Si les mots “ Hôtel California ” résonnent encore à nos oreilles, même à celles des plus jeunes, c’est qu’ils nous renvoient à un tube des années 70, interprété par les Eagles, groupe californien de renommée mondiale. Et si le titre de ce document emprunte ce titre, ce n’est ni par hasard, ni fortuit. En effet Barney Hoskyns nous propose une ballade longue d’une quinzaine d’années dans les méandres des rues de Los Angeles principalement au Troubadour, café club qui accueillait les artistes débutants ou confirmés, d’Hollywood, la Mecque du cinéma qui deviendra celle des musiciens et des maisons de disques, et des canyons environnants dont le Laurel Canyon qui abrita la plupart de ceux qui revendiquaient une contre-culture. Mais la musique n’était pas leur seule raison d’être. La drogue, l’alcool et le sexe s’y côtoyaient dans une euphorie générale qui souvent générait dépression, asthénie chez ces hommes et ces femmes qui se retrouvaient les uns chez les autres, des réunions qui généraient rapprochement ou jalousie. Des hommes et des femmes, issus de milieux différents, d’états souvent éloignés, quittant la Côte Est ou le Sud des Etats-Unis, le Canada aussi, désireux de se faire un nom, de trouver le Graal, comme leurs ancêtres avaient quitté leurs terres plus d’un siècle auparavant happés par le mirage de l’or.
La carcasse de ce livre est composée principalement de deux figures marquantes David Crosby et David Geffen. Le premier musicien et le second producteur. Autour d’eux gravitent des figures marquantes de ces années : d’abord Stephen Still, Graham Nash et Neil Young. Ces quatre noms associés vous rappellent quelque chose évidemment. Eh oui, Crosby, Still, Nash et Young, groupe mythique des années 70. Mais auparavant, au milieu des années 60, alors que les Beatles inondaient la planète de leurs tubes et révolutionnaient quelque peu la mentalité musicale des Etats-Unis, Crosby avait participé à l’aventure des Byrds. Dans leur sillage, leur sillon discographique devrais-je écrire, on retrouve Les Turtles, The Papas and The Mamas, Joni Mitchell, Linda Ronstadt, Les Rolling Stones Creedence Clearwater Revival, Jefferson Airplane, Bon Dylan, Franck Zappa, Les Beach Boys, les Beatles, Jimmy Hendrix, dans une déferlante de musique folk, country, rock.
Un livre qui nous plonge dans l’effervescence musicale californienne des années 60, 70 et malgré quelques passages parfois un peu confus, on fait le tour d’un triangle dont les angles sont constitués par le sexe, la drogue et la musique, dans le désordre. L’amour, l’amitié liaient tous ces musiciens mais aussi la jalousie, l’inimitié, selon le succès remporté par les uns, les amours des autres, les faiblesses, les défonces, tout ce qui peut régir une communauté parfois bâtie de bric et de broc. A conseiller à tous ceux qui s’intéresse à la musique mais également à une époque charnière sociale des Etats-Unis.
PAUL MAUGENDRE
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