Apparu sur les écrans plats en 2009, le commissaire Magellan poursuit paisiblement sa carrière d’enquêteur télévisuel sur un rythme chaotique, caractéristique incontournable des chaînes hexagonales.
Commissaire Simon Magellan : vie privée.
Père de deux adolescentes, Juliette et Cordélia, qui se chamaillent en permanence, il héberge Alex, son jeune frère au cours du premier épisode. Lors du dixième épisode, à la grande surprise du téléspectateur le plus distrait, les deux demoiselles cèdent la place à deux fillettes (1), dont l’une se volatilise de l’écran quasi immédiatement, pour cause de voyage scolaire à Londres.
Ces enfants sont-ils le fruit d’un mariage suivi d’un divorce ? La question demeurera sans réponse durant les treize premiers épisodes. Tout au plus ferons-nous la connaissance de la mère de ses filles lors du sixième épisode.
Ne nous attardons pas sur ses multiples déménagements du commissaire Simon Magellan et de sa famille, puisqu’il ne s’agit en fait que de changements de décor ; soulignons par contre l’incertitude qui règne quant aux liens qui l’unissent au procureur Gravillac. Cet homme de justice, fin gourmet à toute heure, à qui les scénaristes imposent un régime bio dans l’épisode 12, est-il un très proche ami ou un membre de la famille Magellan ?
Par chance, ses liens avec la journaliste Florence Higel se révèlent beaucoup plus transparents : ils ont été amants, mais ils ont rompu à cause des filles ; Magellan avait peur qu’elles ne soient pas prêtes à accepter une autre femme dans la vie de leur père…
En résumé : au-delà de son aspect quelque peu inconséquent et donc agaçant, les scénaristes ont « parfaitement » balisé l’univers du commissaire (2).
Commissaire Simon Magellan : vie publique.
Commissaire à Saignac, petite ville de province (3), il est confronté à des meurtres sordides qui frappent immanquablement la bourgeoisie locale et ravivent souvent de vieux drames familiaux (4). Irréprochablement bâtis, les scénarios conduisent, avec un humour à même de masquer l’aspect glauque de l’intrigue, Magellan jusqu’à la vérité, non sans avoir au préalable agrémenté l’affaire d’un second cadavre (5).
Si l’histoire tient en haleine le spectateur tant elle est traitée avec rigueur et tant les personnages sont campés de manière convaincante, le spectateur ne peut que regretter le turn over inexpliqué qui frappe les adjoints du commissaire.
Jusqu’à l’épisode 3, celui-ci était secondé par le lieutenant Béziat puis jusqu'au dixième par la très dynamique Lucy Tran et depuis par Selma. Si chacun peut comprendre que les acteurs passent, chacun se demande pourquoi les scénaristes n’imaginent pas une brève explication à ces changements (6).
En résumé : au-delà de quelques faiblesses de-ci de-là ce commissaire-là mérite que le spectateur s’intéresse à lui (7)
1- La série Femmes de loi a connu le même phénomène : Élisabeth Brochène, premier substitut du procureur de la République, est une femme divorcée qui vit avec sa fille, une jeune préadolescente. Brusquement cette dernière se métamorphose en une gamine d’une dizaine d’années…
2- Façon Navarro
3- Il s’agit d’une ville imaginaire probablement au nord de la France.
4- Chabrol semble une source d’inspiration.
5- Ce second cadavre semble constituer un invariant de la série et apparait une vingtaine de minutes avant le dénouement.
6- En matière de turn over, la série « Le juge est une femme » a battu tous les records
7- D’autant plus qu’il fait figure d’exception de par son format horaire de 90 minutes.
L A
Le dimanche 3 Aout 2014 |
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