- Quel est le premier des rois ?...
- Le premier des rois est Baal, le démon tricéphale qui règne dans la partie orientale de l'enfer. A combien de légions commande-t-il ?
- A 66.
« Les compagnons de Baal », feuilleton oublié de la défunte ORTF que l’INA propose aux curieux ou aux nostalgiques.
Alors que derrière la caméra se tient Pierre Prévert, frère de Jacques Prévert, devant celle-ci office, Jacques Champreux, petit-fils de Louis Feuillade, et aussi scénariste du susdit feuilleton. A ces côtés se tiennent des acteurs qui accéderont à la reconnaissance du public dans un registre totalement différent. Claire Nadeau, qui campe le personnage de Françoise Cordier, deviendra célèbre sous les traits de Madame Foldingue (1), quant à Joseph, l’ignoble homme à tout faire du Grand Maitre de Baal, il est interprété par Popeck.
L’intertextualité…
Jacques Champreux s’amuse à glisser, de-ci de-là, quelques clins d’œil qui arriment son scénario dans une continuité de genre.
Lors du second épisode, intitulé « Les Mystères de l'Île-Saint-Louis », le journaliste Claude Leroy, en compagnie de Françoise Cordier, se rend au cinéma « Le Racine ». Tous deux assistent à la projection de l’un des films du cycle « Midi Minuit Fantastique ». La caméra s’attarde sur les affiches des autres films : « Le fils de Frankenstein » de Rowland V. Lee, « Rendez-vous avec la peur » de Jacques Tourneur, « La Gorgone » de Terence Fisher, « Le désosseur de cadavres » de William Castle et « Dracula » de Tod Browning.
De même dans l’épisode suivant, « Le spectre rouge », lorsque le commissaire Lefranc visite l’appartement du journaliste Claude Leroy, des fascicules d'Harry Dickson, le Sherlock Holmes américain créé par Jean Ray, ou quelques Arsène Lupin encombrent son bureau et une affiche du « Fantômas » de Louis Feuillade décore le mur.
… une filiation.
A Fantômas, « Les compagnons de Baal » doivent beaucoup. Mais ils ne lui doivent pas seulement le personnage du grand maitre, sa puissance et son organisation tentaculaire, ni les objectifs de celle-ci (2). Ils lui doivent la mise en présence de deux mondes : l’univers des gens ordinaires et l’univers du crime. L’un s’étend en surface, l’autre se terre dans les bas-fonds de la ville et l’on y accède par des portes dérobées, des rivières souterraines (3) ou des labyrinthes de galeries. Et le Grand Maitre passe de l’un à l’autre grâce à des métamorphoses incessantes : maire d’un village du Jura, religieuse, aristocrate grabataire, clochard, professeur ou gourou.
Le dernier élément que « Les Compagnons de Baal » empruntent à Fantômas c’est la modernité. Celle des murs d’écrans de surveillances, des téléphones dans les voitures et des Talkie Walkies.
Certes le jeu des acteurs est parfois outrancier (4), les décors transpirent le manque de moyens, mais, malgré ces multiples faiblesses, « Les Compagnons de Baal » valent bien mieux que certaines productions actuelles où des acteurs, venus du cinéma, se contentent de cachetonner
1- Dans l'émission humoristique de télévision Cocoboy, puis Cocoricocoboy animée par Stéphane Collaro.
2- Objectifs qui s’apparentent aussi à ceux du SPECTRE.
3- Serait-ce le Styx, un des fleuves des Enfers ?
4- En particulier, lors des moments mettant en scène les adorateurs de Cosmokronos L A
Le jeudi 5 Mars 2015 |
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