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- LE PRISONNIER - |
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Scénario et RéalisationRéalisationDon Chaffey - 4 épisodes Pat Jackson - 2 épisodes Patrick McGoohan - 2 épisodes Robert Asher - 1 épisode Scénario Don Chaffey - 4 épisodes Anthony Skene - 2 épisodes David Tomblin - 1 épisode George Markstein - 1 épisode Gerald Kelsey - 1 épisode Michael Cramoy - 1 épisode Roger Parkes - 1 épisode Roger Woddis - 1 épisode Vincent Tilsley - 1 épisode |
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DistributionPatrick McGoohan : Numéro 6Angelo Muscat : Le Majordome |
Guide des Episodes ![]() Guide des Episodes |
Devant le petit écran |
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Une voiture traverse la campagne, elle pénètre dans Londres et s’enfonce dans un parking souterrain. L’homme qui la conduisait remonte un couloir, ouvre violement une double porte et s’engouffre dans un bureau. Visiblement en colère, il apostrophe son vis-à-vis qui demeure impassible. La voiture quitte le parking… La caméra cadre un tiroir : Resigned. Une machine à écrire barre de X la photo de l’homme qui vient de quitter les lieux… Cette carte est rangée dans le tiroir par un robot. Pendant ce temps, l’homme est arrivé chez lui…Il fait ses bagages alors qu’un individu longiligne en chapeau haut de forme gravit les marches de son domicile. Un gaz se diffuse à l’intérieur de la pièce depuis la serrure… L’homme s’immobilise et tombe inconscient sur le lit. Lorsqu’il retrouve ses esprits, il n’est plus à son domicile, mais dans un lieu étrange… il est au Village. «De Destination Danger» au «Prisonnier» Ce générique, présent au commencement de chaque épisode (1), induit l’idée que l’action débute bien avant ces images, que l’homme n’est pas un inconnu et qu’il n’est nul besoin de prononcer son nom, de le présenter. Cet homme, dont l'identité sera occulté durant les 17 épisodes du «Prisonnier», serait-il l’agent secret John Drake (2) ? Patrick McGoohan (3) a réfuté cette hypothèse (4). Admettons que le numéro 6 ne soit pas John Drake, pour autant cette présence hors champs n’en reste pas moins prégnante, ne serait-ce qu’au travers ce générique qui semble faire le lien entre la série «Destination Danger» (5) et le «Prisonnier». Les spécialistes vont plus loin que ce simple effet cinématographique. Il avance le fait que l’épisode de «Destination danger», «Le Paysage Qui Accuse» (6), a été tourné à Portmeirion, bourgade qui deviendra le Village et enfin que l’un des épisodes ("La Ville fantôme") de cette série donnerait les raisons de la démission du M.I.5 du futur numéro 6 Du Nombre. «– Qui êtes-vous ? – Je suis le nouveau Numéro 2. – Qui est le Numéro 1 ? – Vous êtes le Numéro 6» Au Village les identités sont gommées, chacun a et est un numéro. Mais les numéros ont un effet paradoxal : Ils uniformisent tout en hiérarchisant. Si les Villageois sont un numéro alors ils n’ont plus de personnalité distincte, ils sont tous le même : une concaténation de chiffres. Et dans ces conditions, si rien ne peut les différencier, ils sont égaux, en droit, même s’ils n’en ont pas, et en devoir, même s’ils n’ont que ça. Mais cette massification ne va pas sans introduire une contradiction. Si chacun a un numéro, ces numéros eux ne sont pas égaux. L’ordre est consubstantiel à la numération : le 1 est toujours avant le 2 etc. Et c’est dans cet «etc» qu'une question, jamais posée par la série, apparaît : de 1 à 6 il n’y a que 4 rangs. Le numéro 6 n’est donc pas très éloigné du numéro 1 ! Ferait-il parti des «autorités» du Village? «– JE NE SUIS PAS UN NUMÉRO, JE SUIS UN HOMME LIBRE !» Etre libre serait donc le panache de ceux qui n’ont pas de numéro… C’est ce qu’affirme le numéro 6 dans sa révolte. Pourtant ce n’est pas ce qu’induit totalement la série. Le majordome, qui ouvre les portes, sert le thé et suit le numéro 6 lorsque celui-ci regagne son domicile au terme de l’ultime épisode, ne porte pas de numéro. Est-il un homme libre pour autant? De l’enfermement. Le « Village » (7), tout un chacun y a vu un univers angoissant et carcéral. Le soir, des haut-parleurs annoncent le couvre-feu : « Plus que cinq minutes avant l'extinction des lumières. », pendant que des milliers de caméras surveillent les rues et les appartements. Orwell n’est pas loin de cet univers tentaculaire et totalitaire. La mer comme le substitut au mur de Berlin qui