs qui font partager non seulement leur flamme, leur passion, mais fournissent au jazz ses lettres de noblesse. Cet ouvrage de Franck Médioni nous incite, au travers des extraits d’œuvres recueillies avec l’art du savoir faire qui paraît naturel, à nous replonger dans des pages parfois oubliées, souvent ignorées (Je parle pour moi, mais je suis persuadé ne pas être le seul dans ce cas), tout en écoutant Charlie Parker, Thelonius Monk, Duke Ellington, John Coltrane, Miles Davis et leurs pairs. Un livre que l’on pourrait qualifier de petit mais costaud. PAUL MAUGENDRE |