1962 : la télévision se résume à la Radiodiffusion-télévision française, unique chaine qui ne diffuse que quelques heures par jour et toujours en soirée. Dépendant entièrement du Ministère de l'Information, elle n’a nul besoin de travestir l’actualité puisqu’elle omet avec soin de l’évoquer.
Et les débuts de soirée télévisuels s’ouvrent invariablement sur une femme-tronc qui, souriante, égrène d’une voix chaleureuse le maigre programme qui va suivre. Ces dames, que des langues malintentionnées désignent sous le sobriquet de plante verte, se dénomment les speakerines (1).
1962 : le Général, revenu au pouvoir depuis 4 ans, entame le retrait de l’armée d’Algérie. Et sur le territoire, OAS multiplie les attentats (2)…
Christine Beauval, speakerine vedette de la RTF, dont le mari, fervent gaulliste, est responsable de l’information sur cette même RTF, ambitionne de réaliser une émission d’un genre nouveau, puisqu’à destination des femmes. Mais la télévision n’est pas cet univers souriant que le spectateur découvre chaque soir. Elle est déchirée d’ambition, de faux-semblants, de trahison, de complots…
Au prétexte d’une double intrigue criminelle, l’une au confluent de la politique et du sexe, l’autre nourrie de la folie, cette série en six épisodes invite le regardeur à une plongée glaçante dans les années 60.
Certes, Christine Beauval se démène au milieu de cette double intrigue, mais elle est surtout emportée par le tourbillon de l’Histoire, de ses ruptures, de ses accélérations et de ses soubresauts. Entre la tentation de l’OAS et le terrorisme, les nuits de débauche à tendance pédophile, la police aux ordres tout comme la télévision, la maternité et le possible avortement, la fidélité et l’irrépressible aspiration à la liberté, Christine Beauval voit son univers s’effondrer et ses certitudes s’envoler. Et au final, elle n’a d’autre choix que de reconstruire sa vie en tentant de mettre en adéquation vie privée et vie publique.
S’il n’était les deux dernières minutes de l’épisode 6, minutes aussi bisounours qu’improbable dans ces années-là, « Speakerine » serait plus que parfaite.
1- https://fr.wikipedia.org/wiki/Speakerine
2- https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_armée_secrète
L A
Le dimanche 15 Avril 2018 |
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