En quatre ans, le spectateur studieux des programmes TV a pu suivre, sur la chaine hertzienne France 2, sept épisodes de la série « Dame de » (1). En d'autres termes, ce spectateur, dévoreur de séries, de sagas et autres TVfilm n’aura pas développé de syndrome addictif, alors qu’il n’a pu y échapper lors des multidiffusions de « Julie Lescaut » (2), l’un des joyaux de TF1 (3).
Diffusé sur un rythme plus soutenu, cette série aurait emporté l’adhésion de tous, et en premier lieu des admirateurs des productions venues du froid, tant les épisodes, qui s’enchainent avec intelligence, se révèlent d’une précision chirurgicale. Ainsi, sur une toile de fond sordide, chaque « dame de » déroule ses abjectes spécificités, loin de la doxa visuelle qui édicte l’esthétique de la bienséance.
Le cas Martin.
Pour Martin, chef de groupe à la brigade criminelle, si dame nature ne lui avait pas offert une libido musclée et impétueuse, sa vie sentimentale aurait connu moins de soubresauts ce qui n’aurait pu que simplifier sa vie professionnelle.
Ainsi, au cours du premier épisode nous découvrons qu’il entretient des relations très intimes avec son ex-femme, qu’il ne s’interdit pas de nouer des relations coquines avec une certaine Laurette ou de déclarer son amour à nouvelle compagne, Marion. Ceci étant posé, nous pressentons que ses relations avec sa compagne se dérouleront sous de fâcheux auspices. Et qu’importe que Marion attende leur enfant ?
L’apothéose de l’inconstance de Martin sera atteinte au cours du cinquième épisode, où non seulement il se laissera séduire par une inconnue, ce qui lui vaudra d’être soupçonné de meurtre, mais il fera tout son possible pour reconquérir le cœur de Marion… peut-être pour mieux la tromper deux épisodes plus tard (4).
Le cas Jeannette.
Dotée d’une sexualité moins chaotique, elle n’est pas pour autant épargnée par les scénaristes. Kidnappée par le tueur en série à l’arbalète, qui sévit dans « Dame de cœur », elle termine l’épisode dans le coffre de la voiture du serial killer.
Et lorsqu’elle tombe amoureuse, c’est d’un individu qui la quitte alors qu’elle est enceinte (5) ou de Roland Liéport, le mari d’une femme qui a disparu voilà plusieurs années… et au terme de cette escapade sentimentale, elle se réveillera, à bord de son bateau, ficelée et nue, en compagnie du cadavre d’une femme tout aussi nue (6).
Imaginant cette affaire appartenir au passé, elle devra faire face aux rêves obsessionnels et gérer sa nouvelle relation, certes fugace, mais très intime avec Martin (7).
Les mentions
En résumé et pour fixer les idées, à chaque dame sa mention :
« Dame de cœur »-Mention spéciale : minutie.
« Dame de pique »-Mention spéciale : cynisme.
« Dame de carreau »-Mention spéciale : manipulation.
« Dame de trèfle »-Mention spéciale : suspense.
« Dame de sang »-Mention spéciale : sadisme.
« Dame d'atout »-Mention spéciale : sordide.
« Dame de cendres »-Mention spéciale : monomanie.
Quant à l’ensemble, il se hisse au rang des séries telles que « Traque En Série », « Bron|Broen » ou « The Killing »…
1- Il s’agit des adaptations de romans d’Alexis Lecaye, parfois réalisées par lui-même.
2- Cette série a été créée par Alexis Lecaye.
3- L’autre joyau étant « Navarro », à la création de laquelle a participé un autre grand du polar : Tito Topin
4- « Dame de cendres »
5- « Dame de pique »
6- « Dame de carreau »
7- « Dame de cendres », qui est une suite de « Dame de carreau »L A
Le dimanche 2 Fevrier 2014 |
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