Saison 1.
Peggy, la secrétaire du Dr Keel, réceptionne un colis, contenant de l’héroïne, livré par erreur au cabinet. Les trafiquants tentent de récupérer le susdit paquet. Mais ils échouent. Alors, afin d’éviter que Peggy ne les identifie, ils la tuent… Terrassé par le chagrin, le Dr Keel, qui devait épouser Peggy, décide de venger la mort de sa fiancée. Au cours de son enquête, il reçoit l’aide inattendue d’un dénommé John Steed…
L’intrigue de ce premier épisode d’une série, qui va devenir mythique au fil des saisons, explique son titre : The Avengers.
Mythique, elle le deviendra même si rien n’en laisse encore préjuger. Loin de l’originalité et de l’inventivité dont elle se parera, la série s’annonce comme un polar classique mettant en scène un détective dilettante. Et les deux autres épisodes de cette première saison disponibles n’infirment pas cette impression. Certes une ébauche de duo masculin féminin pointe au travers les personnages de David Keel et de sa secrétaire Carol Wilson, mais l’égalité n’est pas encore de mise et Carol Wilson à fort à faire à répondre au téléphone et à servir le thé.
En 1961, les enregistrements télé s’apparentaient à des palimpsestes… Seuls deux épisodes, « La trapéziste », « Passage à tabac » et un fragment de « Neige brûlante » ont traversé les décennies sans dommages.
Saison 2.
Les scénarios des trois premiers épisodes de cette saison étaient destinés à la saison précédente, mais une grève aurait empêché leur réalisation. Ceci explique probablement que John Steed y soit secondé d’un éphémère personnage masculin, le docteur Martin King. Notons que ce bon docteur est tellement secondaire qu’il n’a pas droit à un « carton » lors du générique et que ce n’est qu’au quatrième épisode que celui-ci change légèrement en intégrant Honor Blackman.
A partir de cet épisode, qui peut donc être considéré comme le premier de cette saison, la série s’installe dans ce qui constituera sa particularité : le duo masculin féminin. Pour autant, elle hésite quant à l’orientation que doit emprunter ce couple. Convient-il d’installer aux côtés de Steed une femme indépendante, décidée et bagarreuse, en d’autres termes de la hisser à son égale ? Ou au contraire d’une femme certes pétillante, mais craintive ?
Les deux pistes sont explorées.
Julie Stevens, qui a droit à son carton au générique, campe Venus Smith, une chanteuse de jazz, collaboratrice occasionnelle de Steed. Personnage quelque peu écervelé, elle apporte une note de légèreté aux six épisodes où elle apparait, épisodes que rythment des intermèdes musicaux et quelques gestes surprenant de la part de Steed. Ainsi, le regardeur esbaudi le voit claquer une fesse féminine dans l’épisode « Le décapode ».
A l’opposé, Cathy Gale, qu’interprète Honor Blackman, s’affirme comme une femme radicalement indépendante, aux interventions décisives et n’hésitant pas à donner du revolver voire du coup de poing. Et le succès, qui est au rendez-vous, conjugué à la grossesse de Julie Stevens, aura raison du personnage de Venus Smith
Saison 3.
Entre les alternatives qu’elle avait explorées dans la saison précédente, la série tranche définitivement. Cathy Gale devient l’unique et incontournable partenaire de John Steed, non pas comme un faire-valoir, mais comme son égale. Femme décidée, indépendante et bagarreuse, elle n’attend pas, pauvre créature faible, que l’homme vienne la tirer des mauvais pas où elle s’est fourrée, elle se dépêtre souvent seule des situations délicates où les scénaristes l’ont plongé, voire elle sauve plus d’une fois la mise à Steed.
Parallèlement, la série se pare des éléments esthétiques qui feront sa renommée : Steed aborde la plupart du temps un parapluie et un chapeau melon ; quant à Cathy Gale, elle revêt de plus en plus souvent des vêtements de cuir et enfile de temps à autre des bottes de cette même matière.
Aux caractères des personnages clairement définis et aux accessoires esthétiques de plus en plus présents s’ajoutent des scénarios aux accents abracadabrantesques immergés dans des décors au baroque improbable.
