Les scénaristes (1) profitent, comme il se doit, du premier épisode de la série pour nous présenter leur héroïne.
A la tête d’une fortune conséquente, qui la met à l’abri du salariat (2), Phryne Fisher, après avoir parcouru le monde, est de retour à Melbourne où elle a vécu durant son enfance, période qui l’a profondément traumatisée puisque c’est en ces temps-là que sa sœur a été assassinée par un psychopathe (3).
L’action se déroule donc dans les années 20, et c’est peut-être cet aspect qui attire l’œil du spectateur télé-phage série-vore.
Les années vingt et la « naissance » du féminisme ; les années vingt et les balbutiements du « planning familial ; les années vingt et l’expansion du communisme ; les années vingt et les tonalités du jazz.
Entre deux chauffeurs à tendance communistes, une dame de compagnie au catholicisme paralysant, un commissaire de police grincheux et son adjoint gauche et protestant, une doctoresse lesbienne (4) et des cadavres comme s’il en pleuvait, Miss Fishers nous invite à des balades aux relents historiques et au fumet étrangement sexy qui ne peut que charmer le voyeur inattentif (5).
Malheureusement, au terme d’une mi-saison, le charme se dissipe et la lassitude s’immisce dans le cerveau du regardeur. Les intrigues manquent cruellement d’originalité, les personnages sont des archétypes mille fois croisés dans les fêtes de patronage. Les arcs narratifs s’étiolent et embourbent dans des images à la propreté irréprochable. Toutes les promesses esquissées lors des premiers épisodes se sont évaporées comme des illusions perdues. Et comble de tout, les polissonneries qui accompagnent la vie intime de Miss Fichers (6) semblent maintenant dignes des préceptes moraux les plus rétrogrades.
Seul demeure le générique, toujours aussi entrainant, toujours aussi parfait et donc toujours aussi trompeur !
1- Il s'agit de l'adaptation d'une série de romans policiers de Kerry Greenwood
2- On retrouve ici le détective dilettante qui a fait les heures de gloire du polar classique
3- La saison se refermera sur un affrontement entre ce tueur et Miss Fisher, ce qui donnera lieu à deux épisodes quelque peu originaux.
« Machinations
4- « Machination » épisode 10 saison 1.
5- Les costumes hauts en couleur et à inclination friponne ne parviennent que difficilement à masquer le manque de perversité des meurtres et des meurtriers. « Meurtre à Montparnasse » constitue la parfaite illustration de cette faiblesse rédhibitoire
6- Que rien ne choque et couche à tout va…
L A
Le jeudi 2 Janvier 2014 |
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