Maurice Leblanc
Le créateur d'Arsène Lupin, Maurice Leblanc, est né le 11 novembre 1864 à Rouen et est mort le 6 novembre 1941, à Perpignan.
Après avoir repoussé les projets auxquels le destinait son père, Maurice Leblanc gagne la capitale et devient tour à tour journaliste, romancier et conteur sans rencontrer le succès. En 1905, Pierre Laffitte, directeur du mensuel " Je sais tout lui " lui commande une nouvelle policière dont le héros doit être l'équivalent en France de ce qu'est en Angleterre Sherlock Holmes. Maurice Leblanc, emprunte le nom d'un conseiller municipal de Paris connu pour ses démêlés avec l'administration, Arsène Lopin et livre la première aventure de son gentleman-cambrioleur. Les protestations du sieur Lopin contraignent l'auteur à renommer son héros en Lupin ce qui n'entame pas pour autant la popularité du personnage.
Entre 1905 et 1907 l'auteur livre au journal " Je sais tout " neuf autres aventures qui sont ensuite regroupées dans un recueil intitulé " Arsène Lupin, gentleman-cambrioleur ".
Vient ensuite " Arsène Lupin contre Herlock Sholmes ", ouvrage qui a le don d'agacer Conan Doyle...
Marius Jacob
Marius Jacob ( 1879 - 1954 ) embarque, à l'âge de douze ans, comme mousse pour un voyage qui le mène jusqu'à Sydney. Après un bref épisode de piraterie, il revient à Marseille en 1897 et abandonne définitivement la marine. Apprenti typographe, il fréquente les milieux anarchistes et participe à la fabrication d'explosifs. Cela le conduit en prison durant 6 mois.
Libéré, il renonce à la violence " Puisque les bombes font peur au peuple, volons les bourgeois, et redistribuons aux pauvres ! ".
Le 31 mars 1899, un commissaire de police et deux inspecteurs se présentent chez un commissionnaire au Mont de Piété de Marseille. L'accusant du recel d'une montre, ils l'arrêtent, après avoir dressé durant trois heures, sur papier à en-tête de la Préfecture de police, l'inventaire de tout le matériel en dépôt, qu'ils confisquent comme pièces à conviction. L'homme est emmené menotté au Palais de Justice tandis que les trois individus s'esquivent, emportant un butin d'environ 400 000 francs. Les policiers n'étaient autres que Jacob et deux compères... (WiKipédia)
Arrêté en Juillet 1899, il évite le bagne en simulant la folie pour finalement s'évader, un an plus tard, de l'asile d'Aix-en-Provence. Réfugié à Sète, il crée " Les Travailleurs de la nuit ". Les principes de ce groupe sont simples : pas de meurtres, sauf pour protéger sa vie et sa liberté, et uniquement des policiers; on ne vole que les parasites, les patrons, les juges, les militaires, le clergé... Un pourcentage de l'argent volé est reversé à la cause anarchiste.
Il commet, entre 1900 et 1903, plus de 150 cambriolages à travers le pays
Le 21 avril 1903, lui et deux de ses compères sont arrêtés à Abbeville. Après 2 années de procès, ils sont envoyés au bagne d'où il ne revient que 25 ans plus tard.
Arsène Lupin
Malgré les démentis constants de Leblanc, il semble, aux vues des ressemblances, que celui-ci se soit inspiré de ce personnage. Mais qu'importe ?
Arsène Lupin s'inscrit dans la tradition du héros populaire qui va de Robin des Bois au Rocambole de la Résurrection, en passant par Louis Dominique Cartouche. Il allie le bandit généreux au détective. Il vole aux riches et donne aux pauvres, défend la veuve et l'orphelin. Comme son modèle ces cibles sont les banques, les compagnies d'assurances et l'empereur Guillaume II... Il ne vole pas par appât du gain mais par défi.
" pour la satisfaction psychologique, le plaisir de défier la société, de ridiculiser ses anciennes institutions et d'attirer l'attention sur ses coutumes répressives "
Benvenuti et Rizzoni
Mais avec le temps et la première guerre mondiale, les idéaux Radical-socialiste et libre-penseur de Maurice Leblanc s’émoussent. Et avec eux, la personnalité d’Arsène Lupin se modifie. Délaissant le brigandage au détriment des puissants, il devient une sorte de supplétif des services secrets en lutte contre Allemagne.
