« Dolmen » appartient à la catégorie des séries de l'été, téléfilms qui offrent généralement au téléspectateur l'occasion de visiter un coin de l'hexagone. Ici les caméras nous conduisent, alternativement, sur le port de Sauzon, à Belle île en mer, dans la faïencerie HB-Henriot, à Quimper, au phare de la presqu'île de Kermorvan, au Conquet, dans le château de Kerouartz, manoir du début XVIIe, à Lannilis - où une femme fut assassinée au XVII.
L'argument
Dans ces magnifiques décors touristiques et généralement paisibles, un tueur en série a décidé d'éliminer une fraction importante des cinquantenaires. Son mode opératoire échappe à tout entendement rationnel. Sa première victime est retrouvée sur une plage, parmi des mouettes, avec à un doigt deux piqûres et à la main un étrange message en lettres gothiques. Mais les faits troublants sont ailleurs, au milieu de ses papiers, les enquêteurs découvrent une enveloppe fermée par un cachet de cire à l'effigie d'un oiseau et… un des six menhirs de l'île, celui où est gravé un oiseau, se met à saigner. Les éléments qui entourent les autres meurtres sont identiques, à ceci près qu'ils sont successivement placés sous le signe du crabe, du poisson, de la méduse…
Cette forte dose de mystère aux couleurs du surnaturel -les menhirs qui saignent- est renforcé par le fait qu'une vieille légende semble relier tous ces crimes : La légende des « Naufrageurs ». Comme toujours dans le cas des légendes celle-ci trouve sa source dans des éléments réels : deux siècles plus tôt, une bande de six malfaisants, à l'aide de torches, trompait les navires qui croisaient au large de l'île, les conduisait contre les brisants, égorgeait les survivants et faisait main basse sur la cargaison. Mais un jour, le sort voulut qu'un navire de l'île soit victime des « Naufrageurs ». La vengeance des mères des victimes fut impitoyable : elles crucifièrent les six forbans aux six menhirs jusqu'à ce que mort s'en suive. Depuis ces temps lointains, il n'est pas rare que saignent les menhirs…
Un troisième élément vient raffermir le climat fantastique dans lequel baigne Dolmen : les nuits de l'héroïne sont peuplées de cauchemars répétitifs mais identiques.
Que le téléspectateur membre des ligues et cercles rationalistes se rassure tous ces phénomènes trouveront, au final, une explication qui ne devra rien aux incubes et succubes
Fidèle à la tradition
Cet aspect fantastique n'interdit pas à ce téléfilm de se conformer aux lois imprescriptibles du genre : l'intrigue doit s'organiser autour d'un affrontement inter familial ; la fin de chaque épisode doit garantir le retour du spectateur ; une romance amoureuse doit traverser l'ensemble.
Observons chacune de ces conventions.
Ici ce sont quatre familles, liées par leurs petites infamies, qui s'observent en chien de faïence et se déchirent dans l'ombre :
La famille Pérec : médecin et maire, propriétaire du seul laboratoire d'analyse de l'île.
Famille Kersaint : des châtelains qui possédaient l'île entière et qui rêvent de faire main basse de nouveau sur l'île
La famille Le Bihan : La mère est une ancienne boulangère devenue propriétaire d'une importante faïencerie
La famille Kermeur : elle compte parmi ses membres Marie, lieutenant de police à Brest et doit sa fortune au loto.
La structure des épisodes ne déroge pas à la norme : les fins sont semblables les uns aux autres et nous quittons l'héroïne en très mauvaise posture. Mais, au prix d'une l'économie de l'intrinsèquement vraisemblable, nous nous apercevoir, au commencement de l'épisode suivant, que la situation n'était pas aussi délicate que nous l'avions imaginée ! Et qu'importe de savoir d'où sortent les centaines de crabes qui envahissent la voiture de l'héroïne à la fin du premier épisode. Qu'importe de savoir ce que faisait ce flacon de mercure au chrome dans l'appartement du gendarme et comment celui-ci a pu rater sa cible. Depuis un célèbre feuilletoniste nord-américain, nous savons que l'ellipse est mère des mauvais pas…
Quant à l'idylle, elle est bien présente d'un bout à l'autre du téléfilm et ne manquera pas de ravir les adorateurs d'Ingrid Chauvin. Marie Kermeur, qui rentre sur l'île, aux premières images, pour épouser un ami d'enfance, quitte, cette même île, aux dernières images, dans les bras de Lucas Fersen, un flic du continent, alors que son ami d'enfance reprend la mer.L A
Le samedi 7 Octobre 2006 |
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