Johnny Hallyday et le cinéma, c’est une confrontation fâcheuse qui court sur une quarantaine d’années, malgré quelques fulgurances. (1)
Son ambition de s’imposer ailleurs que sur les scènes des Zéniths de l’Hexagone, de rompre avec l’image du taulier, n’a jamais été couronnée de succès. Telle une hirondelle qui ne fait pas le printemps, un Godard n’infléchit pas une carrière à la forme de parenthèses qu’ouvre un « D'où viens-tu Johnny ? » et que refermerait, quarante-quatre ans plus tard un « Jean-Philippe » n’augurant en rien la couverture des Cahiers du Cinéma.
Ses velléités d’envahir l’écran d’une présence distancié ont débordé hors des génériques des « Chevaliers du ciel » ou du « soleil se lève à l'est ».
En 1989, il s’aventure dans un rôle de flic récurrent que l’insuccès sanctionne prestement, à tel point qu’aujourd’hui seuls les zélateurs de la rock star se souviennent de ce personnage façon US.
Alors que six épisodes avaient été mis en production, quatre seulement ont vu le jour et ont été diffusés sur Antenne 2. Certains arguent qu’au même moment une chaine concurrente squattait les ondes hertziennes d’un Navarro bonhomme. Certains autres veulent trouver des raisons intrinsèques au fiasco.
Perfecto, Ray-Ban et santiags, il chevauche une Kawazaki 1500 sumo sans casque tel un cowboy urbain espérant accéder à la stature d’un inspecteur Harry réfugié à Paris.
Entouré d'un Franco-Vietnamien, d'un Noir et d'un stagiaire Beur, il capte continuellement la caméra dans des contre-plongées qui se souhaitent viriles et ne se laisse aller à des semblants d’émotions que la nuit venue, lorsque sa concierge d’immeuble lui offre sa pitance, tel un San Antonio sans sa Félicie.
N’hésitant jamais à ouvrir le feu ou à lancer son poing, il n’a que faire des procédures, espérant ainsi affirmer sa marginalité.
Seul dans son immense appartement où se dresse un unique billard, il campe un Delon avec son .357 Magnum de Samouraï.
Est-ce ce croisement de multiples archétypes sans peur et sans reproche, jamais convaincants et toujours ridicules, qui ont gommé des mémoires les éphémères apparitions du buveur de mezcal que voulait être David Lansky ? Des mémoires et des gosiers, jamais séduits par cet alcool d'agave…
A moins, bien sûr, que le parfait maniement d’un second degré jubilatoire, mais invisible, car magistral, n'explique ce naufrage télévisuel.
1-
• 1962 : Les Parisiennes de Michel Boisrond : Jean Allard
• 1963 : D'où viens-tu Johnny ? de Noël Howard : Johnny (mais pas Hallyday)
• 1967 : À tout casser de John Berry : Frankie
• 1969 : Le Spécialiste de Sergio Corbucci : Hud
• 1970 : Point de chute de Robert Hossein : Vlad, dit Le Roumain
• 1972 : L'aventure c'est l'aventure, de Claude Lelouch : lui-même (mais mis en scène dans une situation fictive)
• 1980 : Le jour se lève et les conneries commencent de Claude Mulot
• 1984 : Détective de Jean-Luc Godard : Jim Fox Warner
• 1985 : Conseil de famille de Costa-Gavras : le père
• 1987 : Terminus de Pierre-William Glenn : Manchot
• 1990 : Le triangle de fer (The Iron Triangle) d'Eric Weston : Jacques - (resté inédit dans les salles, le film ne connaît qu'une sortie confidentielle en vidéo-cassette)1
• 1991 : La Gamine d'Hervé Palud : Frank Matrix
• 1999 : Pourquoi pas moi ? de Stéphane Giusti : José
• 2000 : Love Me de Laëtitia Masson : Lennox
• 2002 : L'Homme du train de Patrice Leconte : Milan
• 2003 : Wanted de Brad Mirman : Marcel Burot
• 2004 : Les Rivières pourpres 2 : les Anges de l'Apocalypse d'Olivier Dahan : l'ermite borgne
• 2005 : Quartier V.I.P. de Laurent Firode : Alex
• 2006 : Jean-Philippe de Laurent Tuel : il y incarne un Jean-Philippe Smet qui ne serait pas parvenu à devenir Johnny Hallyday.
• 2009 : La panthère rose 2 de Harald Zwart : Laurence Millikin
• 2009 : Vengeance de Johnnie To : Costello
-Wikipédia-L A
Le mardi 23 Avril 2013 |
|