Très tôt, Maurice Leblanc essaie même de liquider son héros en créant de nouveaux personnages, comme le détective Hercule Petitgris ou Jim Barnett, mais ses tentatives connaissent chaque fois un succès mitigé.
Arsène Lupin au grand écran…
A la différence d’autres personnages récurrents de la littérature populaire Arsène Lupin a immédiatement rencontré le cinéma. Dés 1910 de nombreux films muets, qui le mettent en scène, sont tournés.
Mais c’est en 1932, que Jack Conway réalise le véritable premier "Arsène Lupin" avec John Barrymore. En 1937, Jules Berry devient "Arsène Lupin Détective", dans le film d'Henri Diamant Berger. Puis, en 38, "Le Retour d'Arsène Lupin" est filmé par George Fitzmaurice avec Melvyn Douglas
Viennent ensuite, en 56 "Les Aventures d'Arsène Lupin" de Jacques Becker avec Robert Lamoureux puis, en 1959 « Signé Arsène Lupin", d’Yves Robert avec Robert Lamoureux. En 1962 Edouard Molinaro tourne "Arsène Lupin contre Arsène Lupin", avec Jean-Claude Brialy et Jean-Pierre Cassel. Et enfin en 2004, Jean-Paul Salomé propose un Arséne Lupin avec Romain Duris
…et sur le petit écran
Les adaptations des aventures d’Arsène Lupin sont nombreuses. Pour mémoire, citons :
"Arsène Lupin joue et perd", 1980 Feuilleton télévisé sur Antenne 2, en 6 épisodes. Musique : Georges Delerue. Interprète : Jean-Claude Brialy.
"Le Retour d'Arsène Lupin", 1989-1990 Feuilleton télévisé sur France 3, en 12 épisodes Musique: Vladimir Cosma. Interprète : François Dunoyer.
"Les Nouveaux exploits d'Arsène Lupin", 1995-1996 Feuilleton télévisé sur France 3, en 8 épisodes. Musique :Vladimir Cosma. Interprète : François Dunoyer.
Mais c’est probablement la série de 1970 -1971, 1973-1974 avec Georges Descrières dans le rôle du gentleman-cambrioleur qui a le plus marqué les esprits. Peut-être est-ce dû à la musique de J-P. Bourtayre sur un texte de Jacques Lanzmann et chanté par Jacques Dutronc.
Ou peut-être au jeu de Georges Descrières qui accentue le mouvement qu'avait initié Robert Lamoureux et insiste sur le caractère désinvolte du personnage, donnant ainsi à la série une tournure vaudevillesque, en rupture avec le ton habituel des dramatiques policières.
Toujours est-il qu’avec Georges Descrières, Arsene Lupin, ce spécialiste du déguisement, cet homme aux mille figures, trouve enfin un visage.
L’ordre
La série télé, au-delà de l’histoire qu’elle raconte, des prestations des acteurs et des actrices, des adresses ou des maladresses des réalisateurs, des ellipses des scénaristes… sont des témoignages sur une époque, sur l’état de l’ordre moral, sur la conception de l’ordre…
Une série comme « Bœuf-carotte », avec Jean Rochefort, n’est pas imaginable aujourd’hui. Il n’est plus de mise de critiquer la police répressive et de vanter les mérites de la prévention…
Nestor Burma, quant à lui, a connu un nettoyage au fil du temps. Et les seins et autres fesses féminines ont disparu.
Que resterait-il aujourd’hui des Aventures d'Arsène Lupin ? Que resterait-il de cette série, une fois supprimée toutes les scènes où les acteurs fument ? Peut-on imaginer les jeunes bourgeoises et autres aristocrates des années folles sans ces longs porte- cigarettes ?
Peut-on imaginer Maigret avec un brin d’herbe à la bouche ?
D’évidence nous avons changé de siècle ! Un esprit sain, que ne pollue pas l’imagerie sexuelle, dans un corps sain, que n’embrume pas la fumée de cigarettes, tel semble être l’idéal de ce siècle…
L A
Le vendredi 4 Mai 2007 |
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