divisait, au-delà de la ville, l’Europe; le Rôdeur, boule blanche au pouvoir mystérieux, comme incarnation de la Stasi et plus généralement des forces de l’ordre, ou comme écho lointain du mirador. Certes, tous ces parallèles sont pertinents et constituent autant d’éléments qui permettent d’analyser cette série. On peut même accorder crédit aux spécialistes qui ont vu dans le Village une représentation du quotidien de chacun (8). Mais un fait semble passé sous silence. – Où suis-je? – Au Village. – (…) – Dans quel camp êtes-vous? – Vous le saurez en temps utile... » Et très vite le numéro 6 constate qu’ils sont dans son camp. Autant dire que cet aspect de la série la rend bien plus subversive qu’il n’y paraît puisque, en dernière analyse, elle dénonce bien plus les pratiques discrétionnaires des démocraties que les régimes totalitaires. (9) Kafkaïen Les analystes ont bien évidemment fait la comparaison entre l’univers du Village et celui que Kafka brosse dans «Le Procès». Et plusieurs éléments permettent d’avancer que l’un n’est pas étranger à l’autre. Du protagoniste du Procès nous ne connaîtrons jamais le nom, seulement l’initiale. A l’image de Joseph K, la vie de celui qui devient le numéro 6, bascule dans le non-sens d’un monde où les interrogations existentielles semblent accaparer l’espace. D’un point de vue visuel, la scène centrale de l’épisode ultime ne peut qu’évoquer la comparution de K devant une assemblée de vieillards surexcités, présidée par un juge qui lui reproche son retard. Mais là s’arrêtent les similitudes. « Au matin de son trentième anniversaire, Joseph K., jeune cadre travaillant dans une banque et vivant dans une pension, est arrêté de façon inattendue par deux mystérieux agents pour un crime non précisé » Et Joseph K cheminera l’année durant, jusqu’à son exécution hors de la ville, sans jamais savoir de quoi il était accusé. En ce qui concerne le numéro 6, c’est tout le contraire. Dés son arrivée au Village il sait. Il sait où il est, il sait ce que veulent ses geôliers, il sait ce qu'ils ne savent pas. Il n’y a dans sa situation aucune trace d’absurde, elle est tout au contraire conforme à la logique. «– Qu'est ce que vous voulez? – Des renseignements. (…) Nous voulons des renseignements, des renseignements, des renseignements. – Vous n'en aurez pas! – De gré ou de force, vous parlerez. La révolte Le générique nous l’apprend : L’homme qui traverse Londres à bord d’une Lotus Super Seven, est un homme en colère qui vient de démissionner et se prépare à partir, à rompre avec sa vie antérieure. Le numéro 6 sera ce même homme, uniquement obsédé par la nécessité de partir, exigence, qui au Village, prend la forme de l’évasion. Et nombre de scénarii des épisodes de cette série sont bâtis autour de ce thème. Pour autant la fuite ne constitue pas l’élément central du «Prisonnier». Pour preuve le nombre conséquent d’épisodes dont le scénario s’articule autour de l’affrontement entre le nouveau numéro 2 et le numéro 6, affrontement qui se solde toujours par la défaite du numéro 2, ce qui explique que d’un épisode à l’autre il ne soit jamais le même. On peut d’ailleurs de se demander si les tentatives d’évasion du numéro 6 ne sont pas des avatars de cet antagonisme. Le numéro 1 « Nous voulons des renseignements, des renseignements, des renseignements. (…) De gré ou de force, vous parlerez » Ainsi le mobile de cette lutte serait les « renseignements »… Et s’il en était tout autre? Au cours de l’avant dernier épisode, le numéro 2 s’enferme en compagnie du numéro 6 durant une semaine, pour l’affrontement final : «Le Prisonnier est ramené dans sa petite enfance, puis dans diverses étapes de sa vie d'écolier, de militaire, dans son environnement professionnel... Dans chaque cas, le Numéro Deux se pose en figure d'autorité à laquelle le Numéro Six est censé se soumettre : juge, maître d'école, escrimeur, officier... Mais à la fin de la semaine fatidique, c'est le Numéro Six qui fait preuve de la plus grande force de caractère. Le Numéro Deux boit un dernier verre et s'écroule sur le sol.» (10) Avec cette victoire le numéro 6 change de statut, il vient de prendre le pouvoir, car tel était le véritable enjeu de la lutte. «Le Superviseur félicite le Prisonnier et l'invite à le suivre afin de rendre visite au Numéro Un» (10) Fin de l’épisode… place au « Dénouement » «Le Prisonnier, qui a survécu au test ultime imposé par le Numéro Deux, a le droit de reprendre