Mais au terme du soixante dix-huitièmes épisode – le quarante-troisième pour elle- Honor Blackman décide de quitter la série pour s’envoler vers les cieux toxiques de Goldfinger, où elle sera Pussy Galore.
Saisons 4 et 5.
Un an après le départ de Honor Blackman, le retour des Avengers connait quelques ratées. L’équipe de production est entièrement restructurée. Mais ceci n’est pas le plus important, la principale difficulté se concentrant en une unique question : qui pour remplacer Honor Blackman ?
Elisabeth Shepherd, alias Emma Peel, est choisie à cette fin. L’actrice tourne « Town of no return – Voyage sans retour », puis une fraction de « The murder market – Cœur à cœur ».Malheureusement, les producteurs décident, après l'avoir visionné le premier épisode réalisé, qu’elle ne répond pas aux attendus. Diana Rigg, qui la remplace, choix judicieux, tant son sourire espiègle se marie avec le jeu distant de Macnee, retourne « Town of no return » ainsi que les segments de « The murder market ».
Et, paradoxalement, alors qu’Emma Peel délaisse le cuir qu’arborait Catherine Gale, les Avengers franchissent pour la première fois la Manche et adoptent le titre lourd de fantasmes : « Chapeau melon et bottes de cuir ». Fantasmes, mais images sages rythment les saisons 4 (N&B) et 5 (couleur) à quelques exceptions. Ainsi, le spectateur médusé découvre. Diana Rigg dans une étrange tenue d’oiseau (Maille à partir avec les taties - THE GIRL FROM AUNTIE) ou en danseuse des sept voiles (Du miel pour le prince - HONEY FOR THE PRINCE), mais aussi dans un seyant costume de Robin des Bois (L'économe et le sens de l'histoire - A SENSE OF HISTORY) ou en maillot pré punk, cuir fouet et clous, dans un épisode longtemps censuré (Le club de l'enfer - A TOUCH OF BRIMSTONE). Cordes et bondages sont aussi de la partie (Les chevaliers de la mort - THE DANGER MAKERS) et il n’est pas rare de découvrir Emma Peel attachée à une table de massage devenue planche de torture ou de la voir ceinte d’une ceinture de chasteté (Le village de la mort – MURDERSVILLE).
Au terme de deux saisons, que ponctuent le passage à la couleur et la pénétration du marché US, The Avengers semble à l'abri des avanies. Mais il n’en est rien. Le théâtre de l’absurde que la série propose déplait aux dirigeants d'ABC qui rêvent de la réorienter vers un classicisme neutre. Ils harcellent de mémos Brian Clemens et se saisissent d’une revendication salariale de Diana Rigg pour imposer leur point de vue.
Exaspérée, Diana Rigg quitte la série et suivant l’exemple de Honor Blackman se met « Au service secret de sa Majesté », l’unique James Bond avec George Lazenby. Quant à Brian Clemens et son équipe, ils sont remerciés…
Saison 6.
Cette nouvelle saison s’annonce sous de sombres auspices.
Brian Clemens congédié, John Bryce, le producteur des épisodes avec Honor Blackman, le remplace avec la ferme intention de normaliser la série. Et les avanies s’accumulent.
Afin de différencier d'Emma Peel la nouvelle partenaire de Steed, il décide que la brune Linda Thorson sera blonde. Malheureusement, la décoloration lui fait perdre ses cheveux et il faut recourir aux perruques. Mais le plus grave est d’ordre industriel. La nouvelle saison est prévendue aux USA où chaque épisode doit être livré à date fixe. Or John Bryce ne maitrise pas la durée de réalisation et le retard s’accumule. Les USA menacent de rompre le contrat !
John Bryce est remercié et la chaine se tourne de nouveau vers Brian Clemens.
« The avengers » renoue avec son cours normal et les scénarios creusent plus profond le sillon de l’absurde, marque de fabrique de la série.
Des clowns à la retraite assassinent des agents artistiques (Clowneries) ; des jeux de société géants deviennent des scènes de crimes (Jeux) ; des sosies de Steed s’entretuent (Mais qui est Steed) ; au réveil la ville est déserte (Le matin d'après) ; Jack l'Eventreur embroche des conférenciers (Brouillard) ; etc. Et comme si la folie des scripts se devait d’être accentuée, Mère–grand, personnage improbable, fait son entrée dans un fauteuil roulant que pousse la muette Rhonda, quand il de flotte pas au milieu d’une piscine.
