Lorsqu’une société de production de séries TV décide de planter les caméras de ses réalisateurs à Marseille, peu sont ceux qui ne hurlent pas au phénomène sociétal. Et si par bonheur la série devient policière, d’aucuns évoquent cet instant mystérieux où la fiction rejoint la réalité.
Pour « Mongeville », la Société de production « Son et lumière » a choisi Bordeaux comme décor naturel. Ce choix n’est pas neutre, puisque l’image de cette ville dans l’inconscient national diffère radicalement de celle de la cité phocéenne et par là même induit un rythme et des choix de scénaristiques à la mesure de cette différence.
Les images du tramway traversant silencieusement l’écran par une nuit dorée auraient mal supporté une débauche de Kalachnikov, ce qui ne signifie pas qu’elles les interdisent. Tout est une question de manière.
La fille du juge Antoine de Mongeville a disparu… Cet évènement tragique, qui a conduit sa femme à fuir Bordeaux et à se réfugier à Paris, l’a poussé à la démission. Depuis il photographie les oiseaux tout en n’ayant pas perdu l’espoir de retrouver sa fille.
Si Mongeville « aborde » Axelle Ferrano lors du premier épisode, c’est pour creuser l’une des hypothèses qui entourent la disparition de sa fille.
Et il en sera ainsi durant les trois épisodes tournés à ce jour.
Ce drame, que Mongeville ne peut effacer de sa mémoire, constitue le fil qui relie les téléfilms de la série. Ce que les théoriciens du petit écran appellent l’arc, ce qui, telle la nicotine, crée la dépendance, mais que les scénaristes hexagonaux maitrisent parfois difficilement.
Mais, bien plus que ce simple lien, le scénariste a construit un véritable univers où évoluent des personnages, qui de suspects d’un crime lors d’un épisode, deviennent les coupables d’un autre crime au cours de l'opus suivant. Tant et si bien que dans ce monde imaginaire, la fiction prend les traits de la réalité, puisque lui-même s’est paré des couleurs du réel. Ainsi, le spectateur le plus blasé ne peut qu’adhérer au personnage bougon de Francis Perrin et à celui de Marie Moute.
Saison 2 : ébauche d’une nouvelle tonalité
Pour cette nouvelle saison, Antoine Mongeville toujours passionné d’ornithologie, va accompagner dans ces enquêtes une nouvelle jeune capitaine de police affectée à la DIPJ de Bordeaux, Valentine Duteil, au tempérament différent à celui d’Axelle Ferrano avec laquelle il faisait équipe lors de la première saison.
Volontaire, gaffeuse et la plupart du temps de belle humeur (1), sa présence insuffle une dose de légèreté à la série, qui n’épargne pas le personnage de Mongeville, même s’il demeure fondamentalement un être solitaire et blessé, du moins dans un premier temps, car au fil des saisons la légèreté l’envahit. Ainsi, l’amnésique des spectateurs aidant, la série a glissé du drame à la comédie...
1- "Avec le producteur, nous savions que pour faire perdurer la série, il fallait en faire évoluer la formule. Mon duo avec Marie était trop anxiogène puisque son personnage n'avait pas revu son père depuis 20 ans et que Mongeville vivait dans le deuil de sa fille. Il fallait donc amener de la légèreté. On a donc pensé à donner au juge une autre partenaire au contact de laquelle il revit" Francis PerriL A
Le mardi 3 Juin 2014 |
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