Organisée autour d’une enquête principale, qui court tout au long la saison, la série « Engrenages » déroule un foisonnement d’intrigues secondaires, voire tertiaires, attachées plus particulièrement à l’un des personnages. Ces intrigues se mêlent, se percutent, entrent en échos, sans qu’aucun des protagonistes en ait conscience. Seul le téléspectateur est à même d’appréhender la totalité du puzzle.
« Engrenages » n’est pas une série à énigme puisque les coupables sont immédiatement désignés, mais une série à suspense au sens hitchcockien puisque nous savons tout alors que les « héros » tentent de le découvrir, inconscient des dangers qu’il renferme. Et comme au théâtre de marionnettes où le spectateur crie lorsqu’apparait Gnafron derrière Guignol, le téléspectateur trépigne lorsqu’il découvre les manœuvres des uns et des autres.
D’une saison à l’autre…
Saison 1 : Le cadavre d'une jeune fille est retrouvé dans une benne à ordures. Et au fil des épisodes, l’enquête nous conduit dans les appartements d’un conseiller ministériel.
Saison 2 : D’un barbecue à une overdose dans un lycée des beaux quartiers, l’enquête nous immerge au cœur d’un réseau de trafiquants de drogue.
Saison 3 : Partant d’un tueur en série, surnommé le « boucher de la Villette », nous nous immergeons dans un réseau de prostitution et suivons un juge sur la piste de fausses factures.
Saison 4 : Un corps déchiqueté est retrouvé dans le bois de Vincennes : ultra-gauche, PKK, squat et travailleurs en situation irrégulière sont au rendez-vous de cette saison.
Saison 5 : Les cadavres d’une femme et d’une fillette, solidement attachés l’un à l’autre, sont retrouvés accrochés à l'hélice d'une péniche sur le canal de l'Ourcq. L’enquête va conduire Laure Berthaud dans les bas-fonds que hantent grand banditisme, indics, gangs de filles…
… des personnages crédibles…
Ces intrigues, qui se nourrissent en partie de l’actualité politique et laissent une grande part au sordide le plus glauque, puisent leur chair dans des personnages magistralement interprétés.
• La capitaine Laure Berthaud (Caroline Proust)
Accusée de violences policières lors de la saison 2, elle abat le tueur de la saison 3 et connait de ce fait quelques ennuis au début de la saison 4 ou elle doit par ailleurs faire face à un « patron » carriériste qui la déteste.
« Caroline Proust fait une femme flic très crédible, mignonne, mais pas sophistiquée, avec une forme de fragilité. On ne parle jamais des difficultés des femmes dans la police, j'ai voulu traiter cela de manière approfondie sans éluder la question de la violence qu'elles rencontrent. » Virginie Brac (1)
• L'avocate Joséphine Karlsson (Audrey Fleurot)
Cynique et peu regardante avec la déontologie, elle déteste par-dessus tout la police et donc la capitaine Laure Berthaud.
Audrey Fleurot m'a beaucoup inspirée : elle dégage une grande ambiguïté, et donne à son personnage une étrangeté fascinante. Comme la capitaine Berthaud, c'est une femme qui se bat dans un monde d'hommes. Mais ce qui pourrait les rapprocher les oppose : leur duel sans merci tend toute la saison. Berthaud est entourée par ses collègues, Karlsson est seule du début à la fin, et on lui pardonne beaucoup de choses. » (1)
• Le vice-procureur Pierre Clément (Grégory Fitoussi)
Substitut du procureur dans la première saison, il devient avocat et s’associe avec Joséphine Karlsson à qui il reproche d’être peu regardante quant à sa clientèle. Mais au terme de la quatrième saison, il agira de même…
• Le juge François Roban (Philippe Duclos)
« C'est un pragmatique, un vieux routard qui n'est jamais dans le compromis. Son langage est à la fois très châtié et drôle. A travers le texte, j'ai voulu mettre en valeur le comédien formidable qu'est Philippe Duclos. »
• Lieutenant Gilles « Gilou » Escoffier (Thierry Godard)
Homme de terrain, Gilou est un flic borderline qui se retrouve souvent dans de sales draps.
• Lieutenant Luc « Tintin » Fromentin (Fred Bianconi)
Marié et père de famille, il révèle une extrêmement fragile lors de la saison 4.
Parallèlement à ces personnages récurrents et très convaincants, car éloignés des archétypes simplistes du polar made in France, chaque saison déroule une galerie de « méchants » (2) et de personnages retors parfaitement campés.
… un succès international (3)
« Engrenages » est l'une des rares séries françaises à s'exporter. Elle a été vendue dans près de 70 pays. En Suisse, la série a été diffusée en version originale sous-titrée en allemand. Au Québec, elle est disponible depuis mars 2014 sur la plateforme TOU.TV de Radio-Canada. Au Royaume-Uni, elle est diffusée sur BBC Four sous le titre « Spiral ». Aux États-Unis, la série a été achetée par la plateforme Netflix et est diffusée en version originale sous-titrée sur MHz WorldView de PBS.
1- Télérama
2- « Plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film » Alfred Hitchcock
3- WikipediaL A
Le vendredi 12 Septembre 2014 |
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