Cette saison qui sera la dernière marque le triomphe de Brian Clemens qui, non content d’accentuer jusqu’aux limites de l’extrême la folle invraisemblance des intrigues, colore outrageusement les épisodes et chorégraphie, comme à son habitude, avec le plus grand soin les bagarres finales.
Les aficionados de « The avengers » ont pour certains vertement critiqué la prestation de Linda Thorson, allant jusqu’à la rendre responsable de son annulation ! Certes Linda Thorson, alias Tara King, n’est pas Diana Rigg, alias Emma Peel, il lui manque peut-être ce sourire espiègle, limite fripon, qui illuminé celle-ci, mais elle aurait pu l’être si son personnage n’avait subi une quasi imperceptible réorientation. Tara King, telle Emma Peel, n’est jamais à court de horions, de coups de pieds ou de cabrioles, mais elle a la fâcheuse habitude de se fourrer dans des situations délicates après s’être fait chloroformer et de se précipiter, lorsqu’elle est tirée d’affaire, telle une faible femme, dans les bras de son sauveur, John Steed. En d’autres termes, alors qu’Emma Peel incarnait la femme émancipée, Tara King se cantonne dans l’entre-deux, se laissant aller de temps à autre à la femme enfant.
Saison 7 et 8.
Après la saison six, la série entre dans une quasi-décennie de sommeil… En 1975, Rudolf Roffi, producteur français, fait appel à Macnee et Linda Thorson afin de réaliser une publicité pour le champagne Perrier Jouet. Et c’est au terme de ce tournage que nait le projet de ressusciter « The Avengers ». Coproduite par TF1, la série devient « The New Avengers ».
Patrick Macnee est toujours présent au générique dans le rôle de John Steed, mais comment aurait-il pu en être autrement ? Par contre, il n’est plus accompagné d’une partenaire, mais d’un duo : Purdey (Joanna Lumley) et Mike Gambit (Gareth Hunt).
Si les scénarios conservent quelques grains de folie, ils sont nettoyés des excès qui faisaient leur charme et c’est donc autour d’intrigues passées au tamis de la raison que le trio combat le crime et les agents ennemis durant deux saisons.
Mais pour de nombreux fans, la magie est rompue et paradoxalement les bondissements et autres coups de pieds de Purdey, qui dévoilent généreusement ses jambes au galbe plus-que-parfait, ne parviennent pas à rivaliser avec les ensembles de cuir de Catherine Gale, les pudiques justaucorps d’Emma Peel ou les extravagantes tenues de Tara King.
Tout au long des saisons précédentes, une question taraudait le regardeur : quelle est la nature exacte des rapports de Steed et de ses partenaires ? L’ambiguïté des regards, sourires et répliques renvoyait la réponse au hors champ qu’introduisait invariablement la scène finale. Avec le trio cette incertitude disparait : les rapports privilégiés sont interdits de hors champs.
Ainsi, au-delà des problèmes financiers qui sont la cause directe de l’annulation de ces New Avengers, ceux-ci étaient minés de l’intérieur par cette configuration en trio.
Quelques Génériques
• Première Saison -1961- : https://www.youtube.com/watch?v=WtCZB0MiwUQ
• Deuxième et Troisième Saisons -1962/64- Générique avec Honor Blackman : https://www.youtube.com/watch?v=ef4XI-O_K3U
• Quatrième Saison -1965/66- : https://www.youtube.com/watch?v=vHS_k33r88U
• Cinquième Saison -1967- : https://www.youtube.com/watch?v=GeK3Lkd_XL4
• Clip 1967 - Diana Rigg (les années Emma Peel) : https://www.youtube.com/watch?v=mClYrMqwy-U
• Sixième Saison -1968/69 : https://www.youtube.com/watch?v=XkLJ75m1IKk
• Clip 1968 - Linda Thorson (les années Tara King) : https://www.youtube.com/watch?v=mv18hwwLegg
• Septième Saison -1976/77 : https://www.youtube.com/watch?v=8-lJeLYTHIk
• Publicité Champagne Perrier-Jouet -1975: https://www.youtube.com/watch?v=V-NLN3SJKhg
L A
Le samedi 23 Juin 2018 |
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