sa tenue civile : un costume et un polo noirs (…) Le Prisonnier mérite d'être appelé "Monsieur" car il a survécu à toutes les épreuves possibles» (10) . Il n’a pas seulement le droit d’être appelé Monsieur, il a le droit de ne plus arborer un numéro. Et il ne s’agit plus de « renseignements » dont lui parle l’assemblée, mais bien de pouvoir lorsqu’elle l’invite à diriger le Village ou à le quitter. Mais le pouvoir se doit d’être conquis et c’est au terme d’une véritable rébellion armée, qui met à bas le Village, que celui que l’on désigne maintenant Monsieur s’en accapare véritablement et peut ainsi regagner Londres en compagnie de quelques comparses et de l’imperturbable majordome. En guise d’hypothèse …L’homme s’immobilise et tombe inconscient sur le lit. Lorsqu’il retrouve ses esprits, il n’est plus à son domicile, mais dans un lieu étrange… il est au village… A chaque épisode, le numéro 6 arrive au Village comme l’on sort d’un rêve ; il regagne son domicile, au terme des 17 épisodes, après avoir déposé un ami parlementaire, comme à la fin d’une journée bien remplie. La série boucle, les premières images du premier épisode sont les dernières images du dernier épisode… Alors pourquoi ne pas inverser ? Monsieur regagne son domicile, après avoir déposé un ami parlementaire, et s’enfonce dans un rêve qui le conduit en lieu étrange nommé le Village, un lieu où il croisera des individus en habit de fantôme, dont l’un d’entre eux ne sera que lui-même. 1- Exceptés deux épisodes 2- «Tous les gouvernements ont leurs services secrets. En Amérique, c’est la CIA, en France, le 2ème bureau, en Angleterre, le MI 5. L’Organisation Atlantique a le sien aussi. Dans les cas difficiles, on fait appel à moi ou à quelqu’un dans mon genre. Oh, je m’appelle Drake, John Drake.» Notons que la formule finale deviendra célèbre sous la forme «Bond… James Bond». Dans la saison 1 de «Destination Danger», John Drake Drake est américain et travaille pour l’OTAN. Dans les saisons suivantes, il devient Britannique et travaille pour services secrets britanniques. Mais il est vrai qu’il est parfois Irlandais… 3-Patrick McGoohan est un acteur irlando-américain né le 19 mars 1928 à New York (États-Unis) décédé le 13 janvier 2009 à Los Angeles (États-Unis). Acteur vedette des séries Destination Danger et Le Prisonnier (série dont il est par ailleurs le co-créateur), il a également participé à plusieurs épisodes de la série Columbo, en jouant le rôle du meurtrier à quatre reprises et en réalisant plusieurs épisodes. Pour l'anecdote, au début des années 1960, tout auréolé du succès de la série d'espionnage britannique Destination danger (où il incarne l'espion John Drake pendant quatre saisons et 86 épisodes), il se voit proposer le rôle de James Bond dans James Bond 007 contre Dr. No de Terence Young. Mais il refusa ce rôle, jugeant le personnage de James Bond incompatible avec ses critères moraux. Son dernier rôle marquant, au cinéma, fut celui du roi Édouard Ier d'Angleterre dans Braveheart en 1995. Il joua également un rôle mémorable de directeur de prison dans L'Évadé d'Alcatraz de Don Siegel. (Wikipédia) 4- Il semblerait que ceci soit lié à un problème de droits 5- Une première saison de 39 épisodes de 25 minutes a été diffusée entre le 1960 et 1962 La saison 2 totalise 22 épisodes de 50 minutes et a été diffusée entre 1964 et 1965. La saison 3 compte 23 épisodes de 50 minutes aussi et a été diffusée entre 1965 et 1966. Quant à la quatrième saison (1966) elle se limite à 2 épisodes 6- Saison 1’épisode 1 7- Le village de Portmeirion est composé d'un ensemble d'édifices remarquables construits entre 1925 et 1978 par l'architecte et milliardaire excentrique, Sir Clough Williams-Ellis. Il se situe sur la côte de Snowdonia, au nord-ouest du Pays de Galles, et se caractérise par une architecture italienne. Seuls 4 épisodes seulement furent tournés presque intégralement à Portmeirion 8- Certains ont vu une parabole Patrick McGoohan y expliquerait «la crise existentielle et la quête métaphysique d’un homme de la quarantaine qui tente de découvrir le sens de sa vie». Et le numéro 1 dans tout ça ? Ce serait «l’image» de Dieu… 9- Préfiguration du camp de Guantánamo 10- http://www.leprisonnier.net/ , le site des fans de cette série. L A
Le lundi 17 Mai 2010 |
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SAISON 1 Guide des épisodes ![]() |
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