En 1908 paraissait, sous forme de feuilleton dans Le Matin « Le Roi Mystère ». Avec ce texte, qui serait en 1911 rassemblé en roman et publié chez Arthème Fayard et Cie, Gaston Leroux rendait un hommage appuyé à Dumas en revisitant le « Comte de Monte-Cristo ». Pour autant, cette réécriture d’un des plus grands romans ayant pour thème la vengeance s’éloigne tant de la structure que de l’intrigue de son modèle. Alors qu’Edmond Dantès se venge de la cabale dont il a été la victime, cabale qui l’a expédié durant quatorze ans dans une geôle du château d'If, Robert Pascal venge la mort de sa mère et l’exécution de son père, actes odieux dont s’est rendu coupable un triumvirat de scélérats. En d’autres termes, à la différence Edmond Dantès, Robert Pascal n’est qu’une victime collatérale des crimes de Sinnamari, Grimm et Régine.
Une autre différence de taille est à souligner : Edmond Dantès devenu le Comte de Monte-Cristo est maître de sa némésis ; Robert Pascal tantôt Roi Mystere, tantôt le Comte Teramo est l’instrument du milliardaire américain Mac Callan passionné de de romans-feuilletons :
« Vous savez combien je m'ennuyais, mon ami, quand j'ai rencontré à Chicago cette pauvre Française qui faisait métier de sage-femme et qui m'a raconté cette histoire qui lui était arrivée à Paris, dans laquelle il y avait une pauvre femme enfermée, un père exécute innocent, des enfants abandonnés, des magistrats criminels, etc., etc. (…) J'avais relu trois fois le Comte de Monte-Cristo (…) Or, il n'y avait plus de roman-feuilleton ! Le récit de l'aventure réelle de cette pauvre femme me donna l'idée d'en faire un à mon tour... Seulement, moi, je ne sais pas écrire ! Alors, je résolus de le vivre !... » Chap XVII à la fin duquel Macallan se déclare dégoûté de la vie et le prouve
En 1991, la célèbre chaine des régions proposait à ces téléspectateurs une adaptation de ce roman de Gaston Leroux en quatre épisodes de 90 minutes.
Il ne manquait rien. Ni les ruelles étroites aux pavés luisants, ni les coupe-gorges déserts, ni le brouillard laiteux et étouffant, ni les tavernes louches aux lumières blafardes, ni les salons feutrés de l’aristocratie napoléonienne, ni les aigrefins agiles du surin, les policiers stupides et les puissants au passé criminel, ni les calèches et les ombres furtives, ni les lacs, les catacombes et les passages dérobés, ni le nain mystérieux, les amours impossibles, les meurtres, les viols et les machinations, etc., etc., etc. Rien ne manquait à l’appel, pas même un bouton de guêtre et pourtant seul son générique enthousiasma les aficionados de la distanciation brechtienne et de la rime croisée :
Plus je t'aime et plus je meurs
Entends la chanson des saules
Les saules sont toujours pleureurs
Viens pleurer sur mon épaule.
A quoi bon l'heureux souvient-en ?
Ce qui fut jamais plus sera
Et toi, et toi que j'aimais tant
Je sais bien tu partiras
L'oiseau qui niche au paradis
Ne crois jamais ce qu'il te dit
L'oiseau qui chante est un menteur
L'amour non plus n'a pas de cœur
Plus je t'aime et plus je meurs
Les choses sont ainsi faites
Les saules sont toujours pleureurs
Les amours toujours défaites
Les souvenirs sont sans parfum
Méfis-toi des larmes des saules
Et les amours pleurent un à un
J'irai pleurer sur ton épaule
L'oiseau qui niche au paradis
Ne crois jamais ce qu'il te dit
L'oiseau qui chante est un menteur
L'amour non plus n'a pas de cœur
Philippe Kelly - La chanson des saules -
https://www.youtube.com/watch?v=W_kdmfOgMdQ
L A
Le jeudi 11 Novembre 2016 |
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