Cet été (2009), la télévision de service public souhaitait rompre avec la tradition séculaire des sagas estivales. Exit les drames de famille nombreuse, riche et côtière… Mais pour autant France 2, naguère connue sous le nom d’Antenne 2, n’envisageait pas de renoncer pas à sa mission. Et c’est ainsi, qu’en association avec Arte et TV5, elle se tourna vers « Suite Noire », la célèbre collection que dirige Jean-Bernard Pouy , collection qui se veut une sorte de suite à la mythique « Série Noire ». Ceci fait, elle fit appel à des réalisateurs aussi divers que Orso Miret, Emmanuelle Bercot, Laurent Bouhnik, Dominique Cabrera, Patrick Grandperret, Brigitte Roüan, Guillaume Nicloux, Claire Devers Huit polars plus huit réalisateurs… Le résultat devait être huit téléfilms d’une heure, diffusés chaque dimanche en « prime time ». Et le résultat fut huit téléfilms d’une heure, diffusés chaque dimanche à 22h50. Comment expliquer ce glissement horaire, cette sorte de déprogrammation ? Par le simple fait que de projet, les téléfilms étaient devenus réels, avec leurs images, leur ton, leur cruauté, leur noirceur, leur morale immorale, en un mot leur vision sans concession sur la société. La plaquette « publicitaire » portant le logo de « France 2 » précisait que ces huit téléfilms c’était comme « un petit noir bien serré ». « Un petit noir bien serré » ! Mieux vaut le servir aux insomniaques. Cinq questions à Jean-Bernard Pouy Apres avoir créé le personnage Gabriel Lecouvreur, dit Le Poulpe, et d’autres personnages, vous avez lancé la collection de Suite noire aux Editions La Branche. Certes le principe en est différent puisqu’il n’y a pas ici de personnage récurrent, mais plutôt la référence à une collection mythique. Pourtant il s’agit là encore d’une aventure collective. Pouvez vous nous en dire plus et surtout nous « expliquer » cette attirance, qui semble la votre, pour le collectif? Jean-Bernard Pouy : C’est très simple. La solidité, malgré les attaques, malgré les regards hautains du monde littéraire, de la galaxie polar, est due principalement au réseau agissant, énervé, fidèle des auteurs, éditeurs et amateurs de la littérature populaire, policière ou pas, et « noire » surtout. Donc, il est évident que ce milieu réagit le plus souvent collectivement. C’est toujours à plusieurs que l’on organise les ripostes les plus prégnantes. La télévision a adapté une série des romans de Suite Noire. Comment a eu lieu cette rencontre? Jean-Bernard Pouy : Très naturellement. Une responsable de programme, qui cherchait de quoi emplir une case, nous a contactés. Et comme, depuis le début, nous étions prêts (l’éditeur est aussi producteur), les évènements ont été très rapides et simples. Et pourquoi avoir choisi ces huit romans plutôt que d'autres? Jean-Bernard Pouy : Nous avons choisi les réalisateurs (tous venant du cinéma) et, eux, ont fait, à leur tour, leur choix parmi les cinq ou six romans qu’on leur a confié, comme ça, par intuition. Etes-vous, vous ou les auteurs dont les romans sont portés au petit écran, intervenu sur ces adaptations, sur le choix des acteurs etc.? Jean-Bernard Pouy : Perso, je ne suis pas intervenu. Je faisais simplement partie d’un comité de lecture (4 personnes) qui faisait en sorte que le « sel » des écrits reste dans les adaptations. Pas question, pour nous, de laisser affadir les romans noirs que nous avions édités. Ce comité était là aussi pour tenter d’amener une unité de ton et de qualité. Vous jouez l’acteur dans quatre de ces films… pourquoi? Jean-Bernard Pouy : Trois seulement. Pas pour faire mon Hitchcock. C’est par amitié et amusement. Je ne suis pas acteur. Mais plutôt figurant rigolo, en contre-emploi. Pensez-vous que Suite Noire marque le renouveau des séries télévisées ? Jean-Bernard Pouy : Renouveau… Ce n’est pas gagné. Les films ont eu une couverture médiatique exceptionnelle. Ça n’a pas suffi. Rangé dans une case « suicide » (le dimanche, à 23H, l’été), nous avons été, malgré l’humour noir latent des téléfilms, abandonnés. Et, apparemment, la série s’arrête. Il faudra attendre la diffusion par Arte l’année prochaine, pour tenter d’avoir une autre visibilité. Mais le combat continue. L A
Le lundi 28 Septembre 2009 |
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