Borgen se désigne comme une série politique et Borgen est réellement une série politique. Avec Borgen la politique ne constitue pas une toile de fond où évolueraient des personnages de fiction empêtrés dans des intrigues à mille lieues du sujet, avec Borgen la politique est au cœur des intrigues développées dans chaque épisode.
Une femme au pouvoir
La responsable du parti centriste, Birgitte Nyborg, à l’issue d’élections qui donnent une importante avance à sa formation, devient Premier Ministre du Danemark, à la tête d’un gouvernement de coalition de gauche.
Le téléspectateur blasé par les fadaises socio-politiques pourrait s’imaginer que la série va nous décrire en détail les difficultés que doit surmonter une femme afin de parvenir au pouvoir puis à s’y maintenir. Ce même spectateur pourrait redouter que les scénaristes lui brossent un tableau manichéen des classes dirigeantes où l’homme règne en maître. Il pourrait craindre que la série s’attarde sur la spécificité féminine et les conséquences de celle-ci dans la façon d’envisager ou de résoudre les problèmes.
D’évidence, les scénaristes ont tourné le dos à ces facilités. Certes, Birgitte Nyborg est une femme, une femme au pouvoir, mais son comportement ne diffère guère de celui qu’aurait eu un homme guidé par des idées politiques semblabes.
Et c’est ainsi que nous verrons Birgitte Nyborg mener les négociations en vue de la constitution du gouvernement, présenter sa politique économique, gérer les rapports avec les USA, batailler pour la parité, composé avec les droits de l’homme, faire face aux dérapages policiers, trancher des débats ayant trait à la défense nationale, résister aux pressions de ses alliés, choisir entre le maintien et le retrait des troupes d’Afghanistan, désigner un commissaire européen, gérer une prise d’otages au large de la Somalie…
Les intrigues principales, qui charpentent chaque épisode, ne s’écartent jamais du terrain de la politique, comme l’une de celles qui courent d’épisode en épisode et qui se nourrit de la bassesse des uns et de la lâcheté des autres, des manipulations, des pièges ou des cabales. Car Birgitte Nyborg n’est entouré que d’intrigants qui ne rêvent que de sa chute, non pas parce qu’elle est une femme, mais parce qu’ils visent son poste de Premier Ministre.
Les intrigues secondaires
Les autres intrigues secondaires, qui enrichissent la série, s’articulent autour des deux autres personnages principaux.
C’est ainsi que nous suivons, d’un épisode à l’autre, le nomadisme professionnel de la journaliste politique Katrine Fønsmark. D’abord journaliste à TV1, elle quitte la chaîne de télévision au nom de la liberté de la presse pour rejoindre le tabloïde Ekspres, dirigé par l’ancien responsable du Parti Travailliste, d’où elle sera renvoyée pour les mêmes raisons. Un temps, elle envisagera de devenir conseillère du chef du Parti Conservateur, mais y renoncera pour réintégrer TV1. Nous suivrons aussi son parcours sentimental quasi indissoluble de la vie politique. Après avoir rompu avec Kasper Juul, elle tombera amoureuse d’Ole Dahl, le conseiller marié du Premier Ministre conservateur qui mourra d’une crise cardiaque à la veille des élections. Par la suite, elle s’amourachera d’un prof de fitness avant de retomber dans les bras Kasper Juul.
Quant à ce dernier, son histoire personnelle et son amour pour Katrine Fønsmark constituent l’autre intrigue secondaire, intrigue qui se conclut dans l’épisode « Eux et nous ».
L’intrigue secondaire
La dernière intrigue secondaire s'organise autour de la vie privée de Birgitte Nyborg.
Mariée et mère de deux enfants, Birgitte Nyborg assistera, au fil des mois, à la décomposition de son foyer miné par son engagement politique et ses hautes responsabilités. Son mari, qui l’a dans un premier temps soutenu et encouragé, s’éloignera d’elle et finira par demander le divorce. Quant à sa fille, soumise à une trop forte pression, elle sombrera dans une grave dépression.
Et c’est peut-être cet aspect qui constitue la véritable spécificité des femmes politiques. Car, au-delà du machisme, elles seules sont confrontées à cette tâche quasi insurmontable : concilier vie privée et vie publique.
La gent masculine ne connait pas ce souci puisqu’il est la vie publique et que sa femme est la vie privée.
L A
Le vendredi 8 Decembre 2012 |
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